Rencontre avec Dan Bolender qui vous en dit plus sur le Théâtre Bo Saint Martin !
Pouvez-vous nous présenter le Théâtre Bo Saint Martin ?
Le Théâtre Bo Saint Martin a maintenant trois ans et demi, nous l’avons crée avec Bonaf mon associé qui est réalisateur et comédien. Il a ouvert en mai 2012. Tout est parti du fait qu’à un moment donné quand je coproduisais Bonaf dans d’autres théâtres, nous faisions des soirées du genre aftershows et les gens trouvaient qu’il y avait une bonne ambiance, tout le monde disait que c’était sympa chez nous alors que nous n’étions pas chez nous et c’est pour cela que nous avons crée le Bo. Bo pour Bonaf et pour Bolender. Nous avons cherché un lieu pendant quelques mois, nous voulions vraiment créer quelque chose et non reprendre un théâtre. On est tombé sur une annonce d’un local à louer, c’était une ancienne libraire spécialisée dans les bandes-dessinées et dans les vidéos. Le lieu ne s’y prêtait pas forcément à la base mais c’était un super emplacement. Nous avons fait différents travaux notamment acoustiques, on a cassé pas mal et nous avons dû épuiser deux architectes avant d’avoir le bon car les gens nous traitaient de fous de vouloir créer un théâtre ici-même. J’y croyais et je m’étais vraiment projeté dès le départ. Cela a été une période très compliquée en termes de réflexions et puis il a fallu convaincre la copropriété de l’immeuble car ce n’était pas évident d’avoir un théâtre en bas d’un immeuble car les voisins avaient peur du bruit. Au bout d’un an de travaux, nous avons ouvert le lieu en mai 2012.
Comment tout s’est mis en place ?
On a commencé par contacter tous les humoristes que l’on connaissait, des humoristes nous ont contactés très vite dès qu’ils ont été au courant du projet, tout s’est lancé très rapidement. Nous avons une programmation axée sur l’humour, ce que je fais depuis des années et je ne sais faire que cela finalement. Tout s’est plutôt bien passé dès le départ, les gens nous ont fait confiance. La chance que nous avons eu peut-être au départ au Bo en termes de visibilité, c’est qu’à cette époque il y avait l’émission On Ne Demande Qu’A En Rire et le hasard fait que nous avons eu beaucoup d’humoristes qui faisaient cette émission et Laurent Ruquier citait souvent le Bo. Le hasard fait bien les choses. Nous avons commencé à être de plus en plus exigeants sur la programmation car c’est ce qui fait la réputation d’un lieu au final. Au Bo, vous retrouvez à l’affiche de l’humour, du spectacle enfants, du spectacle familial, c’est très éclectique comme programmation, on essaye d’avoir vraiment des choses inédites, nouvelles ou un peu originales. Une de nos forces a été la communication car nous avons beaucoup communiqué sur le Bo et nous sommes très présents sur les réseaux sociaux.
Le théâtre a-t-il toujours été une passion ?
J’ai toujours été passionné par le spectacle en général et cela dès mon plus jeune âge. J’avais trois passions, le spectacle, la radio et la télé. Enfant, je fabriquais des théâtres en Lego et ce qui est marrant, c’est que j’ai toujours aimé les grandes scènes qui bougent alors que ce n’est pas le cas ici, cela viendra peut-être…Le côté coulisses, le côté être derrière, c’est cela qui m’a toujours attiré. La première fois que l’on a emmené au cirque à 5 ans, j’ai fait un caprice car je voulais être dans les coulisses, je ne voulais pas rester dans la salle. J’ai toujours eu ce côté être derrière mais pas spectateur même si j’ai fait de la radio puis de la télé pendant quelques années. Le spectacle vivait était quelque chose qui me trottait dans la tête depuis un petit moment et je trouvais que j’avais le tour de la question en télévision. C’est en coproduisant Bonaf que j’ai appris le métier qui n’est pas loin de la production en Tv, je continue à apprendre tous les jours. Ce qui est bien avec le théâtre et c’est peut-être aussi l’une des nos forces, c’est que l’on se remet en question en permanence.
Que souhaitez-vous mettre en avant dans la programmation du théâtre ?
On aime tous les spectacles que nous avons choisi, certains marchent vraiment bien, nous n’avons pas vraiment de têtes d’affiches chez nous mais ce sont des artistes en devenir, je pense notamment à Marc-Antoine Le Bret qui est resté chez nous pendant deux ans et qui a percé maintenant et que l’on retrouve à la télévision, il y a plein d’exemples de personnes qui ont marché chez nous et qui après ont explosé ou pas. On essaye d’avoir une programmation qui dure en jouant sur la longévité. Dans les spectacles qui marchent vraiment bien chez nous, je pourrais vous citer Domino et c’est un vrai coup de cœur que nous avons eu pour ce couple mixte formé par une Antillaise et un Breton, ce sont des grosses vedettes aux Antilles, ils ont fait L’Olympia en février dernier mais ils nous sont fidèles. Domino fait vraiment partie de l’histoire du Bo. Un autre exemple serait Jeanfi qui joue depuis plus d’un an et demi, Jeanfi Décolle est le titre de son one mais c’est aussi une réalité car il décolle vraiment ici. Je suis persuadé que Jeanfi va cartonner à un moment donné, pour le moment il est en développement mais on croit beaucoup en lui car c’est un bosseur, c’est quelqu’un qui a un capital sympathie, il est très drôle. Il fait son spectacle et tout le monde l’attend à la sortie, c’est comme s’il y avait une after après. Il joue beaucoup en province et la télé s’intéresse à lui. C’est quelqu’un de charismatique qui attire la lumière. Il y a des spectacles pour enfants qui marchent bien notamment Le Pirate Et La Poupée, il s’est crée et a débuté ici, c’est un vrai succès, il nous arrive même pas de refuser du monde sur ce spectacle et une suite a été faite, elle s’intitule L’Ecole Des Petits Monstres. Emmy Fait Son One Kid Show est un nouveau spectacle pour enfants qui a fait deux fois complet sur les deux premières. Cela s’est fait malgré nous mais la programmation pour enfants est très importante chez nous maintenant car c’est un lieu où les gens aiment venir avec les enfants, c’est une petite salle avec une proximité et les gens apprécient ça. Nous sommes pas mal sollicités mais pour le moment, nous avons la chance d’avoir trois bons spectacles pour enfants. On a plein de nouveautés très intéressantes comme Prête Moi Ta Femme, Le Code De La Drague ou Guillaume Darnault.
