Jeanfi décolle au théâtre Bo Saint-Martin et ça se comprend ! Rencontre !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Jeanfi, j’ai 42 ans, je suis originaire du Nord de la France et je suis un jeune comédien, peut-être pas par l’âge mais dans la profession. J’ai fait des études de langues, je suis devenu steward et cela fait à peu près deux ans maintenant que grâce à un hasard circonstanciel je suis devenu humoriste. J’ai toujours aimé faire rire, que ce soit ma famille, mes amis ou dans mon métier. A force de m’entendre dire que je devrais convertir cela en spectacle et sur scène car ma vie est un vrai spectacle, j’ai fini par me laisser convaincre et j’ai écrit mes premiers sketchs. J’ai finalisé un spectacle totalement autobiographique et maintenant je peux raconter au plus grand nombre d’entre vous mes aventures. Ce sont toutes les anecdotes rencontrées dans les avions et dans ma vie en général qui ont fait ce côté comique aujourd’hui. Je pense que le propos plait car l’avion et surtout ses coulisses suscitent l’intérêt et le questionnement des gens car cela parle à tout le monde.
Comment passe-t-on de steward à humoriste ?
C’est l’avion qui m’a amené à la comédie et c’est la comédie qui me mènera encore à l’avion, l’un inspire l’autre et vice et versa. C’est une transition un peu bizarre mais qui s’est fait assez naturellement. En étant steward, il y a un contact permanent avec les gens dans l’avion. Etre steward est déjà un rôle de théâtre car il y a tout un jeu, on représente une compagnie, on porte un uniforme, ce sont des codes qui sont donner par la compagnie aérienne, il y a une façon de présenter les plats, de parler aux passagers…Quand je suis steward, je ne suis pas Jeanfi, je suis Air France. J’ai toujours eu l’humour facile et il m’a toujours aidé à faire passer des messages, il y a presque quelque chose de thérapeutique dans l’humour. Je trouve que l’on dit beaucoup plus de choses avec de l’humour que normalement et ce n’est pas si simple de faire rire, faire pleurer est plus facile. Je faisais naturellement rire les gens et j’ai toujours été plus ou moins un leader dans les équipages. On passe de steward à humoriste en se laissant convaincre de le faire. Je n’y croyais pas trop mais je me suis bien rendu compte en montant sur une petite scène Parisienne que mes sketchs prenaient et que ça n’intéressait pas seulement mes amis et mes collègues. J’ai commencé à écrire d’autres choses et j’ai participé à des concours d’humour où je suis arrivé finaliste notamment au Printemps Du Rire et à Montreux. De ce fait, les professionnels se sont intéressés à moi et voilà comme cela s’est fait. Je me suis un peu fait dépasser par tout cela, je n’aurais jamais cru qu’un hobby deviendrait un jour un métier.
Comment nous décrirais-tu ton seul en scène Jeanfi Décolle ?
Je te répondrais comme l’histoire rocambolesque de ma vie tout simplement ! C’est une thérapie pour moi. Je me rends compte que finalement plus j’ai vécu des choses dramatiques comme tout le monde, plus j’en ai développé un ressort comique. Je pense que j’intéresse plus les gens en les faisant rire qu’en me complaignant. Les problèmes que j’aborde dans ce spectacle parlent plus ou moins à tout le monde.
A quel point est-il vrai ?
Il est vrai à 100%, c’est l’histoire de ma vie et de ma famille. Ce spectacle met en lumière l’opposition du milieu d’où je viens et celui dans lequel je vis maintenant. Tout la base est vraie, c’est la formulation qui fait qu’il a un aspect comique. Ma famille, les avions, les hôtesses, la boite échangiste, la médecine esthétique, … tout ceci est vrai, ce sont des situations ou des mésaventures auxquelles je me suis frotté ou dans lesquelles j’ai été entraîné.
Quel a été le retour de ta famille dont tu parles beaucoup dans le spectacle ?
Ils sont fiers en fait même ma mère que je n’épargne pas du tout dans mon spectacle bien au contraire, nous avons beaucoup d’autodérision dans la famille et c’est important dans la vie. Mon père était septique mais quand il voit aujourd’hui le résultat et l’évolution, je pense qu’il en tire une certaine fierté. Ils me suivent, ils me soutiennent. Je pense que ce sont mes premiers fans.
Quel a été ton pire souvenir en tant que steward ?
Commercialement parlant, je n’en ai pas eu tellement même si comme dans chaque compagnie, j’ai dû gérer des conflits à cause de retards ou d’imprévus. Quand la poisse s’y met, elle s’y met jusqu’au bout, les problèmes s’enchaînent mais heureusement qu’il y a une solidarité d’équipage pour faire face à cela et on est formés pour ça. Je me suis déjà retrouvé pendant plus de 8 heures avec des passagers verts de rage dans un aéroport. En sécurité, j’ai eu deux frayeurs dans ma vie. J’ai vu des écrans de télé se décrocher, des passagers qui n’étaient pas attachés monter au plafond et retomber sur des accoudoirs et se faire des fractures… Ce sont mes pires souvenirs, c’est horrible car on a peur et on ne maîtrise pas. Les gens ne voient souvent que le côté commercial du steward mais nous sommes formés à faire face à des situations délicates. Je dirais que nous sommes des pompiers aériens, nous avons la même formation en secourisme que les pompiers et nous pouvons éteindre des feux et sauver des gens avec des gestes de secourisme élémentaires mais je dirais que l’avion reste mon ami.
