Rencontre avec Gatica afin d’en apprendre plus sur son premier EP !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs et notamment nous parler de tes différentes casquettes, je vois que tu as aussi fait des arrangements et réalisé ton EP ?
Je suis née au Chili de parents chiliens et je suis arrivée en France très tôt. Je suis auteur, compositeur, interprète. Arrangeuse et co-réalisatrice avec François Gueurce pour mon EP, oui . Je travaille beaucoup avec ma voix, j’ai fait un peu de doublage et je fais des chœurs sur plusieurs albums pour d'autres artistes. Je m’accompagne depuis peu sur scène à la guitare et j’ai étudié l’orgue électronique au conservatoire. Je suis également coach vocal et je donne des cours de chant, et anime des ateliers dans le cadre d'«actions culturelles».
Tu as étudié le théâtre et le cinéma ; la musique n’était donc pas ton premier amour ?
Pour moi, ce n’est pas une question de premier amour car cela convoque les mêmes désirs. C'est la forme qui diffère. J’ai vraiment commencé le théâtre et le chant très tôt dès l’école primaire. C’est vrai qu’au départ, j’ai suivi une formation de comédienne mais la musique fait partie de ma vie depuis très longtemps. J’ai commencé assez tôt par me passionner pour la musique en général et pour le chant mais j’ai choisi de faire des études universitaires dans le cinéma car j’avais envie de raconter des histoires et de les filmer. Dans mon parcours, j’ai rapidement fait des rencontres qui ont permis à la musique de prendre le dessus très vite. J’ai un beau réseau de musiciens et musiciennes autour de moi. J'ai l'échange facile et j’aime les rencontres alors.... cela fait partie des bonheurs du métiers. Les belles rencontres.
J’ai eu plein de projets très différents; cela a été du groupe de salsa féminin au groupe de Jazz, de pop jazz (Some like it odd) de Soul, de « Nu Soul »…J’ai surtout eu un groupe de chansons, le 26 PINEL, avec lequel j’ai fait deux albums et des tournées durant onze ans. Il y a eu également la rencontre avec le Quartet Buccal qui est un groupe a cappella féminin engagé et tellement drôle.. une vraie histoire d'amour là encore.
Toi qui a évolué au sein de différents groupes et accompagné d’autres artistes ; pourquoi ne te lances-tu en solo que maintenant ?
Tout simplement car il y a eu plein d’opportunités et de beaux projets qui se sont développés autour de moi mais aussi car je ne me sentais pas forcément prête. Un projet solo, ce n’est pas rien. J’étais très dubitative quant à mon écriture et je suis très exigeante avec moi-même. Dans mon groupe 26 Pinel, notre guitariste Nicolas écrivait très bien nos chansons et cela mettait la barre haut. J’ai eu un vrai complexe d’écriture pendant longtemps et je dois avouer que les morceaux figurant sur mon EP sont nés il y a déjà quelques années. Mais il y a eu beaucoup de feuilles gribouillées dans ma corbeille pour en arriver là. Je ne me sentais pas légitime.
Comment considères-tu ton premier EP éponyme ?
C’était une nécessité de faire ce disque pour avancer. Tout comme c’était important pour moi d’en faire une sortie physique, j’avais besoin que cet objet et ces chansons existent pour marquer une étape. J'ai cherché un label, et puis plutôt que d'attendre indéfiniment des réponses, je me suis dit que j'allais plutôt remonter mes manches et plonger mes mains dans la farine pour le faire moi même. Ce qui n'aurait pas été possible sans la bienveillance de François Gueurce ( prises de son, co-réalisation, mix) , qui s'est lancé dans cette aventure avant même de savoir si je pourrais le payer un jour. Nous ne nous connaissions pas avant pourtant, cela a été une vraie rencontre artistique et humaine. Je me suis aussi rendu compte, alors que j'avais l'impression de tout faire toute seule, que beaucoup de personnes se sont mobilisées autour de moi sur ce disque et j'ai trouvé l'aventure très belle. Des musiciens de grand talent qui plus est : Fixi, Guillaume Farley, François Puyalto, M'âme, Lola Malique qui m'accompagnent sur scène mais aussi dans d'autres domaines, par exemple Remi Mazet avec qui nous avons tourné un clip ( à venir bientôt).
L'auto-production me faisait très peur, car j'ai du mal à sortir des aspects artistiques. J'ai cette fameuse phobie administrative que chérissent tant nos ministres mais j'ai appris à faire plein de choses et j'ai pu surtout me sentir libre de faire mes propres choix. L'indépendance artistique a un prix, c'est certain, c'est stressant et fatiguant, mais quelle satisfaction quand on a accompli cela !
C'est pourquoi arriver en finale du PRIX GEORGES MOUSTAKI qui récompense le disque autoproduit/indépendant de l'année 2018 est pour moi une inestimable joie et un grand honneur !
Cet EP annonce-t-il un album ?
Je l’espère, un album ou un autre EP ! Défendre un disque, cela ne laisse pas beaucoup de temps pour écrire et je ne me suis donc pas relancée dans l’écriture assez activement encore mais j’ai des idées qui dorment. Et je compte bien les réveiller ! Je voudrais proposer du neuf, avancer et donc les chansons de cet EP ne figureraient pas dans l'album.
Qu’as-tu voulu exprimer dans les cinq chansons composant ce premier EP ?
