Rencontre avec Dominique Dalcan afin de présenter « Temperance #2 » !
Pouvez-vous nous dire pourquoi votre nouveau projet musical n’est-il ni sorti sous le nom de Dominique Dalcan ni sous celui de Snooze ?
C’est une bonne question et je comprends que l’on puisse se la poser. Pour moi, ce projet-là concentre les deux carrières. Il y a une idée de synthétiser ce qui a été fait avant. Je me suis toujours dit que ce qui est sorti sous le nom de Dalcan est référencé autour de la Pop française alors que Snooze représente mon côté électronique. Cela faisait longtemps que je n’avais pas sorti de disque sous le nom de Snooze et je pensais que cela pourrait être compliqué en termes d’occurrence pour raccrocher les wagons. Si on tape Snooze sur Google maintenant, on tombe sur tout un tas de choses qui sont très éloignées finalement de mon projet. Cette idée de Temperance synthétisait beaucoup de choses par rapport à ce que je voulais dire. Le titre de l’album est finalement devenu le nom du projet même si mon nom y figure mais je voulais mettre en premier lieu cette idée de tempérance et de sa signification aujourd’hui. Le fait qu’il y ait deux volumes, c’est un peu une manière d’enfoncer le clou.
Le fait d’avoir baptisé votre projet Temperance est-ce un indice pour présenter ce que l’auditeur va écouter ?
Je ne dirais pas cela mais j’inviterais plutôt l’auditeur à trouver lui-même la définition de ce qu’est la tempérance aujourd’hui. Mon idée était de réactualiser un terme qui est assez obscure finalement. De manière sociétale, la tempérance n’est plus du tout d’actualité. Je trouvais qu’il y avait un vrai challenge de ramener une sorte d’humanité en utilisant la musique.
Quand vous avez composé « Temperance », saviez-vous déjà qu’un « Temperance #2 » verrait le jour l’année suivante ?
Oui, je le savais. « Temperance #2 » n’est pas une suite mais un vrai prolongement du premier disque. Je ne souhaitais pas livrer un disque trop long tout de suite car il y a beaucoup de contenu et c’est bien de laisser le temps aux gens de digérer cela (rires). Et j’aime les disques courts, c’est souvent les plus forts !
Le premier extrait de ce second volume s’intitule « Done Enough For Your Man » ; est-ce une chanson féministe ?
Ce n’est pas une chanson féministe mais c’est une chanson pour les femmes. Je fais des propositions avec mes disques mais encore une fois, l’auditeur en dispose. Dans cette chanson, il y a une forte idée identitaire sur le fait que justement on peut se poser la question ; et cela va au-delà du genre ; de comment on est fidèle à ses rêves. C’est une grande question que je trouve assez fondamentale en tant qu’artiste aussi. Je me suis demandé ce que l’on pouvait mettre là-dedans en termes de concessions et si je reviens un peu plus sur la chanson en elle-même, on attend des choses des gens et parfois, elles n’arrivent pas. C’est donc du pur fantasme. On peut attendre très longtemps et on se crée parfois des cages dorées qui sont très douloureuses. Et finalement, on est tous dans ce cas-là.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le clip l’illustrant ?
Je trouvais ça intéressant de présenter une femme qui est au milieu de son parcours. On voit très peu de femmes de 50 ans à l’écran. L’univers de la musique en général est assez frappé par le jeunisme et je trouve cela regrettable. Au cinéma, entre 50 et 60 ans, il y a comme un gouffre et ensuite, il y a un renouveau pour des acteurs qui se retrouvent à faire des rôles plus puissants à la fin de leur carrière. Chaque époque amène son lot d’ostracisme et cette chanson parle aussi de cela.
Comment est née votre collaboration avec Valérie Kaprisky ?
Je trouvais intéressant de travailler avec Valérie Kaprisky qui a été une icône dans les années 80. Valérie était assez puissante dans ce qu’elle représentait. Cette chanson a résonné en elle et c’est pour cela qu’elle a accepté cette collaboration. Valérie refait peau neuve aujourd’hui mais elle a arrêté de travailler pendant longtemps car le phantasme sexuel que l’on projetait d’elle n’était pas ce qu’elle était vraiment.
Les thèmes de « Temperance #2 » sont-ils dans la continuité du précédent volume ?
