Rencontre avec Nicolas Meyrieux un humoriste à découvrir de toute urgence !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Nicolas Meyrieux, je suis un tout nouveau trentenaire et je suis originaire de Grenoble. Je suis comédien, auteur et je te dirais humoriste conscient sur scène comme dans mes vidéos.
T’es-tu toujours vu évoluer sur scène ?
J’ai d’abord fait médecine, j’ai étudié dans une fac de sport pour devenir kiné. J’ai eu un déclic à l’âge de 22 ans, j’ai pris conscience qu’il fallait que je fasse ce que j’aimais dans la vie et non ce que mes parents aimaient.
Peux-tu nous raconter tes débuts ?
J’ai commencé en participant à des scènes ouvertes. Comme je le raconte dans mon spectacle, je me suis vraiment fait éclater la gueule à Paris et je me suis en plus fait licencier de mon travail alimentaire. Je suis parti du quartier de Belleville et durant deux ans, j’étais SDF, je peux dire que j’ai fait le tour de France des canapés de mes potes étudiants. J’ai eu la chance d’avoir des potes récurrents qui me laissaient les clés de chez eux. Pendant cette période, je mettais en ligne des vidéos sur Dailymotion avant que les podcats ne soient connus. J’ai raté le coche car l’année où j’ai arrêté, le phénomène Norman éclatait. Je suis remonté à Paris il y a cinq ans et j’ai refait de la scène. J’ai joué dans la cave d’un bar avec mon pote Réda Seddiki. On jouait au chapeau et c’était horrible car les gens n’en avaient rien à foutre de nous. C’est un Monsieur qui s’appelle Gérard Sibelle qui est entre autres l’homme qui a découvert Florence Foresti et qui était à l’époque le directeur artistique chez Juste Pour Rire qui m’a vu lors d’une scène ouverte. Il a conseillé à Dominic Le Bé qui organise le plus grand festival d’humour en France durant un mois en Eure-et-Loir de venir me voir et ce monsieur a proposé de m’acheter mon spectacle. Je n’avais pas de spectacle à l’époque et j’ai dû l’écrire. C’est donc grâce à ses deux personnes que je suis monté sur scène, ce sont eux qui m’ont mis le pied à l’étrier.
Ce spectacle est-il toujours en évolution ?
Oui, ce spectacle est en perpétuelle écriture. Le spectacle que tu as vu au Théâtre De La Contrescarpe est le même que celui qui date d’il y a cinq ans mais il n’y a plus peut-être qu’un seul sketch qui était présent au tout début. Je pense au sketch sur le racket et je pense qu’il est encore meilleur aujourd’hui qu’il y a cinq ans. Je fais partie de ces comédiens qui font tout le temps évoluer leur spectacle. Si tu reviens dans un an, il y a aura des choses déjà vues mais il y en aura aussi des nouvelles. Pour moi, il n’y a pas de temps pour écrire un spectacle. Pour te citer un exemple concret, je parlais déjà de Nice au lendemain de ce qui s’est passé. C’est très intéressant car cela donne un spectacle qui bouge.
Comment décrirais-tu ton seul en scène « Dans Quel Monde Vit-On ? » ?
J’aime bien le mot conscient. Je dirais que c’est un spectacle optimiste. J’ai des valeurs Bisounours mais j’ai conscience du monde dans lequel je vis. J’essaye d’apporter du recul sur tout cela, je sais que nous sommes dans la merde mais je préfère être au courant et en rire plutôt que d’être aveugle et vivre dans un bonheur factice que nous dicte la société. Ce n’est pas par la consommation que vient le bonheur. Personnellement, je préfère ouvrir les yeux, voir la merde, être heureux quand même et en rire.
Comment sont nés les sketchs composant ton spectacle ?
Tout d’abord, ce spectacle a pris du temps et il y a plusieurs axes. En arrivant à Paris, j’étais novice, je débutais et j’ai appris tout seul. J’écrivais des choses que je trouvais drôles et je les mettais bout à bout. J’ai développé une conscience artistique, c’est quelque chose qui a pris son temps comme lorsque l’on devient adulte. Il faut apprendre à se trouver et à se connaître. Une fois que cela a été fait, c’est là que la vraie écriture de sketch a commencé. A l’heure d’aujourd’hui, quand j’écris quelque chose, je me demande d’abord ce que je veux dire aux gens et comment les faire rire. Quasiment tout ce que je dis dans mon spectacle est vrai, je m’inspire de mon vécu et de ce qui m’énerve. C’est une soupape de décompression, il faut que j’en parle et que j’en rigole.
On parle de stand up intelligent et engagé ; ce qui est vrai. Est-ce selon toi ce qui fait la différence ?
Oui, fin de la question ! (Rires).
L’écologie est-ce vraiment un sujet qui te tient à cœur ? Es-tu écolo au quotidien ?
Je suis très écolo au quotidien. Je ne me déplace qu’en vélo, je suis végétarien, je trie tout et j’essaye de consommer le moins possible. J’essaye de limiter mon impact un minimum. Le problème est que les médias n’en parlent pas assez ou ils sont trop alarmistes. Je ferais le reproche de ne pas assez en parler au gouvernement, penser à couper les robinets et éteindre les lumières, ce n’est rien par rapport à l’enjeu qu’il y a derrière. Le reproche fait aux personnes qui font des documentaires serait qu’ils sont trop alarmistes pour le coup, ils te dégoûtent du truc et te font peur. Les gens apeurés ne regardent pas et préfèrent ne pas savoir. Pour ma part, je ne pense pas que l’on doit faire peur aux gens pour les faire réagir. Je pense que le rire est la meilleure arme que ce soit pour l’écologie ou pour n’importe quel message. Quand tu fais rire, c’est que tu as conscience du problème et quand tu as conscience du problème ; normalement, si tu es quelqu’un de pas trop con, tu agis.
