Partez à la rencontre de la chanteuse Nour à l’occasion de la sortie récente de son nouvel album !
Pourquoi une si longue absence dans les bacs ?
Pour plusieurs raisons, à vrai dire. Mes deux premiers albums sortis en Suisse d’où je suis originaire ont plutôt bien marché là-bas mais je suis venue à Paris afin de vivre durant un à la Cité des Arts et comme je m’y suis plu, je suis restée. J’ai pensé que cela serait simple de continuer ma carrière à Paris mais cela a été beaucoup plus dur que ce que j’imaginais. J’ai toujours gardé la musique mais j’ai fait beaucoup d’autres choses entre temps. J’ai fait des études d’art thérapie mais plus dans les arts plastiques, j’ai fait un enfant, j’ai trouvé mon éditeur avec qui j’ai fait de la musique à l’image et petit à petit, je me suis dit que ce serait bien que l’on sorte un nouvel album quand même ! Bon an mal an, cela a pris du temps mais surement que ce temps était nécessaire pour que la maturation se mette en place.
Doit-on voir une suite par rapport à tes deux derniers albums « Au-Delà de l’Arc-En-Ciel » et « Après L’Orage » ?
Quand on regarde la pochette de mon album précédent, on me voit entrer dans une forêt dans un pic et le dos de l’album m’illustre en sortant de cette forêt avec la lumière dans un carreau. Quelque part, il y a une suite. Ces dernières années ont été cette forêt, il y a eu plein d’épreuves et de choses très intéressantes qui se sont passées et qui m’ont permis de maturer beaucoup de choses sur le plan musical, sur le plan des textes, sur ce que j’avais envie d’exprimer et la manière dont j’avais envie de le faire. Je pense qu’il y a une suite logique d’après la forêt, d’après les épreuves et les difficultés sur « Après L’Orage ».
Comment vois-tu ce troisième album ? Quelle couleur lui donnerais-tu ?
Cet album est vraiment la lumière après l’orage. Il peut être solaire car il y a de nouveau du soleil qui revient. Il est le fruit d’une longue maturation et d’une longue malaxation. Il y a eu beaucoup de réflexion et d’introspection sur cet album. Sortir ce disque est pour moi une délivrance et je te dirais que sa couleur est le bleu canard.
Comment avoir utiliser des objets du quotidien sur ton disque ?
Je te dirais que c’est un album qui a été fait avec beaucoup de solitude dont notamment une solitude de mère qui devait s’occuper de son enfant. Tous les objets du quotidien étaient …Mon quotidien, justement ! Et c’est pour cela qu’ils sont arrivés sur l’album. Il y avait une telle redondance qui était « obligatoire » pour moi à cette période de ma vie qu’il a fallu que je puisse être créative avec ce qui était là. Le créatif est la base de tout pour moi. Si je ne crée pas, je meurs. Il fallait que je puisse utiliser les objets du quotidien pour pouvoir en faire quelque chose. Ces objets m’ont parlé, ils ont aiguisé mon oreille, ils m’ont donné des inspirations et des envies. J’ai fait toutes les maquettes à la maison toute seule, j’ai enregistré des sons, je les ai triturés, j’en ai cherché sur Internet, j’ai étiré et découpé des sons. Le sens du jeu est essentiel dans la création.
Peux-tu nous parler plus en détail de la chanson « Vol Au Vent » ?
J’avais ce sens du jeu dont je viens de te parler également avec ma fille. J’ai composé « Vol Au Vent » en jouant avec elle. Cette chanson m’est venue comme ça et comme j’ai vu que ma fille réagissait, j’ai continué et je me suis dit que ce serait bien que j’en laisse une trace en faisant quelque chose avec cette chanson. J’en ai fait une maquette mais je ne voulais pas la mettre sur l’album car je la trouvais vraiment intime et tellement crue sur un certain point de vue. J’ai un côté très grande gueule mais je peux avoir une très grande pudeur également. Dans l’idée que d’autres personnes écoutent cette chanson, j’étais un peu gênée de dire je t’aime de manière si directe à mon enfant. Après l’avoir écoutée, c’est mon réalisateur qui m’a limite « obligée » à la mettre dans l’album. Je ne le regrette pas du tout aujourd’hui, et je dirais même que j’ai réussi à transcender, par la scène, la pudeur que me mettait l’écriture de ce titre.
De quoi as-tu voulu parler sur ce disque ?
