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Rencontre avec le comédien Rodolphe Sand actuellement à l’affiche avec son spectacle Tout en Finesse !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Ingrid Mareski

Photo Ingrid Mareski

Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous dire comment as-tu commencé ta carrière de comédien ?

J’ai commencé ma carrière en tant que danseur classique et en parallèle je suivais des études de lettres. J’ai eu envie de lier le langage au corps.

Par conséquent, lorsque je suis revenu en France, je suis rentré en classe libre au Cours Florent et ça a été une vraie révélation, je me sentais bien dans ce milieu là et cela m’a conforté dans mon envie de devenir comédien.

Ensuite, j’ai eu la chance de rentrer ensuite à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, l’ENSATT, qui se trouve actuellement à Lyon et qu’on surnommait à l’époque l’Ecole de « la rue Blanche » parce qu’elle se situait dans cette rue du 9ème arrondissement à Paris.

Après mon concours de sortie, j’ai commencé à la fois une carrière de comédien et de metteur en scène. J’ai commencé en tant qu’assistant à la mise en scène de Pierre Mondy, j’ai également travaillé avec Jean-Marie Poiré pour le cinéma.

Très vite j’ai écris, joué et mis en scène mes propres pièces notamment Célibataires.

En définitive, si je devais me définir, je dirais que je suis avant tout un homme de théâtre.

Comment définirais-tu ton spectacle « Tout en Finesse » ?

Avec qui as-tu travaillé dessus ?

Tout En Finesse est mon spectacle le plus personnel.

Au départ je voulais faire un seul en scène féministe, j’avais beaucoup travaillé avec femmes en tant que metteur en scène, notamment avec Virginie Lemoine, Armelle ou Karine Dubernet etc… L’idée qu’un homme défende leurs points de vue me séduisait beaucoup.

Je les ai toutes réunies en leur demandant d’écrire des textes autour de ma personnalité mais avec une vision féminine et bizarrement le spectacle n’a pas pris la direction initialement désirée.

En effet, je leur avais donné comme consigne de ne pas aborder mon homosexualité et elles sont toutes venues avec un texte qui en parlait.

Au final, si ce n’est « La Liste Gay » écrit par Laureline Kuntz, qui est présente dans le spectacle, je me suis rendu compte que si je voulais parler de moi, la meilleure façon était de passer par moi.

Anne Bouvier, à la mise en scène et Carole Greep à la direction artistique ont collaboré à la conception du spectacle. C’est un One Man Show à trois personnes.

Le spectacle commence par la danse puis je développe sur ma vie personnelle et notamment mon désir d’enfant en tant qu’homosexuel.

Mon spectacle parle de liberté, il parle également de la difficulté à trouver sa place dans la société.

Il y a 100 façons d’être hétéro, 100 façons d’être homo, mais une seule façon d’être soi. L’important c’est d’être libre de ses choix, de ne pas rester les dictats que la société peut parfois nous imposer.

Si tu as envie de mettre un tutu et de danser Carmen et bien tu le mets !

Photo Ingrid Mareski

Photo Ingrid Mareski

La danse, ce n’est pas de la fiction, tu as eu une carrière de danseur à l’opéra d’Oslo.

Peux-tu nous raconter cette « aventure » ?

Cette carrière de danseur est arrivée un peu par hasard, même si je faisais déjà de la danse classique à Paris comme simple amateur.

A 18 ans, pour fêter mon bac, ma mère m’avait offert un voyage en Europe du Nord et j’ai rencontré un garçon en Norvège. J’ai pris la décision de tout plaquer à Paris et de partir vivre avec lui à Oslo avec l’équivalent de 300 euros en poche. Au début, pour subvenir à mes besoins, j’ai commencé à poser pour des peintres, mais je n’aimais pas ça.

J’ai donc passé une audition à l’opéra d’Oslo. Je suis allé faire une classe un matin et à la fin de ce cours de danse on m’a demandé quand est-ce que j’étais libre.

Ils m’ont immédiatement intégré dans le corps de ballet et j’y suis resté un an et demi, le temps qu’a duré ma relation amoureuse.

Le cinéma est également très présent dans « Tout en Finesse », est-ce une véritable passion ?

Quel serait ton dernier coup de cœur ?

Oui, j’adore le cinéma !

Je me rends compte que je vieillis car comme pour la musique, j’ai l’impression que mon cinéma tend à disparaître.

Dans le spectacle, je fais en effet des critiques de films qui ont eu des Palmes D’Or à Cannes, mais ce n’est pas pour ça que je ne les ai pas aimés.

Par exemple, j’ai adoré La Pianiste de Michael Haneke que je fustige dans mon spectacle, mais qui aime bien châtie bien.