Tu fais rire même avec des sujets graves comme le suicide. Peut-on rire de tout selon toi ?
C’est une question que l’on pose souvent aux humoristes. Desproges y a déjà répondu de la meilleure façon qu’il soit en disant que l’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. Le propre de l’humour est d’avoir du recul sur les choses. Quand les gens sont trop touchés par un sujet, ça ne les fait plus rire. Admettons que ma mère meurt demain d’un cancer du pancréas, c’est horrible mais si le lendemain, je vois un sketch sur le cancer du pancréas, ça ne me fera pas rire mais ce sketch sera peut-être excellent, il faut juste être prêt. Il y a beaucoup de gens qui ont été touchés de près ou de loin par le suicide. Je vois dans ma salle qu’il y a deux réactions. Certaines personnes ne me regardent plus voir sortent de la salle et à l’inverse ; et c’est pour cela que je fais ce métier ; d’autres viennent me remercier à la fin du spectacle en me disant qu’ils ont pu enfin rire de ce sujet une fois dans leur vie. Une fois, un père de famille m’a pris dans ses bras en pleurant en me disant merci car sa fille s’était suicidée et il n’en avait jamais ri. Quand tu as une réaction comme celle-là, tu es le plus heureux du monde car tu te dis que tu as servi à quelque chose.
Si tu devais résumer notre société actuelle en un mot, quel serait-il ?
Oxymore !
Quels sont les retours du public à la fin de ton spectacle ?
Globalement, les gens repartent heureux. On me dit souvent que le public ressort avec mon énergie. J’ai la sensation de leur avoir transmis mon optimisme. On a fait l’amour pendant 1h30 et on est tous heureux (rires).
Qu’est-ce que « La Barbe » ?
« La Barbe » est un peu ce qui résume ce que je fais aujourd’hui. Que veut dire la barbe ? C’est en avoir marre. C’est une vieille expression vintage. Je pars de ce principe dans chacune de mes vidéos. J’en ai marre de quelque chose et j’essaye d’y réfléchir et d’en rire. J’ai une approche quasi journalistique de l’humour pour « La Barbe ». Je lis beaucoup de presse, je me cultive sur le sujet durant deux jours pour vraiment comprendre le sujet et peut-être pouvoir apprendre des choses aux gens un peu déconcertés par la presse traditionnelle. Je pense que c’est plus sympa de regarder « La Barbe » pour suivre l’actualité en rigolant et en apprenant des choses plutôt que de regarder Jean-Pierre Pernaut et ses galettes des rois dans la Creuse. Au début, c’était un format web que j’ai créé et l’année dernière France 4 m’a produit le concept dans « L’Autre JT » qui était l’une des rares bonnes émissions de journalisme du PAF. J’étais dans cette émission une semaine sur deux en plus de ma chaîne Youtube. A la rentrée, cela va continuer sur France TV Info une nouvelle chaîne et en revanche, je ferais une « Barbe » par semaine.
Tes proches t’ont-ils toujours soutenu dans cette voie artistique ?
Je dirais oui pour la moitié de ma famille et pour la moitié de mes amis. Quand tu viens de province comme moi ; pour la plupart des gens, c’est quelque chose d’impossible dans leurs têtes. Ils se disent tous que tu ne connais personne, qu’il n’y a pas d’école, qu’il n’y a pas de débouchés…Tout le monde essaye de te décourager. Je pense qu’il n’y a qu’à Paris où faire des métiers artistiques est quelque chose de normal. A Grenoble, il y a plus de profs de ski que de comédiens. Forcément, quand tu prends une voie différente, il y a peu de gens qui sont là pour te soutenir mais mes meilleurs amis étaient là depuis le début et ils sont toujours là et mes parents sont revenus. Les amis qui ne soutiennent pas, c’est de la jalousie mais les parents, c’est de l’amour, ils ont peur que tu n’y arrives pas et ils veulent le meilleur pour toi. Dès le moment où mes parents ont vu que je m’éclatais et que je gagnais ma vie avec la scène, ils se sont dit que c’était bon. Le fait d’être heureux, c’est le principal.
Quels sont tes prochains projets ?
France Tv Info sera inaugurée le 1er septembre et la première « Barbe » sera diffusée le 07 septembre. Faire une vidéo par semaine, cela laisse peu de temps. J’ai un projet au cinéma mais je ne peux pas encore en parler. Je jouerais mon spectacle « Dans Quel Monde Vit-On ? » une fois par mois à Paris et une fois par mois en tournée. J’ai un emploi du temps déjà bien chargé !
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Nicolas Meyrieux dans Dans quel monde vit-on ? - Théâtre de la Contrescarpe | BilletReduc.com
One man show Un stand up engagé, qui laisse sa place au rire et à l'improvisation. Théâtre de la Contrescarpe à Paris, vos places à partir de 9,00€/pers* au lieu de 19,00€ avec Nicolas Me...
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EXTRAIT - Nicolas Meyrieux - FIEALD
Extrait du spectacle "Dans quel monde vit on ?" au FIEALD - THEATRE DE TREVISE Cadrage: Keven Akyurek / Jean Benoît Gamichon Montage: Keven Akyurek