Rencontre avec Zalfa à l’occasion de la sortie de son premier album « Fi Dam » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Aïe, le " qui suis-je " ? J’ai commencé à être moi-même quand j’ai arrêté de me poser la question. Ma mère m’appelait la tornade blanche et un ami m’a dit un jour " toi, tu as le feu sacré "… je sais pas ce que ça veut dire vraiment mais ça me plait.
Pourquoi ne t’es-tu pas lancée plus tôt dans la musique ?
J’ai commencé le piano enfant au conservatoire. J’ai repris des cours de chants pendant mes études de cinéma mais à cette époque, composer c’était comme traverser l’océan. Ce n'était pas mon langage. Je chantais des reprises des années 60 de Woodstock. Dix ans plus tard, j’ai rencontré Marc Codsi à Beyrouth et j’ai repris la musique grâce à lui. Peut-être pour le séduire aussi… Il a été un vrai moteur. Tout est allé très vite après avoir trouvé ma première guitare…
Quelles ont été tes envies sur « Fi Dam » ?
C’est compliqué de " parler " de musique. Pour moi c’est une vibration du corps… Ça dépasse toute forme d’intelligibilité. C’est l’art le plus éloigné de la représentation du monde. J’ai voulu chercher avec Marc un " son " qui m’appartienne, comme le trait du peintre. « Fi Dam » a beaucoup de textures qui se heurtent et qui se reflètent aussi. Des couches vaporeuses, aériennes des choses plus tangibles, plus physiques. J’aime la dualité. L’important c’est qu’une chanson n’impose pas une émotion univoque.
Cet album raconte-t-il une histoire ? Y-a-t-il un fil rouge sur « Fi Dam » ?
Il n’a pas de fil rouge. Les morceaux de « Fi Dam » sont comme des monades qui se font écho entre elles. Nous avons réfléchi à un agencement qui mettrait en valeur leur dynamique propre.
De quoi parles-tu sur ce disque ?
D’espaces et de territoires " autres " comme des endroits idéalisés où on peut se perdre aussi. Je parle d’amour évidemment et de tout ce qui peut entraver nos désirs et nos libertés aussi. C’est assez imagé. J’utilise aussi la sensualité de la langue arabe… parfois c’est la langue par sa sonorité qui me donne le mot et je le fais résonner avec un autre et s’impose l’idée, un peu comme ce jeu surréaliste crée par André Breton auquel on jouait quand on était gamin, le cadavre exquis… j’ai moins cette liberté en anglais.
Vas-tu conjointement défendre ce disque en France et au Liban ?
Je le défends en France déjà. Au Liban, j’espère bien… Beyrouth m’a rendu à cette partie de moi et puis c’est l’une de mes trois villes…avec Paris et Alep.
Même si cela reste la même personne, qu’est-ce qui différencie la chanteuse et la cinéaste ?
Quand je chante, je suis dans le jeu, animale, dans l’instant. Dans le cinéma, ça dépend de l’étape de fabrication du film mais j’ai l’impression d’avoir des antennes d’insecte et en même d'être assez cérébrale. De traquer des vérités... Il y a quelque chose de très puissant qui nous lie au monde… La cinéaste cherche à contrer la mort quand la chanteuse célèbre la vie. C’est peut-être à cet endroit qu’on se retrouve.
Qu’aimerais-tu que les gens retiennent de ton album ?
Qu’il transforme même une petite parcelle de leur monde… ça serait fort ça !
Si tu devais réaliser un film autour de « Fi Dam » à quoi ressemblerait-il ?
A un film de Chantal Akerman. A une obsession. Un ressassement ou a quelque chose qu’on voudrait oublier mais qu’on ne peut pas.
Quels sont tes prochains projets ?
Un EP. Un clip fait main avec une copine géniale. Un nouveau film…apprendre la batterie !