J’ai voulu parler de plein de choses et tout d’abord de la difficulté d’être artiste aujourd’hui et à quel point c’est dur de trouver sa place. C’est un vrai sujet pour moi car je l’ai vécu quotidiennement. On se sent appelé à faire quelque chose mais la vie ne répond pas forcément sur le moment. On peut pousser un milliard de portes mais rien ne se passe, et on ne sait pas pourquoi. C’est un long chemin, c’est un doute permanent et cette solitude de l’artiste avec lui-même est tellement présent qu’il a fallu que je dise des choses dessus. Dans cet album, il y a également le couple. Je te dirais que les moments de doute dans une vie d’artiste peuvent être tellement abyssaux qu’il faut avoir dans notre vie quelqu’un qui sache nous comprendre et être un vrai soutien, ça n’est malheureusement pas toujours le cas
« Si Légère » a annoncé cet album. Pourquoi ce titre en particulier ? Donne-t-il le ton d’« Après L’Orage » ?
« Si Légère » ne peut pas être représentatif de ce troisième album car il y a beaucoup de choses dans ce disque. Je me nourris de plein de choses et forcément, j’ai plein de références qui rentre et j’essaie d’en faire ma mixture personnelle. C’est très difficile de trouver un titre qui va représenter tout l’album. « Si Légère » est un titre qui est venu d’un coup et je dirais que c’est un de ces rares morceaux qui m’est tombé dessus concrètement. J’écoutais « Simply Beautiful » d’Al Green avec mon mec de l’époque et un de ses amis et j’ai été vraiment emballée par la sensibilité de ce titre. C’était tellement subtile, c’était comme du quatre étoiles pour un gourmet, je m’en suis nourri et je me suis levée, j’ai été sur mon piano, j’ai trouvé des accords, le texte est venu immédiatement et j’ai enregistré la chanson en deux heures. Cela arrive rarement, ça a été une vraie fulgurance.
Peut-on dire que « Si Légère » est la love song de Nour ?
(Rires) Oui, on peut dire cela car je n’en ai pas tant que ça finalement. C’est très dur de faire des chansons d’amour. Même s’il y a de plein de très beaux artistes dans la chanson Française qui ont écrit de magnifiques textes, je ne me retrouve pas dans les chansons d’amour que l’on entend la plus part du temps. Je les trouve un peu nian nian et lourdingues. J’aime avoir de la nourriture subtile et malheureusement les chansons d’amour actuelles manquent de cette subtilité.
Comment te vient ton inspiration ?
Je suis quelqu’un qui rêve énormément et je fais des siestes créatives durant lesquelles je pose des questions à mon inconscient. J’appelle ça « partir à la pêche » avec mon inconscient. Toutes les chansons de mon deuxième album avaient des parts musicales qui venaient des rêves. Je me réveillais la nuit et j’enregistrais tout ce qui me venait comme idées mais je ne pourrais plus le faire maintenant que je suis maman. Du coup j’essaie vraiment de garder des images de mes rêves pour écrire mes morceaux. Je pars d’une image qui monte de l’inconscient et j’essaie de tirer le fil.
« Après L’Orage » est un disque original dans tous les sens du terme et on imagine très bien qu’il pourrait se décliner en quelque chose de très visuel et de théâtral. Qu’en penses-tu ?
Il y a toujours eu quelque chose de théâtral chez moi mais quand on entend théâtral, on peut vite penser à quelque chose qui ne serait pas subtile alors que ce n’est pas cela. J’ai commencé à travailler avec quelqu’un qui me coache pour la scène pour m’amener vers des choses plus scéniques. Je pense qu’il y a une manière d’interpréter les morceaux si tu veux les faire vivre et pas juste être une chanteuse qui chante. Il faut véritablement gouter les mots jusqu’au bout et toujours recréer à chaque instant afin de ne pas tomber dans une habitude qui peut s’installer quand on fait beaucoup de scènes. Pour l’instant, je suis souvent seule sur scène avec mon piano et il n’y a donc pas énormément de jeu possible même si j’ai de longues discussions avec mon piano.
Quels sont tes prochains projets ?
Je réfléchis très sérieusement à l’idée de faire un livre audio pour enfants et cela vient m’habiter très souvent, et ce, même dans mes rêves. Je suis en train de penser au prochain album et beaucoup de morceaux sont déjà écrits. Je serais en concert les 06 et 20 décembre à La Manufacture Chanson et une tournée est en train de se mettre en place pour 2018.
Après l'orage par Nour sur Apple Music
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