Sony Chan vous présente son spectacle « Différent (e) Comme Vous Et Moi » !

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Sony Chan, j’utilise mon nom Anglophone car mon nom Chinois est plus compliqué. Je viens d’une colonie Britannique et je suis venue en France afin de faire des études d’architecture à Strasbourg. Après avoir été diplômée et avoir fait plusieurs jobs dans l’architecture mais aussi dans la mode, ma passion d’enfance m’a rattrapée. J’ai commencé dans les coulisses, j’ai passé plein de castings, j’ai pris des cours de théâtre et finalement, une copine comédienne m’a demandé d’être son habilleuse pour son spectacle. L’un de ses amis producteurs m’a repéré et il a financé l’enregistrement d’un album qui n’a eu qu’un succès confidentiel malgré le bon accueil du single. Parallèlement à cela, on m’a appelé pour jouer des petits rôles dans des téléfilms et cela a confirmé ma passion. J’ai cherché à exister sur scène en commençant à écrire des sketchs drôles et cela m’a ouvert les portes de la radio et de la télévision progressivement.

Comment décrirais-tu ton seul en scène ?

Je dirais que c’est à la fois un spectacle drôle et glamour qui parle d’un point de vue différent d’un être différent avec une double culture et une double sensibilité mais au final, cette différence rassemble tout le monde.

Pourquoi l’avoir baptisé « Différent(e) Comme Vous Et Moi » ?

Malgré moi, je représente la différence, une différence identitaire mais aussi une différence culturelle et je pense qu’il ne fallait pas hésiter de mettre cela en avant et ressembler les gens avec cela car nous sommes tous plus ou moins à l’aise avec les normes de cette société. Je pense que même la personne qui a l’air la plus « normale » socialement peut avoir des moments de recherche d’identité, on n’est jamais 100% Ken ou Barbie. Je pense que c’est une question qui se pose à chacun et je voulais donner mon point de vue.

Ta devise serait-elle glamour toujours ?

Oui, glamour toujours car je trouve que ce qui nous sauve en toute situation est notre dignité. Je dois dire que je suis toujours impressionnée par les Japonais qui ont une éducation incroyable et qui restent dignes et glamour même lors de catastrophes naturelles. Je pense que c’est une ligne de conduite qui peut nous sauver.

Toi qui aimes la mode. On te proposerait de remplacer Cristina Cordula, quelle serait ta réponse ?

Je dirais non parce qu’elle a une telle place dans le milieu audiovisuel et elle a une vraie signature que l’on ne peut pas la remplacer. J’aimerais proposer autre chose, cela m’amuserait beaucoup de relooker quelqu’un mais également avec un coaching de l’intérieur pour assumer sa différence, se sentir bien dans sa peau, composer avec tout ce que l’on n’aime pas sur son corps… Je pense qu’avec mon expérience, je peux proposer ce genre de coaching.

Comment est né ton spectacle ?

En observant. J’ai vu qu’au café-théâtre, beaucoup d’humoristes faisaient des sketchs de cinq minutes et qu’il y avait vraiment un public régulier. J’ai tenté pour voir ce que cela pouvait donner avec un sketch de trois minutes et finalement, beaucoup de professionnels m’ont encouragé. De trois minutes, c’est passé à quinze, puis trente et finalement, j’ai développé une heure de spectacle. Parallèlement, je participais à des festivals d’humoristes et j’y ai gagné des prix, cela m’a forgé une identité artistique petit à petit. Les chroniques à la télé et à la radio ont permis la reformulation de pas mal de choses dans le spectacle qui est une matière vivante qui évolue selon l’actualité également.

Que mettrais-tu en avant dans « Différent(e) Comme Vous Et Moi » ?

Une drôlerie qui est singulière. Je ne fais pas de la vanne pour la vanne et j’ai un point de vue décalé. Je mettrais également en avant la différence, le ton et le personnage qui représente une ouverture d’esprit et peut-être finalement cela en fait un spectacle atypique.

Sous couvert de l’humour, tu fais passer de vrais messages. Quels sont les thèmes que tu abordes ?

Je pense que je suis aussi une immigrée et je voudrais que les Français voient un angle différent de l’immigration avec quelqu’un qui n’est pas dans la victimisation et qui n’est pas non plus dans l’accusation. Je suis dans la découverte d’un pays avec sa culture et ses paradoxes. Le glamour est quelque chose de très Parisienne et cette immigrée que je suis s’est tellement bien intégrée que c’est elle qui vous redonne une leçon de glamour.

Quels sont les retours que l’on te fait le plus souvent ?

On me dit souvent que c’est un spectacle intelligent, qu’il y a un message et que l’on y réfléchit. On me dit aussi que c’est bien écrit et cela me fait très plaisir car ce n’est pas écrit dans ma langue maternelle.

Il y a une grande part d’autodérision. Est-ce primordial de savoir rire de soi-même ?

Oui sinon je me pendrais (rires). Je pense que cela m’a énormément sauvé même pendant mon adolescence. Je regardais tout ce qui se passait dans le monde et je relativisais sur mes propres difficultés. J’ai toujours trouvé qu’être différent est toujours mieux qu’être malade ou avoir faim. Le recul sur soi est primordial pour moi pour ma propre survie et l’autodérision rend les choses beaucoup plus simples. Je me moque de tout le monde dans mon spectacle et ce serait injuste que je ne me mette pas dans le lot ! Oui, je me moque de moi.

Le sketch de la CAF, est-ce du vécu ?

Absolument ! (Rires). On galère beaucoup dans ce milieu.

Qu’est ce qui te fait rire dans la vie de tous les jours ?

Je suis quelqu’un de nostalgique, je repense beaucoup à mon enfance, à plein d’anecdotes, à des détails et ces flashs me font beaucoup rire mais c’est souvent un rire nostalgique.

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais faire le festival d’Avignon pour la première fois, cela va être très intense, il faut que je dorme ! (Rires). Je suis en discussion pour participer à d’autres émissions, suspense… J’ai enregistré une chanson pour le public Hongkongais qui me soutient énormément et je continue mes vidéos sur Youtube.