Rencontre avec Jeanne Plante à quelques heures de son concert à L’Européen !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je vais me présenter ni comme une comédienne, ni comme une chanteuse, ni comme une clown, ni comme une danseuse car je suis tout cela à la fois. Je vais me présenter comme quelqu’un qui défend sa liberté de s’exprimer et d’exprimer sa joie surtout. J’ai envie de te dire que peu importe la forme et même tant mieux si on passe de l’une à l’autre car cela me sort un peu des codes prévus par chaque genre musical. Je vais donc me présenter comme une voix de la liberté et comme un cri de joie pour résister aux malheurs du monde, à la barbarie et à tous ces trucs atroces car il faut rester libre et heureux. J’exprime un maximum de différences avec fantaisie et un peu de provocation pour réveiller le public tout en démêlant des choses très contradictoires. J’évolue entre un rire un peu potache et une hypersensibilité car on peut rire de tout, tout en étant hyper sensible.
Comment a commencé ton aventure musicale ?
Elle a commencé quand j’étais enfant car j’ai fait un an de conservatoire quand j’avais 4/5 ans. Ensuite, j’ai arrêté car j’étais un peu fainéante mais j’ai repris et j’ai fait deux ans de piano avec une amie de la famille. Je n’ai pas beaucoup travaillé la musique mais suffisamment pour avoir les bases dans la tête. Par la suite, je suis tombée amoureuse de musiciens ; un violoniste quand j’avais 17 ans puis un percussionniste quand j’avais 22 ans. J’ai toujours un peu traîné dans ce milieu-là et j’ai acheté un accordéon quand j’avais 18 ans parce que j’étais fascinée par un accordéoniste. Je composais déjà mais sans ambition et je m’en suis rappelée par la suite. Ma vraie aventure musicale à commencé avec une histoire d’amour ; j’ai écrit ma première chanson pour cet homme-là ; la vie a continué et je me suis dit que je n’allais pas écrire que pour lui. J’ai vu passer une vieille dame dans la rue, elle m’a émue et j’ai écrit une chanson pour elle car au début, j’écrivais pour les gens. Mon premier album était un peu autobiographique, assez sensible avec un peu de fantaisie mais de manière assez retenue.
En musique, incarnes-tu un personnage ?
Mon expérience de la scène m’a poussée de plus en plus vers quelque chose d’assez radical au niveau théâtral avec des personnages. Je suis sortie de la chanteuse qui vient telle qu’elle est pour chanter ses chansons et j’ai mis toutes sortes de fards pour mettre une distance entre ce que je chante et l’interprète afin que l’on soit dans le théâtre et non dans la chanson. C’est une comédienne qui chante. Le paradoxe du théâtre peut me permettre de jouer Scapin dans un Molière, je vais mettre un costume, jouer mon rôle et à la fin, les gens se diront que c’est moi. Ce qui m’intéresse, c'est de créer une forme forte qui distancie pour ensuite mettre un maximum de moi-même ; beaucoup plus que s’il n’y avait pas de filtre. On voit que c’est faux et pourtant on y croit et c’est ça la magie du théâtre.
Quel genre de plante est Jeanne ?
C’est une grande plante curieuse ; elle peut être carnivore à 10h, romantique à 11h, piquante à 13h, complètement flapie à 14h, très déployée à 15h et un poison à 16h.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Fantasque car je n’arrive plus à m’exprimer sans fantaisie. Je m’ennuie très vite quand c’est sérieux. Mon univers est sensible ; il y a quelque chose de très extérieur et de très intérieur à la fois. Dans mes chansons, je ris beaucoup de moi et des autres mais aussi de la prétention des êtres humains qui prétendent être au dessus des animaux alors que nous en sommes.
Dirais-tu que ta musique serait destinée à un public de doux dingues ?
Ah oui, ça me va tout à fait ! Ça peut aussi marcher avec des gens coincés et j’aime beaucoup ça. Il y a de la provocation mais c’est doux, ça n’agresse pas le public, ça le fait rire et c’est dû au filtre de la forme. Ma musique reste accessible à tout le monde et elle demeure populaire ; en tout cas, je l’espère.
Comment présenterais-tu « Jeanne Plante Est Chafouin » ton dernier album ?
Je dirais que c’est un album qui dit à la fois des bêtises et des choses très profondes l’air de rien.
De quoi parlent tes nouvelles chansons ?
Elles parlent beaucoup d’amour. Nous sommes dans la chanson sentimentale mais humoristique et avec des situations très différentes. C’est comme si chaque chanson était un point de vue sur une situation précise. La palette est large !
Peux-tu expliciter le terme chafouin ?
Pour moi, c’est quelqu’un d’un peu tristounet. Souvent, on l’est dans sa vie mais si on prend un peu de recul, quand on a de quoi manger, un toit, des amis, que l’on peut se marrer, lire, aller au cinéma et faire la fête, on se demande pourquoi on est si malheureux. Il y a des gens qui vivent la guerre, l’exil, qui se noient dans la Méditerranée…on déconne totalement en se disant pas heureux et je trouve cela presque obscène. Je pense qu’il faut faire des efforts pour au moins sourire.
Comment expliquerais-tu l’écart entre « La Veuve Araignée » sorti en 2012 et ce nouvel album ?
Entre temps, j’ai publié deux singles et sorti un album pour enfants en 2016 baptisé « Farces Et Attrapes ». C’est un conte de fée qui a l’air classique mais qui ne l’est pas. C’est une fois encore l’air de rien. On pense que cela va être comme Blanche-Neige mais la sorcière va s’empoisonner avec son poison, la princesse va se barrer avec le lutin crasseux, le prince que l’on croit charmant est un gros con radin et exhibo. La sorcière qui s’empoisonne se révèle être sentimentale et touchante. Il y a plein de paradoxes dans ces personnages. « Farces Et Attrapes » est un disque collaboratif sur lequel apparaissent à mes côtés, François Morel, Chloé Lacan, Olivier Py, Nicolas Jules et Sanseverino. J’adore ce conte qui marche aussi pour les grands. Nous étions six sur ce disque mais sur scène, nous jouons ce conte à deux comédiens.
Quel mot me donnerais-tu pour résumer ton nouveau disque ?
Plutôt qu’un mot, je vais reprendre le slogan de mon copain rappeur Syrano qui termine toujours ses messages en disant la lutte dans la joie !
Que peux-tu nous révéler sur ton concert de demain à L’Européen ?
C’est Jérôme Martin alias Monsieur K. qui fera ma première partie et Alexis Hk viendra me rejoindre en qualité de guest.
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Jeanne Plante - Je jouis (2018)
EN CONCERT LE 20 MARS A L'EUROPEEN ! Réservations au 01 42 64 49 40 ou sur le site de l' Européen : http://www.leuropeen.paris/ Clip de la chanson JE JOUIS Dessins : Jeanne Plante et Julien...