Quelles sont selon toi les qualités à avoir pour être un bon steward et un bon humoriste ?
Pour être un bon steward, je pense que la flexibilité et l’adaptabilité sont deux qualités primordiales. On est au service du client alors il faut être en alerte sur la rigueur et les procédures et accepter la vie en équipage. Il faut être beaucoup à l’écoute, avoir le goût du voyage et de l’imprévu. La vie d’un steward n’est pas fixe, il faut donc être organisé.
Pour être un bon humoriste, je pense qu’il faut observer beaucoup les gens et écouter son public car je pense que c’est le public qui donne le tempo. Je dirais qu’il ne faut pas forcément être méchant dans l’humour, le mien est très caricatural par exemple. Il faut savoir être là après le spectacle. J’ai besoin d’aller à la rencontre de mon public, de voir les gens, d’échanger car je suis toujours étonné et émerveillé que des gens payent pour venir voir mon spectacle. J’aime savoir ce que les gens attendent et cela me permet d’apprendre beaucoup sur moi, ça me nourrit vraiment et je ne me verrais pas sortir de scène et rentrer chez moi sans transition, j’ai besoin de ce pallier de décompression.
Tu as participé à l’émission de Stéphane Plaza, quel souvenir en gardes-tu ?
C’est un très très bon souvenir, cela a été une belle aventure et ma motivation première était vraiment de trouver un appartement et je suis tombé sur quelqu’un de très gentil. Au moment de l’émission, je ne faisais pas de théâtre, ce n’était encore qu’un vague projet et Stéphane Plaza avait le même, cela nous a fait un point commun, comme une affinité qui nous a liés sur cette émission. On a gardé contact même si je n’ai pas eu cet appartement et j’ai écrit un sketch sur Stéphane Plaza. Je lui ai envoyé car je voulais qu’il soit d’accord avec mes propos, il est venu à mes premières, il a vérifié beaucoup de mes contrats, il m’a éclairé de ses expériences pour ne pas faire les mêmes erreurs, il a été très protecteur et il m’a toujours mis en avant. C’est quelqu’un de vraiment gentil et cette émission m’a apporté beaucoup sur le plan humain. C’est toujours appréciable d’avoir un parrain qui fait les choses sans intérêt aucun.
As-tu trouvé aujourd’hui l’appartement de tes rêves ?
Non toujours pas, je suis toujours locataire dans un très beau quartier et dans un appartement qui pourrait s’apparenter à l’appartement de mes rêves mais je pense que le quartier de Montorgueil me sera intouchable à moins que demain je ne perce. Nous n’en sommes pas là et je ne spécule pas là-dessus. Stéphane Plaza m’a toujours tendu la main pour refaire une émission avec une recherche plus ciblée et plus accessible mais ce n’est pas à l’ordre du jour car je n’ai pas de temps à y consacrer.
As-tu déjà des idées pour ton prochain spectacle ?
Oui bien sûr, j’ai besoin d’écrire même sur des choses qui ne seront pas forcément la trame de mon prochain spectacle. J’ai encore beaucoup de choses à dire même sur l’avion car je pense que ça intéressera encore les gens de savoir la suite, je sens qu’ils peuvent être frustrés et qu’ils en voudraient plus. J’ai abordé les hôtesses dans celui ci mais je pourrais par exemple parler des pilotes et puis il suffit que je monte dans le Nord et que je vois ma mère pour trouver des anecdotes sur la famille. Ma mère est un sketch à elle toute seule. Je pense qu’il y a matière à un second spectacle qui sera lui aussi autobiographique et puis j'y aborderais aussi mon immersion dans la vie d’artiste.
As-tu créé des vocations chez tes anciens collègues ?
Non je ne pense pas mais j’ai peut-être ouvert la voie. Mes collègues qui ont été mon premier soutient peuvent se dire que je suis l’exemple qui prouve que tout est possible. Les premiers qui ont rempli ma salle Parisienne, ce sont mes collègues d’Air France qui ont fait de moi une icône de représentativité de leur métier. Ils m’ont porté, soutenu et Air France représente beaucoup de monde à Paris, environ 50 000 personnes, le bouche à oreille a bien fonctionné grâce à eux et cela touche d’autres compagnies maintenant, les gens en parlent même dans les airs. Le ciel me connait très bien (rires). J’espère susciter des vocations mais en tout cas beaucoup saluent le fait que cela ait marché et le courage d’avoir tout mis entre parenthèses. C’était quand même un pari car devenir artiste à 40 ans, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus évident et encore au jour d’aujourd’hui, rien n’est acquis, il faut travailler tous les jours.
Quels sont tes prochains projets ?
J’ai des projets de programmes courts, des formats Tv, des projets de chroniques en radio et des projets de cinéma. Il y a pas mal de choses qui se mettent en place. Air France fait souvent appel à moi pour des films internes à la société et cela me flatte beaucoup car c’est une reconnaissance de ce que je fais en tant qu’artiste et non plus en tant que steward. J’ai un projet fou, celui d’être le premier humoriste à faire un spectacle dans un avion, je suis en train de voir avec Air France comment réaliser cela. Ça me ferait un coup de buzz énorme et à eux aussi. David Guetta a bien mixé dans un avion, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas dire trois histoires dans un avion !