Rencontre avec Jean-Marc Sauvagnargues et Julien du groupe A Banda pour la sortie de « Saudade » !
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est née cette idée d’album ?
Jean-Marc : J’aime la Bossa Nova depuis plus de 30 ans et cette idée d’album était dans ma tête depuis au moins 10 ans mais je m’interdisais un peu de faire ce disque car étant le batteur des Fatals Picards, j’avais peur de perturber tout le monde et puis, je me suis dit à un moment donné que je n’allais perturber que les personnes qui me connaissent dans le cadre du groupe. Je voulais faire ce disque et quand j’ai une idée en tête, ça tourne en boucle chez moi, c’est une horreur et je me suis dit que j’allais réaliser cette envie. Pendant longtemps, j’ai cherché comment faire ce disque que je me suis interdit de réaliser avec des musiciens connus avec qui nous n’aurions fait qu’empiler comme sur la plupart des albums. Je ne tombais que sur des groupes de Jazz qui joue de la Bossa de façon Jazz et un jour, je suis tombé sur une vidéo de Julien et son groupe A Banda et je me suis dit que c’était eux, c’était une évidence, il fallait qu’ils me disent oui. J’ai appelé Julien en essayant de lui présenter vaguement mon projet, il a proposé de déjeuner ensemble et il m’a dit ok.
Pouvez-vous présenter A Banda à nos lecteurs ?
Julien : A Banda est un groupe que j’ai monté et il tourne depuis 5 ans. Il y a eu plusieurs petites formations mais actuellement nous sommes cinq. Je suis accompagné d’une chanteuse, un batteur, un bassiste et un percussionniste. Ils sont tous multi-instrumentistes car c’était important pour moi d’avoir à mes côtés des musiciens polyvalents. La chanteuse joue du ukulélé et du violon, le percussionniste fait de la clarinette et le bassiste joue de la flute. La plupart d’entre nous vient du Jazz mais avec des trajectoires diverses. Pour ma part, je fais de la musique Sud-Américaine depuis tout petit car mon père faisait partie du groupe Les Borrachitos qui est devenu après les Bratsch. J’ai baigné là-dedans très tôt et même si j’ai fait du Jazz, j’ai toujours gardé un œil vers l’Amérique du Sud et vers la musique traditionnelle de manière assez puriste. Comme Jean-Marc, je suis assez monomaniaque et je me suis donc dégagé le plus possible du Jazz quand j’ai voulu travailler sérieusement cette musique-là car la Bossa Nova est bien plus compliquée que de la Samba additionnée à du Jazz contrairement à ce que pensent certains critiques de musique. Avec A Banda, j’ai rencontré des musiciens qui avaient la même envie que moi d’aller à la source de cette musique et de jouer des vieilles sambas des années 30 et 40 et du Choro. Nous avons travaillé ensemble un esprit chanson. Quand Jean-Marc m’a contacté, j’ai trouvé qu’il y avait une cohérence quand j’ai écouté son disque de chanson française car des chansonniers Français comme Moustaki et d’autres se sont intéressés à la musique Brésilienne et ont proposé des textes en français.
D’où vous vient votre passion pour la Bossa Nova ?
JM : Mon papa était saxophoniste professionnel et ma maman était pianiste. Je suis né en 1967 et j’ai toujours entendu chez moi l’album « Getz/Gilberto » qui était sorti en 1963. Mon père jouait vraiment le son de Stan Getz et j’ai connu la Bossa Nova par le biais de cet album légendaire qui m’a bercé durant des années. Par la suite, je suis allé écouter plein d’autres choses dont tous ces chanteurs Français qui se sont intéressés à la Bossa Nova mais je ne suis pas un spécialiste comme Julien même si je connais les chansons ultra populaires.
J : Je ne vais pas être très original car mes premiers souvenirs liés à la Bossa Nova viennent de ce fameux album de Stan Getz mais également d’un live de Vinicius de Moraes, Toquinho et Maria Bethânia. C’était très différent car le jeu de la guitare Toquinho était plus nerveux et sec. Maria Bethânia, quant à elle, est une chanteuse très puissante et qui à l’opposé de ce que l’on a l’habitude d’associer à la Bossa Nova que l’on imagine toujours très intimiste, très dans la retenue et dans le murmure mais c’est une erreur car il y a de tout dans cette musique. Par exemple, Elis Regina qui est une icône peut envoyer des sons terribles. Ces deux versants de la Bossa Nova m’ont tout de suite plu. Par ailleurs, quand Vinicius de Moraes est mort en 1980, ma mère avait enregistré sur Antenne 2 un concert enregistré en studio sans public avec plusieurs artistes légendaires et j’ai étudié le jeu de Toquinho grâce à cette VHS qui a beaucoup compté pour moi.
Comment avez-vous sélectionné les titres déjà connus qui composent « Saudade » ?
JM : J’ai dans mon téléphone une liste de chansons qui tournent en boucle et ça a été très difficile d’en éliminer. J’ai voulu que l’on respecte cette tradition mais également accrocher les gens avec des tubes. Je suis parti d’une grosse liste que nous avons épurée au fur et à mesure et à la fin, il n’est resté que huit chansons auxquelles nous avons ajouté trois compositions. Même s’il y a de petites digressions comme « Paroles, Paroles » et « Tuyo », nous avons repris des standards de la Bossa Nova.
