Rencontre avec Antoine Zebra afin de présenter « Plus Rien Ne M’Arrête » et ses projets à venir !
Tu as une carrière vraiment riche et variée ; peux-tu dresser pour nous la liste de tes différentes casquettes ?
C’est vrai qu’à force d’empiler les casquettes, je commence à avoir une extension de crâne (rires). Je me définis, à la base, comme un musicien : je suis auteur, compositeur et interprète, guitariste, bassiste et batteur, je joue de plein d’instruments mais ce sont les trois principaux. Je suis aussi DJ, animateur radio, réalisateur et producteur, autant en radio que pour mes albums et mon label Zebramix. Et maintenant, je suis aussi comédien. Au-delà de ces fonctions-là, en tant que gérant de ma société, je sais faire moi-même la promo, l'administration, le tourneur car j’ai aussi ma licence d’entrepreneur du spectacle. Pour mon spectacle « Plus Rien Ne M’Arrête », que j'aurai joué toute l'année au théâtre, j’ai tout fait de A à Z, de l’écriture à la mise en scène, jusqu’à la diffusion. Je peux exercer une bonne quinzaine de métiers à moi tout seul mais ils ont tous un rapport avec la musique.
Comment nous présenterais-tu « Plus Rien Ne M’Arrête » ?
Le titre est un manifeste ; quand j’ai commencé à écrire ce spectacle, je voulais l’appeler « Comment Réussir Dans La Musique Quand On A Ni Pognon Ni Piston Mais Des Idées » mais finalement j’ai trouvé ça trop long. Mon ami Prem a repensé au titre d’une chanson que j’avais écrite en 2012 pour l'album « Zebra & Bagad Karaez ». Je l'ai incluse en point d'orgue, autour de chansons que j'avais déjà sorties, mais que j'ai adaptées en fonction du récit. Dans « Plus Rien Ne M’Arrête », je raconte ma vie de musicien, avec des anecdotes souvent marrantes sur mes succès et mes galères, car je me suis souvent fait virer, je ne rentre jamais dans le format. Et dans mon spectacle, il y a quatre formats, c’est ça qui le rend insituable : il y a du stand up et du théâtre d’auteur, car c’est très écrit, comme chez Nicolas Bedos ou Gaspard Proust, mes références du genre. Et il y a aussi de la chanson Française et du concert de Rock. C'est donc un Seul en scène Rock’n’roll, c’est ainsi que je le définis. Je ne pense pas qu'il existe un tel spectacle ailleurs.
Pourquoi as-tu choisi le théâtre pour t’exprimer ?
Le fait de choisir le théâtre et non une scène de concert a été voulu, car il y a une trame narrative qui demande de l'attention. Le public musical est en général distrait quand il va à un concert, les gens parlent, ils regardent leur téléphone, ils vont se chercher une bière alors que là, j'avais besoin que le public soit assis et qu’il m’écoute. Il y a toute une partie qui exige un silence total, sinon cela ne fonctionne pas, et il n’y a qu’au théâtre que je pouvais jouer comme ça.
D’où est venue cette idée ?
Ça n’est pas venu tout de suite. Il y a un an, je venais de sortir mon album « Plaisirs et Dissidence », plus littéraire et pas vraiment simple à jouer en concert, c'était difficile de trouver des concerts. J’ai eu l’idée, parallèlement, de proposer des conférences sur l’autoproduction à certaines salles, dans l’idée du TedX. J’en ai parlé à Bruno Gaston, qui était alors directeur d'Europe 1, et c’est lui qui m’a conseillé de faire une conférence-concert entrecoupée de chansons. Ça devenait du théâtre. Mais moi qui sors très peu au théâtre, et qui n’ai pas ce réseau, j’en ai parlé à une copine comédienne et c’est elle qui m’a dit d’aller voir L’Essaïon. C’est le premier théâtre que j’ai contacté, et Marie-Jo, la programmatrice, m’a dit oui tout de suite, à ma grande surprise, car ils ne prennent pas de néophytes. Je n’avais aucune expérience de comédien, mais cela fait 25 ans que je fais de la scène, donc elle a dû se dire que je ne serais pas pétrifié.
Etait-ce un défi ?
Oui. Je suis un aventurier, et « Plus Rien Ne M’Arrête » illustre le fait que quand on a une volonté inébranlable, on peut aller au bout des choses. Mais à vrai dire, c’est une succession d'aventures qui m’a mené au théâtre, puis au Festival d’Avignon. Au final, c’est un énorme défi, sans filet. Une idée folle, complètement rock n' roll.
Que raconte ton dernier album « Plaisirs Et Dissidence » ? Peut-on dire que c’est une fresque erotico-rock ?
C’est tout à fait ça, c’est bien défini. C’est un album littéraire, étant donné qu’il y a une nouvelle à l’intérieur du CD. La nouvelle a été écrite après l’enregistrement des chansons, pour les compléter. Je voulais laisser parler mon côté sombre, pour une fois. En général, je suis un amuseur, on me connait comme ça depuis des années, mais musicalement, j’écoute beaucoup de chansons calmes, romantiques, et ma voix grave correspond mieux à cette ambiance et à ce jeu là. Je voulais qu'on m'entende comme ça. J’ai assemblé des chansons que j'avais écrites après l'album « Mambopunk », en 2015, et c’est devenu un récit intitulé « Plaisirs Et Dissidence », l’histoire d’un homme qui va au bout de sa passion sexuelle jusqu'à en perdre la tête. C'est une métaphore sur ma relation avec la Musique, en quelque sorte. C'est très intime, il y a même une chanson pornographique, « Comme Un Mec » qui, à mon gout, est la plus belle chanson de l’album. Elle est volontairement explicite, car je trouve que ce style d'écriture est devenu rare dans la chanson Française. Je la chante dans mon spectacle, et elle est assez troublante, ça en devient amusant. Cet album n’est pas disponible en magasins, et il n’a pas été envoyé aux médias, il a été fait pour les gens qui ont envie de l’avoir, en vente directe, et c'est mieux comme ça.
