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Rencontre avec Pierre Nesta afin d’en apprendre plus sur son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec Pierre Nesta afin d’en apprendre plus sur son premier album !

Est-ce le terme voyageur qui te définit le mieux à l’heure actuelle ?

Oh oui ! Avant d’y revenir récemment, j’avais quitté la France pendant 5 mois ; j’ai passé 2 mois à l’Ile Maurice, 15 jours en Inde à Goa, 15 jours en Thaïlande à Ko Pha Ngan et 2 mois aux Philippines. J’ai rencontré des peuples magnifiques et je me suis vraiment perdu dans le monde. Je suis en mode voyageur à 100%.

Pourquoi as-tu choisi de partir découvrir le monde plutôt que de te faire une place sur le devant de la scène musicale dès la fin des années 2000 ?

Je n’étais vraiment pas prêt à l’époque que ce soit au niveau de la voix, de l’engagement, de la composition ou de l’écriture.Je dois dire que le monde est mon école car je n’ai pas vraiment de formation musicale, je n’ai pas été au conservatoire, j’ai hésité à faire une fac de musicologie à l’époque mais j’ai raté mon bac volontairement pour ne pas me retrouver piégé à la fac justement. J’ai toujours su qu’il fallait que je fasse ma route et que je trouve ce chemin magique car chaque jour est une surprise. Aujourd’hui, je sens que j’arrive à un moment où je suis mature. Par exemple, quand je sors de l’enregistrement d’une chanson, je me sens bien, à l’aise, tout est là, je n’ai pas besoin d’une deuxième prise. Il y a des artistes qui sont prêts à 20 ans, ça me fait halluciner car moi j’ai 38 ans et mon chemin a été plus long.

On dit que les voyages forment la jeunesse mais dans ton cas ont-ils formé l’artiste que tu es devenu ?

Complètement ! On dit que si tu voyages sans faire des rencontres, tu ne fais que te déplacer en fait. Samuel ; un Philippin ; est la dernière rencontre importante que j’ai pu faire. Il m’a dit que je me trompais en croyant pouvoir tout faire tout seul car on a tous besoin des autres. Il m’a mis un rappel et ce sont ces conseils que les gens me donnent qui m’améliorent et qui me rendent plus fort. Je prends des petits conseils, des sagesses, des façons de vivre, des sourires un peu partout dans le monde et je pense que cela fait de moi ; au-delà d’un artiste ; un homme meilleur.

©Laura Payet

©Laura Payet

Comment expliquerais-tu d’un point de vue « technique » que ton premier album ait mis autant de temps à voir le jour ?

A 17 ans, je m’étais fait une promesse, je m’étais dit que j’aurais fait un album à 18 ans mais c’est un peu comme lorsque l’on commence des travaux dans une maison, on pense que cela va prendre 6 mois et finalement, ça prend 15 ans. A 18 ans, je n’avais rien fait, à 23 ans, je partais à la Star Academy, à 24 ans, j’étais dans des studios magnifiques à Paris ; j’ai fait mes premières maquettes avec Yves Jaget qui a réalisé des albums pour Zazie mais je n’étais pas prêt. J’ai enregistré 3 albums qui ne sont jamais sortis. Ça a pris du temps pour que la production me plaise vraiment et que j’accepte de dire que cet album était fini. Je pensais que j’allais faire tous les instruments moi-même mais il manquait quelque chose. J’ai vraiment lâché prise et j’ai autorisé les musiciens à prendre les choses en main quand je suis arrivé en Jamaïque en 2016. Depuis 8 ans maintenant, je n’écoute que du Reggae-Roots des anciens car je trouve qu’il y a une vérité dans cette musique et j’ai voulu que mon album sonne ainsi. Les textes, les mélodies, le tempo, la rythmique sont de moi mais j’ai laissé faire les musiciens faire la cuisine.

Comment as-tu voulu ce disque ?

Mes précédents albums qui n’existent pas en fait étaient hyper noirs ; mes paroles pouvaient être très violentes ; je ressassais et recrachais dans mes chansons tout ce qui m’avait choqué et traumatisé dans mon enfance. Lors que j’ai découvert le yoga et la méditation, j’ai rencontré de la positivité et de l’amour en l’humanité et j’ai voulu le transmettre dans ce disque. Le Reggae était vraiment le médium idéal pour retranscrire cette confiance dans la vie. Cet album est positif et authentique.

Sur quels sujets as-tu voulu t’exprimer sur ce premier album ?

Je suis Français, notre devise est liberté, égalité, fraternité, j’ai entendu ça durant toute mon enfance mais je ne la vois pas. Ceux qui nous dirigent n’ont aucune conscience de ce qu’est la liberté car ils la bafouent. L’égalité, c’est la même chose que ce soit entre hommes et femmes ou entre humains de différentes couleurs ou de différentes religions. Nous sommes tous égaux et nous avons tous le droit d’être différents et d’ailleurs, la vie trouve sa capacité à se perpétuer dans la diversité. Il y a beaucoup de racisme et de misogynie en France et je voulais mettre le point là-dessus dans mes textes.Des petites phrases comme ce n’est pas la peau qui fait l’homme parlent à mes frères noirs, Arabes ou Chinois qui ont subi la discrimination en grandissant ici en France soi-disant pays des droits de l’homme. Je voulais que l’égalité soit exprimée dans cet album.

