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Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Maryline, je suis chanteuse, comédienne, auteur-compositeur mais également professeur de voix et coach vocal.

Comment est née l’aventure Mini-Star dans les années 80 ?

Ce que je peux en dire, c'est ce que j’ai perçu avec mes yeux d’enfant. Il me semble que le groupe à été crée sur une idée de Chantal Richard ( Sloane ) et Richard Joffo. Chantal avait écrit Danse Autour De La Terre et avait proposé à Michel Fugain de le faire interpréter par un groupe d'enfants qui aurait été une mini Bande à Basile. Le projet ne s'est pas concrétisé.

Richard Joffo connaissait mon père, ils ont décidé de créer ensemble un groupe d'enfants et se sont mis en quête d’enfants artistes. J’ai passé les auditions comme tous les autres. Il me semble que le groupe a été crée en 1982, j’avais 9 ans au début de l’aventure. Nous étions six, Cathy, Alicia, Yvon, Norbert, Greg et moi-même.

Comment vit-on le succès si jeune ?

C’est quelque chose de très déstabilisant - ça l’est toujours je pense, que l’on soit jeune ou pas. Au début, il y a de l’incompréhension, une certaine incrédulité car toi tu te sens la même mais le regard des autres change très vite. Je me souviens quand je suis allée à l'école le lundi qui a suivi notre première émission chez Patrick Sabatier, j’étais à l’époque en CM2. Je peux dire qu’il y a eu un avant et un après, dans les relations à mes camarades…

Bien sûr, la notoriété procure une ivresse, c'est assez grisant d'être autant sollicité, entouré, admiré. Mais je ressentais une gêne. A petite dose c’est agréable mais quand c’est en permanence, ça devient pesant. La notion de notoriété était moins courante à l’époque, les gens nous prenaient pour des extra-terrestres, les passants dans la rue voulaient parfois me toucher pour voir si j’étais bien réelle, c’est quelque chose de très intrusif, d’autant plus lorsque tu es enfant. Sous prétexte que nous passions à la télé, nous étions des choses publiques, on appartenait à tout le monde, il y avait des réactions bizarres dans la rue, des moqueries alors qu’en fait j'imagine que les gens était contents de nous voir…

Heureusement, nous étions préparés par l’équipe qui nous entourait. D’ailleurs on nous disait souvent que cela pouvait ne pas durer. Mais c’est une chose de le savoir et une autre de le vivre.

Je ne regrette pas car je me suis battue pour faire partie de cette aventure Mini-Star, j’étais vraiment motivée. Il y a eu plein de côtés positifs même si j’ai moins aimé ce qui avait trait à la notoriété. Et puis il y a eu un décalage avec notre public en grandissant. Nous on vieillissait mais l'âge des fans restait constant. Quand nous sommes devenus ados, nous n'assumions plus de chanter des chansons pour enfants.

Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Qu’as-tu fait après l’arrêt du groupe après quelques années de succès ?

L’aventure a pris fin au bout de cinq ans et c’était déjà énorme, j’avais 15 ans, j’étais au lycée et j’ai vécu une « phase de décontamination », fini la notoriété et les agendas remplis. Nous étions sans arrêt en action entre l’école, les concerts, les émissions, les interviews, les séances photos, les enregistrements, les répétitions et nos vies de famille…

Je suis revenue à la vie réelle, j’ai vécu mon adolescence comme tous les ados de mon âge. Ensuite, je suis allée vivre un an en Irlande et c’est là que j’ai achevé cette phase car là-bas on ne me connaissait pas, j’étais Maryline la Française. J’ai ressenti une véritable libération, je pouvais être moi sans avoir à toujours être exemplaire. Je me suis amusée, je suis sortie, j’ai fait la fête, je n’étais plus une Mini-Star.

Lorsque je suis rentrée en France, j’ai entrepris des études d’histoire, je me suis spécialisée dans les religions, j’ai fait six ans de fac et j’ai travaillé pendant quatre ans comme journaliste.

« Grâce » à un licenciement économique, j’ai eu l’occasion de revenir à la musique et au théâtre et j’ai bouclé la boucle avec un recul de 10/15 ans, qui était très important.

Revenir à la création une fois adulte m'a donné l'espace pour définir des choix artistiques personnels, construire mon univers. J'ai participé à divers projets comme chanteuse et comédienne puis je me suis lancée dans l’enseignement et la production. J'ai monté un solo de théâtre musical sur les sirènes, une sorte de cabaret baroque et je travaille depuis longtemps sur mon album.

As-tu toujours des nouvelles des anciens membres du groupe ?