Ces critiques de films sont plus ici pour dénoncer le snobisme parisien qui consiste à devoir absolument aimer certains films si on veut avoir « la carte » du bon goût et de la bien pensance. Et ça oui, ça m’emmerde.

Par exemple pour Des Hommes Et Des Dieux, je trouve cela très long mais très intéressant et avec une vraie beauté.

Pour répondre à la deuxième partie de la question, j’ai beaucoup aimé le dernier film de Louis Garrel qui s’intitule Les 2 Amis.

Photo Ingrid Mareski

Photo Ingrid Mareski

As-tu eu des nouvelles de Michael Haneke ?

( rires )

Je ne l’ai jamais rencontré mais attention, je trouve qu’il y a une vraie démarche dans ce type de cinéma vérité.

J’ai travaillé dans l’univers de la comédie aux côtés de Jean-Marie Poiré ou de Pierre Mondy durant seize ans et ça continue toujours d’ailleurs !

Autant par ma formation littéraire qu’intellectuelle, j’aurais tendance à aller vers un cinéma d’auteur, autant mon expérience professionnelle m’a menée à l’inverse... ( rires)

Il y a eu toujours quelque chose de surprenant pour moi, une constatation très drôle : il n’y a jamais eu de comédies récompensées au Festival de Cannes, pourtant le rire ne s’oppose pas à l’intelligence. Regardez Buster Keaton, Chaplin ou même aujourd’hui Woody Allen.

A l’inverse, Einstein ou Freud étaient des personnes dotées d’un sens de l’humour certain.

En conclusion, je dirais que la comédie n’est pas l’apanage des cons !

Quelle est ta définition d’un spectacle contemplatif ?

( rires )

Je crois que tu as vu mon spectacle !

Contempler est assez beau comme mot mais c’est la manière dont les critiques de films en usent qui fait que c’est horrible. La traduction que j’en fais pour un long métrage, c’est que c’est chiant, rien ne se passe.

Photo Ingrid Mareski

Photo Ingrid Mareski

L’homosexualité fait partie intégrante de ton spectacle, quel message voudrais-tu faire passer grâce à Tout en Finesse ?

C’est assez délicat comme sujet pour moi, bien évidemment je ne refuse pas de parler de mon homosexualité mais ce n’est pas le sujet principal de mon seul en scène.

Tout en Finesse est un spectacle sur la Liberté, j’ai juste envie en tant que personne d’être libre de dire que je suis homosexuel, mais cela fait partie de moi au même titre que mon poids, ma taille, mes goûts cinématographiques ou mon amour pour la danse.

Je ne voudrais pas que l’on ne me définisse que par ma sexualité, je trouverais ça réducteur.

Peut-on parler de spectacle autobiographique ?

Oui, en partie, mais transcendé d’un point de vue artistique.

Nadia le personnage de mère porteuse n’existe pas heureusement et toutes les lesbiennes ne sont pas comme Joyce, sinon nous serions mal barrés ( rires ).

Rencontre avec le comédien Rodolphe Sand actuellement à l’affiche avec son spectacle Tout en Finesse !

Qu’est-ce que la dicodanse et cela existe-t-il vraiment ?

La dicodanse n’existe pas, c’est une grosse plaisanterie de Carole Greep, c’est une sorte d’ersatz entre le mime, la danse contemporaine et le rebus.

C’est un sketch qui m’amuse beaucoup sur scène car je joue beaucoup avec le public.

Quels seraient tes meilleurs souvenirs en tant que comédien, danseur et metteur en scène ou tout du moins les plus marquants ?

En tant que danseur, je pense que c’est la toute première fois où je suis monté sur un plateau, j’en garde un souvenir très précis, la sensation que j’ai eu a vraiment déclenché chez moi l’amour de la scène.. Je n’ai de cesse d’essayer que de retrouver cette sensation qui m’arrive de temps en temps mais jamais aussi pleinement.

En tant que comédien, je dirais le premier film dans lequel j’ai joué Les Anges Gardiens avec Gérard Depardieu, c’était très impressionnant.

Au théâtre, je pense qu’avec Tout en finesse, je suis en train de me créer mes meilleurs souvenirs.

Photo Ingrid Mareski

Photo Ingrid Mareski

Tu as joué du classique et du comique, te situes-tu entre les deux ou ton cœur penche plus vers l’un des deux genres théâtraux ?

J’adore la comédie, je trouve que c’est un art très noble et pour moi c’est même une question philosophique car j’aime rire dans la vie.

Je vais encore parler de Carole Greep mais elle est comme moi, il peut nous arriver les moindres emmerdements, on en rit avant tout !

Quels sont tes prochains projets ?

Mon One est ma priorité pour le moment !

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