©Max Dubois

©Max Dubois

Quelle est ta liberté à toi au quotidien ?

J’ai une vie totalement éloignée du modèle officiel. J’ai 38 ans, je vis dans un camion, je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant, je n’ai pas vraiment de travail même si j’ai réussi à être intermittent cette année…Encore une fois, c’est un droit car on est libre d’être différent. La liberté de mouvement est très importante. Un jour, mon oncle m’a dit que nous avions la chance d’avoir le bon passeport. Pourquoi pouvons-nous aller en Afrique alors que les Africains n’ont pas le droit de venir ici ? Est-ce que c’est normal ? La liberté ne peut pas être réservée qu’à une seule partie de l’humanité ; elle doit être totale et tant que tout le monde ne sera pas libre, je ne le serais pas. Le fait de pouvoir vivre ma liberté quotidiennement, je ne le fais pas que pour moi, je le fais pour tous ceux qui n’ont pas cette liberté et j’aime aller à leur rencontre afin de leur amener un peu de l’extérieur. La liberté m’a toujours inspiré ; moi qui suis resté dans une prison de luxe durant dix semaines dans un château filmé 24/24. Je me souviens que Nikos m’avait dit d’attendre le vote du public quand j’ai voulu reprendre ma liberté mais d’instinct, je n’ai pas attendu et je l’ai repris. La liberté, on n’attend pas qu’on nous la donne, on la prend.

Comment s’est passée ton arrivée dans le milieu du Reggae ?

Cela s’est fait en trois temps. A l’âge de 8 ans, un cousin qui est un vrai rebelle m’a fait écouter du Bob Marley. Je n’avais jamais rien entendu de tel et ça m’a marqué. Le Reggae est entré en moi et ce son est resté à l’intérieur. Ensuite, j’ai vécu ma vie, j’ai écouté de la chanson française de qualité comme Brassens et Michel Jonasz grâce à mes parents ; à l’adolescence, j’ai écouté Rage Against The Machine, Nirvana et Pink Floyd…Je n’étais pas du tout dans le Reggae, j’adorais et je jouais de la musique Folk. Quand je suis venu vivre à Paris et que je me retrouvais dans les bouchons, je me suis rendu que le Reggae était la seule musique qui me donnait le sourire mais je n’en faisais toujours pas. En 2011, je pars pour un tour du monde. Du Venezuela, je me retrouve à Curaçao. La traversée a été difficile et je me suis dit que je n’étais peut-être pas fait pour la navigation mais comme je n’étais pas loin de la Jamaïque, j’y suis allé. Je me suis trouvé au cœur de la vibration Reggae et je me suis rendu compte que c’est une hygiène de vie et une joie quotidienne qui fait danser. Même pour quelqu’un qui ne sait pas trop le faire, bouger son corps, ça fait du bien. Le message d’unité et d’amour a fini de me convaincre. Je suis resté 5 ans dans les Caraïbes en passant d’île en île et en revenant toujours en Jamaïque. J’ai rencontré beaucoup de rastas et de musiciens qui font du Reggae et ils ont été des professeurs pour moi.

« Voyageur » a-t-il voyagé avant d’arriver en France ?

Pour beaucoup, ces titres ont été composés à l’étranger. « Daylight » ; par exemple ; a été composé et joué en Dominique. Avant de les jouer en France, j’ai pu tester mes chansons en Jamaïque. Pour la petite anecdote, on m’a demandé quel était mon style alors que je jouais mes chansons à la guitare et quand j’ai répondu que c’était du French Reggae, un rasta m’a dit qu’on pouvait appeler ça du Freggae. Quand j’ai fini l’enregistrement de mon album, je suis rentré en France car je savais que c’était ici que je voulais jouer mes chansons.

©Greg Bronard

©Greg Bronard

As-tu déjà écrit la suite ?

Il s’est passé beaucoup de choses depuis ces 3 ans où je tourne tout seul et où je chante les chansons de cet album. A force de me promener, j’ai rencontré des musiciens de Grenoble et effectivement, le prochain album est déjà en production avec Chillaz. Ce sont des bosseurs qui savent prendre le temps de vivre. Nous sommes cinq, nous prendrons la route cet été afin de commencer à nous produire ensemble. L’album devrait sortir début 2020.

Si ton album véhiculait un message dans son intégralité, quel serait-il ?

Aimons-nous les uns les autres.

Quel serait ton prochain rêve ?

Fonder une famille car c’est beau de continuer cette histoire humaine. Ça n’a jamais été mon rêve auparavant, j’ai toujours évité mais depuis cet hiver et les quelques révélations que j’ai pu avoir à travers mes voyages et mes rencontres, je me suis rendu compte de mes erreurs passées et de ce qui m’empêchait d’avancer. J’ai compris beaucoup de choses et je sens qu’une nouvelle étape approche.

©Damien Hyerlé

©Damien Hyerlé

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