J : « Tuyo » que l’on retrouve dans la série Narcos est un boléro très marqué Cubain au niveau de l’instrumentation. Jean-Marc m’a demandé d’en faire quelque chose qui sonne plus Brésilien et c’est pour cela que j’ai adouci et enrichi les harmonies. Je me suis basé sur des boléros comme on retrouve chez Toquinho ou Jobim.
Certains d’entre eux ont déjà souvent été repris, comment avez-vous voulu vous réapproprier ces classiques ?
J : Mon point de vue par rapport à cela est assez simple car je pense qu’il ne faut jamais jeter un sort à une belle chanson et qu’il faut être le plus sincère possible dans l’interprétation sans être obsédé par l’originalité. Cet album se veut être un hommage à cette musique et mon rapport à la musique traditionnelle est très fidèle. Un musicien Irlandais m’avait dit un jour que dans la musique traditionnelle, c’est au musicien de se mettre au service de la musique et pas le contraire. Je pense que si on en a, il faut mettre ses qualités au service de cette musique. Ce qui fait que l’on s’approprie une musique est notre son et pour cela, j’ai fait confiance à la sonorité du groupe, c’est ce qui a crée une unité et c’est ce qui a donné une couleur commune à l’album. Par ailleurs, dans ma manière de réécrire les arrangements, il y a forcément eu une réappropriation.
JM : Dans cet album, il n’y a eu aucune concession ni aucune forme de marketing.
Il y a trois compositions originales sur cet album, de quoi parlent-elles et ont-elles facilement trouvé leur place sur « Saudade » ?
JM : Oui, cela s’est fait très facilement. J’ai demandé à Julien si c’était possible qu’il m’offre des musiques pour des compositions originales et il se trouve que cela faisait partie de ses demandes car il souhaitait également qu’il y ait des compositions dans cet album. Nous sommes tombés facilement d’accord là-dessus. Julien m’a proposé quelques musiques qui étaient superbes mais je ne voulais pas qu’il y ait trop de compositions originales sur cet album afin d’attirer le public avec des morceaux déjà connus. « Saudade » qui donne son titre à l’album raconte ma vision de la Bossa Nova qui est une musique douce et mélancolique mais en même temps pleine d’espoir. Dans « Le Café Veloso », je me suis imaginé ce qui se passait dans la tête de Vinicius de Moraes et d'Antônio Carlos Jobim quand ils ont composé « The Girl From Ipanema ». Pour « Et Demain », j’ai collaboré avec Laurent Honel le guitariste des Fatal Picards et c’est la valse Choro bien triste de Julien qui m’a inspiré ce texte.
« Saudade » est très différent du répertoire des Fatals Picards, voyez-vous ce disque comme une « récréation » ?
JM : Non, pas du tout. Je vois ce disque comme un bébé que je veux porter au maximum. J’ai très envie de le défendre sur scène. En revanche, la musique est une récréation permanente pour moi. Je ferais un autre métier si je ne prenais pas autant de plaisir. Pour moi, jouer de la Bossa Nova, c’est comme l’écouter, c’est extrêmement jouissif et le plaisir est contagieux.
Un concert est prévu à L’Européen le 11 janvier mais avez-vous à l’esprit de faire voyager cet album hors de France ?
JM : Tout d’abord, j’aimerais le faire voyager en France en dehors de Paris. Bien évidement, c’est une musique qui peut s’exporter facilement et on pourrait imaginer des concerts en Belgique, en Suisse et au Québec.
J : Je crois qu’il y a une histoire à raconter entre la France et le Brésil et je pense qu’il y aurait du public là-bas.
Comment chacun d’entre vous me résumerait-il « Saudade » en un mot ?
JM : Bonbon.
J : Apéritif et d’ailleurs, c’est le seul mot que Jobim savait dire en français.
Aimeriez-vous vous retrouver à l’avenir pour une suite ?
JM : Comme nous allons essayer de faire une tournée, je rêve qu’il y ait un « Saudade 2 ». Il y a tellement encore de chansons à faire…
J : Comme je disais précédemment, apéritif, l’aventure continue.
Quels sont les prochains projets de chacun ?
J : J’ai toujours à cœur de faire tourner mon groupe et je vais surtout me concentrer là-dessus. J’ai toujours plusieurs projets en cours. Comme j’ai un pied dans le cinéma car j’ai suivi une formation quand j’étais plus jeune, je travaille actuellement sur un court-métrage qui parlera de musique. C’est en train de ce mettre en place. Outre cette écriture-réalisation, j’ai écrit un roman que j’aimerais sortir.
JM : En ce moment, mon projet est de faire vivre « Saudade » et de continuer Les Fatal Picards car nous sommes toujours en tournée et un nouvel album est à venir.
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Saudade by Jean Marc Sauvagnargues & A Banda
Preview, download or stream Saudade by Jean Marc Sauvagnargues & A Banda
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