Comment se fait le choix des pièces ?
Le choix se fait de différentes façons, soit on a eu le feeling sur quelque chose qu’on nous a proposé et on va y croire, nous allons régulièrement voir des choses et nous sommes de plus en plus sollicités pour jouer chez nous, cela nous fait plaisir forcément mais après, c’est à nous de travailler intelligemment sur la programmation, à savoir si le spectacle va être programmé un fois, deux fois, trois fois par semaine et c’est un vrai problème de se dire peut-être qu’une fois ce n’est pas assez et peut-être que trois fois c’est trop mais en général, on programme une fois et on attend de voir comment ça marche et après on programme un jour supplémentaire. Nous sommes dans une période théâtrale très compliquée depuis l’ouverture du Bo, ceci étant en rapport avec la crise, le fait que les gens ont moins d’argent, le divertissement n’est pas forcément une priorité. Il faut être patient, cela peut être plus ou moins long pour lancer un spectacle mais quoi qu’il arrive c’est le bouche à oreille qui fait le succès d’un spectacle.
Avez-vous noté un changement de fréquentation depuis les attentats de novembre dernier ?
Les attentats ont crée comme effet collatéral un vrai problème de remplissage, les gens ne sortaient plus et je le comprends. Nous avons fermé deux jours. Le hasard fait que c’était un week-end et qu’on était complet sur la plupart des spectacles. Il y a vraiment eu un avant et un après attentats. Cela a été très dur de remonter au niveau des réservations, les spectacles enfants en ont terriblement souffert mais ça y est les gens reviennent. Il a fallu du temps et cela a été très compliqué pour nous mais il n’y a pas que pour les théâtres.
Qu’est ce que le Bo-Avignon ?
C’est un lieu éphémère crée il y a deux ans. Tout est parti du constant que l’on se faisait à un moment donné, on était en pleine réflexion de salle et à un moment donné, j’ai proposé que l’on crée une salle à Avignon. Je m’étais dit que le seul endroit où l’on pourrait créer une salle serait dans un hôtel car ils ont des salles de conférence. Le hasard fait que parallèlement à cela le Novotel centre à Avignon avait eu également la même idée, une connexion s’est faite par des relations communes, on s’est rencontrés en se disant que nous avions l’artistique et qu’eux avaient le lieu, pourquoi n’essayons-nous pas de faire quelque chose. C’est vraiment parti d’un délire à la base. Le Bo-Avignon a plutôt bien marché la première année même si le lieu n’était pas encore connu et qu’il a fallu convaincre les gens d’aller dans un hôtel pour aller voir des spectacles. Finalement, les ¾ de la programmation d’ici a joué là-bas, les gens ont été au rendez-vous et puis c’est vraiment un beau lieu qui possède 4 étoiles. Il y a un bar à la piscine, des salles climatisées, c’est un havre de paix, les spectateurs ne veulent plus en repartir. Une deuxième édition a vu le jour et nous sommes en train de préparer la troisième édition. C’est une délocalisation de notre lieu dans une salle tout confort qui fait quatre fois notre salle. Le Bo-Avignon n’existe qu’au mois de juillet, c’est une belle expérience, fatigante mais très intéressante.
Quel serait le spectacle le plus intergénérationnel à l’affiche au Bo ?
Il y en a deux actuellement, je dirais Domino et Max Bird, ils plaisent d’une façon imagée aux spectateurs de 7 à 77 ans, ils touchent à tous les publics. Ce qui est intéressant avec Max Bird, c’est qu’il y a beaucoup d’adultes qui peuvent emmener leurs enfants.
Quel serait le spectacle le plus « trash » ?
En dessous de la ceinture, Jeanfi, forcément mais ce n’est pas trash. C’est en dessous de la ceinture donc pour adultes mais beaucoup d’enfants sont venus le voir.
Pourrions-nous vous retrouver dans une pièce prochainement ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour, cela viendra peut-être un jour mais pour l’instant j’ai tellement de travail avec le théâtre que ce n’est vraiment pas dans mes priorités. Peut-être qu’un jour, je passerais le cap si l’opportunité se présente mais c’est quelque chose à laquelle je ne pense pas. Ce métier est tellement dur et j’ai tellement été en représentation avec notamment mes caméras cachées qu’à un moment donné, j’ai décidé de faire autre chose mais je ne dit pas que je ne retournerais pas faire de la radio ou jouer pourquoi pas.
Pour terminer cette interview, si je vous dis impostures et télévision, que me dites-vous ?
Dan Bolender, c’est moi, c’est ce qui écrit sur mon Cv : imposteur professionnel ! Les gens sont souvent étonnés de me voir ici au théâtre mais ils comprennent que je m’occupe du lieu et ils me parlent très souvent des caméras cachées.