Oui, les thèmes sont dans la continuité car il y a toujours cette prise de conscience par rapport à l’homme dans la nature et la perception de l’espace visuel et du silence dans les chansons ; et comment cela peut nous influencer. Les questionnements du premier volume étaient basés autour du land art et la différence sur le volume deux serait que l’on s’attache plus à des personnages. C’est le principe de l’entonnoir. Sur le second volume, on se dirige vers une galerie de personnages même si cela reste assez diffus afin que chacun puisse trouver sa place dans les chansons.
Pensez-vous déjà à « Temperance #3 » ou votre prochain disque sortira-t-il sous le nom de Dominique Dalcan ?
Pour l’instant, ce n’est pas trop dans les tuyaux et pour être honnête, je n’en sais franchement rien. Je vais me concentrer sur la parution de ce disque que je sors en indépendant sur mon propre label. Pour le moment, rien n’est commencé, il faut savoir se laisser porter, c’est très important. Je suis inspiré par l’Autre, par les gens, par le monde qui m’entoure, je fais feu de tout bois et je dois dire que je suis une éponge à ce niveau-là.
Comment compareriez-vous vos trois différents projets musicaux ?
Dalcan est plus référencé par rapport aux textes français bien que j’aie fait quelques morceaux en anglais. Je dirais qu’il y a donc plus de proximité et que c’est local (rires). Sur Snooze, au contraire, il y avait quelque chose de très international. Ce projet m’a permis de travailler avec des nouvelles scènes musicales mais aussi d’avoir une nouvelle audience. Cette époque était très belle, il y avait une ouverture musicale et une certaine candeur dans l’industrie phonographique. Snooze était une bouffée d’oxygène. Grâce à Snooze, j’ai eu des chroniques de l’autre côté du channel dans les journaux que je lisais quand j’étais gamin. Pour Temperance, le titre et l’adjectif parlent d’eux-mêmes. Pour moi, c’est un questionnement sur soi-même et sur ma position en tant qu’être humain et en tant qu’artiste dans la société. J’apparente Temperance à l’espace, c’est une autre forme d’oxygène. C’est une mise en espace de la musique.
Comment présentez-vous visuellement Temperance sur scène ?
Il y a certains morceaux qui ont été influencés par des vidéos que j’ai faites. L’aspect visuel et la séduction rétinienne sont importants dans ce projet. Sur scène, en fonction des endroits et afin d’offrir une sorte d’immersion au public, j’essaie d’accompagner les morceaux par des projections.
La chanteuse Björk a-t-elle fait partie de vos inspirations pour Temperance ?
Par pour Temperance mais quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup Björk surtout sur ses premiers disques. Après, je l’ai perdue un peu car je n’ai pas tout compris à ce qu’elle a fait musicalement et visuellement. Je crois qu’elle a un fort rapport avec la nature et c’est certainement pour cela que tu me poses cette question. Il y a des similitudes et des thèmes qui sont communs mais elle est dure à suivre.
Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait dans votre carrière mais que vous aimeriez réaliser ?
Il y a des choses qui me tentent mais il faut trouver le contexte, l’occasion et les rencontres et cela rejoint ce que je disais sur mes inspirations. Il n’y a rien de précis pour le moment. Les idées sont en maturation.
Serait-il possible que Temperance remixe des chansons de Dominique Dalcan ?
C’est drôle et je n’y ai jamais vraiment pensé mais je ne suis pas sûr que ce soit une super idée. Dès mon premier album de chansons « Entre l’étoile & le carré », il y avait déjà pas mal d’électronique même de manière assez étonnante. J’utilisais des boucles de Hip Hop et du sampling et c’était très novateur pour l’époque. Ce process existait donc déjà et il n’a pas cessé d’être. La différence aujourd’hui serait ; encore une fois ; une question de mise en espace. L’électronique qui peut sembler très contemporaine dans mon travail aujourd’hui était mise au second plan dans mes chansons par le passé, et finalement, c’était très bien comme cela.
![TEMPERANCE - by Dominique Dalcan - Done Enough For Your Man (Official video)](https://image.over-blog.com/d-3l8ore3TeTqnna28B3iGTDcKU=/170x170/smart/filters:no_upscale()/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FCGcRzjnrh8I%2Fhqdefault.jpg)
TEMPERANCE - by Dominique Dalcan - Done Enough For Your Man (Official video)
Starring: Valerie Kaprisky Directed & Edited: Dominique Dalcan Shooting: Jules Pagot Grading: Mikros Thx: Karine D'hont, Toby Ridgway & Kaname Onoyama Avec le soutien de l'Adami et de la Sppf ...