Chaque chanson a sa propre histoire et une vie à elle. Ce sont mes premières chansons, elles témoignent donc un peu d'une époque aussi. Ces chansons parlent beaucoup d’amour, elles s'ancrent vraiment dans l'humain. Parce qu'elles sont nées d'histoires entendues, d'émotions partagées, elles ne parlent pas que de moi, loin de là. J'y mets ma patte, mais mon inspiration principale tient vraiment des personnes autour de moi. Celles que je connais ou celles que j'observe. Je n’aime pas trop expliquer mes textes afin que les gens puissent faire leurs propres histoires, j’aime laisser ouvert à l’interprétation et quelquefois, cela va très loin.. ! Cela m'amuse beaucoup. Je parle de l’absence, de la solitude, de mes ancêtres…Il y a une berceuse de maman mais en espagnol, alors ceux qui ne le comprennent pas peuvent aussi s'inventer une autre histoire et c'est ce qui m'intéresse. La résonance entre moi et « les autres ».
Pourquoi un interlude enregistré dans les rues de Valparaiso ?
Je dois dire que j’ai toujours aimé les interludes, les voyages sonores. A l'époque du 26 Pinel, j'enregistrais avec mon minidisc beaucoup d'ambiances, la télévision par exemple, ou des bruits de cour d'école, des enfants...
Sur cet EP, j'ai enregistré les oiseaux que l'on entend, mes pas, les voix d'enfant aussi. J'avais plein de choses que l'on a enlevé au final parce que trop anecdotique.
J’ai fait une série d’enregistrements lors de mon dernier voyage au Chili il y a 14 ans. En faisant du rangement chez moi, j'ai retrouvé les mini disc et lorsque j’ai réécouté cet enregistrement, toutes les images me sont revenues d'un coup. J’y étais, j’ai voyagé tout de suite, comme téléportée dans un océan de réminiscence. Il y a de cela dans mon disque et dans ce que je veux proposer au public sur scène, j’ai envie de les emmener ailleurs. Nous en avons tous besoin à un moment donné. Un ailleurs. Nous avons exploré des effets avec le charango en studio et nous avons trouvé que cela fonctionnait bien.
Comment définirais-tu ton style et ton univers musical ?
L'incontournable question ! Celle que l’on essaie tous d'éviter comme tu le sais (rires). J’ai beaucoup de mal à me définir et je dois dire que j’ai du mal avec le terme « chanson » car je vois mal ce que ce terme est censé englober. Pour moi, Leonard Cohen écrivait des chansons, Violeta Parra écrivait des chansons, les Beatles écrivaient des chansons, la plupart des artistes écrivent des chansons. Quant au terme chanson française, je trouve cela trop clivant. Et pour le coup, j'écris aussi en espagnol. Les frontières sont floues... et je n'aime pas trop les frontières en général. J’étais assez fière d’avoir été invitée à l’émission Musiques du Monde à RFI car j’aime ce terme de musique du monde et j’aime à dire que je fais de la chanson du monde. Globalement, mon univers est chaud et doux. Je l'espère aussi populaire. Dans le bon sens du terme.
Quels sont les artistes dont tu te sens proche vocalement et/ou musicalement ?
Je vais tout de suite te citer Lhasa qui est une artiste qui m’a marqué et que je me suis permise de reprendre sur scène depuis seulement quelques mois, car elle restait encore intouchable jusque là à mes yeux. Au delà du côté latin, il y avait dans sa démarche artistique quelque chose d'une fragilité et d'une force à la fois qui me parle beaucoup.
J’ai récemment été très impressionnée par Catherine Ringer que j’ai revue sur scène. Pour moi, c’est une claque, c’est une leçon d’aller la voir et c’est la patronne des chanteuses françaises. Elle a une aura incroyable et une maitrise impressionnante de ce qu’elle fait. On devrait toutes s’inspirer d’elle en France, chacune à notre façon. Nina Simone et Billie Holiday sont des grandes dames qui m’ont influencé, Aretha Franklin, Janis Joplin. Ces femmes là sont de vrais personnages aussi. C'est leur voix qui me touche mais aussi leur univers qui m'inspire. Je te citerais également Sting dont j’adore la voix, les mélodies et l’interprétation. Bon, mais la liste est vraiment vraiment très longue.... a t-on vraiment trois heures devant nous ? (rires)
Quel mot ou adjectif me donnerais-tu pour résumer ton EP ?
Sincère !
Du live est-il prévu dans les prochains mois ?
Je l’espère ! J’ai donc été sélectionnée pour la finale du prix George Moustaki, qui a lieu le 1er Mars à l’Amphithéâtre du Centre Malesherbes de l'université Paris-Sorbonne. Je suis programmée au festival Buena Onda en Auvergne le 18 mai. Je serai présente au concert de soutien à La Passerelle.2 ( lieu à soutenir et à découvrir) le jeudi 1er février à l’O'gib (Montreuil). Je serai en concert en co-plateau avec Nour ( mais en solo) le 13 Avril au Café de Paris, et le 14 Avril à l'initiative de Chloé Lacan au Pan Piper pour une soirée de soutien à l'association Femmes de la Terre qui a pour but de venir en aide aux femmes étrangères et aux femmes françaises ayant de la famille étrangère, confrontées à des problèmes administratifs ou juridiques liés au droit au séjour, à l'asile et à la nationalité. J'y serai en très bonne compagnie, aux côtés de Chloé Lacan et ses musiciens, Zaza Fournier, Sarah Olivier, Djazia Satour,.. et d'autres surprises.
GATICA - EP par Gatica sur Apple Music
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