Gainsbourg a -t-il été une inspiration pour la création de cet album ?
Oui, évidemment et cela se sent. J'ai été clairement inspiré par l’album « Vu De L’Extérieur », sorti en 1973, une réussite autant dans le style musical que dans l’écriture, le jeu et la façon de poser sa voix. Sur cet album, Gainsbourg est entre le chant et le parler, c’est une période de transition. Je l'ai beaucoup écouté, mais je n’ai pas voulu le copier. Gainsbourg m’a autant influencé que Richard Hawley, Mac DeMarco ou Johnny Cash. Aucune des chansons de « Plaisirs Et Dissidence » n’est produite pareil, c’est un assemblage de tout ce que j’aime en musique romantique.
Tu dis dans ton disque que le plus important n’est pas qui tu es mais qui tu deviens. Ton personnage de Zebra t’a-t-il toujours permis de garder une part de mystère ?
Tu veux parler de ma peau de zèbre ? Effectivement, je m’en sers. Les artistes ont besoin d’un exutoire, et souvent d'un pseudo pour y mettre leur égo démesuré ou leurs fantasmes inavoués. Pour ma part, quand je mets ma peau de zèbre, c’est un défouloir et je me sens un peu comme un super-héros. Comme je le dis dans mon spectacle : vous croyez vraiment que Clark Kent a besoin de mettre son moule-burnes et sa cape de Superman pour sauver l’humanité ? Non, il pourrait voler en costard-cravate, mais s’il les met, c’est pour être crédible : les méchants le respectent, les femmes le désirent. Moi, c’est pareil (rires) !
Comment est née ta passion pour les bootlegs ?
De mon envie de tout mélanger. J'ai toujours été comme ça, jusqu'au paradoxe. Je fais et j’explore plein de choses car j’ai l’ambition de faire ce que je ne sais pas encore faire. Quand j’ai commencé à réaliser des bootlegs, je voulais mixer toutes les chansons que j’aimais, en découvrir de nouvelles et les utiliser dans un grand détournement. Le bootleg, c'est un truc de sale gosse, qui vient de la piraterie, illégal et subversif. Certains appellent ça du mashup, qui est le terme technique, mais c'est moins bandant. Le mot Bootleg vient de la prohibition d'alcool aux USA. Chez les DJs, les premiers bootlegs venus d’Angleterre n'avaient pas d’étiquette, on ne savait pas qui avait fait quoi, et tant mieux. Il fallait chercher, et développer sa culture musicale. Moi-même, ces bootlegs m’ont permis de m’ouvrir musicalement, je cherchais de la matière nue, instrumentale ou acapella, et j'ai aimé des voix comme celle de Diam’s, dont je n’aimais pas franchement la musique. J’ai été jusqu'au bout du truc jusqu’à épuisement, et c’est pour ça que j’en suis sorti il y a quelques années, pour écrire des chansons originales. Mais je vais y revenir car j’ai de nouvelles idées.
Peux-tu nous présenter Bootleggers United, et nous dire quels sont vos projets ?
Pour tout t'avouer, j’aurais préféré continuer à jouer au théâtre, mais malheureusement pour moi, je n'en faisais pas mon métier. Je savais bien que la marque DJ Zebra faisait encore rêver beaucoup de gens, mais je ne voulais pas revenir comme avant, car je n’aime pas les revivals, c'est un truc de fainéant. Mais j'avais envie de faire le con à nouveau, ça, je sais très bien le faire. Alors j'ai pensé à mon pote DJ Prosper, qui est bien meilleur DJ que moi, techniquement parlant, mais j’ai des idées plus folles. BU est une battle, on jouera face à face : Prosper fait danser les gens, et moi je les empêche de danser. On va foutre un sacré bordel (rires). Ce sera un vrai show, hyper ludique et funky. On nous verra dans les festivals en 2018, dès le printemps et tout l'été.
On assimile DJ à discothèque et à Electro alors que c’est bien plus large que ça…Quelle est ta vision du DJing ?
Pour moi, un bon DJ est un DJ qui regarde sa piste. On peut être bon techniquement, mais se faire griller par un mec qui met les bons disques au bon moment. La nuance, c'est de savoir embarquer les gens, et pas de jouer ce que les gens veulent entendre. Le DJ doit avoir une identité, savoir la transmettre au public, et tempérer son jeu. Je vais te donner l’exemple du foot car j’en suis un grand amateur ; lors d’un match, un joueur ne court pas à fond dès le début, il gére son énergie, pour pouvoir mettre le paquet quand il y a un temps fort. Un bon DJ, c’est pareil : il observe, il sent la salle, il adapte le tempo, il installe son style, et dès que c'est chaud , il balance ses cartouches !
Plus rien ne m'arrête - Essaïon Théâtre
Antoine Zebra déballe tout ! Sa vie de musicien aventureux et ses accidents heureux, à coup d'anecdotes caustiques et de guitare électrique. Antoine Zebra a tout essayé : musicien, DJ, animateu...
http://www.essaion-theatre.com/spectacle/690_plus-rien-ne-marrete.html
Antoine Zebra au théâtre // TEASER 2017
PLUS RIEN NE M'ARRÊTE, un spectacle écrit et interprété par Antoine Zebra, seul en scène et rock n' roll. Prochaines représentations 2017 : 19 et 20 Octobre : RENNES, Le Sablier du 5 Nov au 1...