Oui de façon sporadique, je sais plus ou moins où ils en sont tous : nous sommes quatre à être restés dans le milieu de la musique, les trois garçons et moi, Alicia a été comédienne, travaille dans la communication et est jeune maman, quant à Cathy, que j’ai croisée il y a quelques années alors que je paradais au Festival d'Avignon, elle est psychologue et mère de famille.

Peux-tu nous expliquer ton pseudo Chrysopée ?

Chrys veut dire or en Grec d’où le mot chrysalide qui désigne un cocon aux reflets dorés. Chrysopée est un terme alchimique qui parle du processus de transmutation du métal en or. Quand j’ai commencé le théâtre il y a environ dix ans, j’ai eu le plaisir de travailler avec le metteur en scène Enrique Pardo. Il enseignait à partir d'images, de métaphores issues de la mythologie et de l’alchimie. Cet enseignement a été très inspirant pour moi. Le thème de la transformation intérieure est devenu central dans mon propre travail de création.

Concrètement, cette métaphore de l'alchimie de la transformation du métal en or renvoie pour moi à la question : comment devenir une meilleure personne et mieux se connaître ? Comment ouvrir son cœur, être plus compatissant, aimant ? Comment trouver la joie dans les choses simples ? Etre artiste, c’est transformer ce questionnement en images, s’interroger de façon poétique, tendre vers l’imaginaire et faire des rencontres d’âme à âme. Grâce à l'art, on peut questionner en partant moins de la tête mais plus du sensible.

Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Avec qui travailles-tu ?

J'ai réalisé mon album en collaboration avec Thierry Chevallier. C’est une super collaboration, Thierry est un arrangeur et multi-instrumentiste talentueux. Il a la double culture entre musiques actuelles, que ce soit la pop, l’électro ou la chanson française, et les musiques savantes – classique, contemporain, jazz. C'est exactement la personne que je cherchais ! Et puis, cerise sur le gâteau, il écrit de beaux arrangements de cordes.

Mon ambition est le croisement de ces musiques populaires et savantes. Ce métissage, c'est une sorte de chimère au sens propre, une créature improbable. Ma musique n’est pas très facile à mettre dans une case, c’est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse. Les pros me disent souvent que ce n'est pas assez commercial. Ce à quoi je peux répondre : j'ai déjà fait des choses commerciales. Aujourd'hui, je fais la musique que me dicte mon cœur !

Comment définirais-tu ton univers musical ?

Avec Thierry, nous avons travaillé sur un son très léché comme dans les productions anglo-saxonnes, je suis notamment influencée par le trip-hop. Dans les textes que j'écris en français, je joue avec le sens et le son des mots. C’est de la chanson électro-acoustique qui parle du féminin, de l’intimité, de la résilience et de la poésie comme acte de résistance. Dans nos sociétés d'hyper rentabilité, il y a une dimension politique à entrer en poésie car la poésie « ne sert à rien » : c'est pour cela qu’elle est essentielle ! Elle permet de sublimer, de nous élever.

Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Un premier album est prévu pour l’automne, peux-tu nous le présenter ?

Il représente dix ans de travail mais avec des périodes de sommeil, il est composé de douze titres, onze compositions originales et une reprise. Je l’ai auto-produit avec la contribution d’environ 180 KissKissBankers que je remercie, cela m’a permis d'être au plus prêt de ce que je voulais faire, il ressemble pas mal à l’album de mes rêves. J’en suis très contente dans l’ensemble, il contient de beaux arrangements de cordes comme dans l’album Out Of Seasons de Beth Gibbons, qui était pour moi la référence.

Il y a un mélange froid et chaud, féminin et masculin, intérieur et extérieur. Ce mariage des opposés, c'est une recherche spirituelle : pour moi il n’y a pas de séparation entre la spiritualité et l’art. Mon album a un côté romantique et en même temps il en émane quelque chose d’assez tranchant, je l'ai voulu onirique et lucide.

Je me suis entourée d'une douzaine de guests, artistes talentueux qui ont chacun mis leur instrument au service de l’album.

Peux-tu nous en dire plus sur le côté organique et sur la pochette créée pour le single ?

Cet album n’est pas qu’un projet musical. J’ai à cœur de développer mon propos, autour de l'intimité, de la poésie et des représentations féminines, non seulement par la musique mais aussi par une recherche visuelle et graphique. Pour cela, je suis accompagnée par Béatrice Villemant, qui a réalisé la pochette du single et réalise l'artwork de Chrysopée en général. La pochette finale de l’album sera une surprise, elle est en cours d’élaboration.

Je trouve les peintures corporelles intéressantes pour plusieurs raisons : on sort du maquillage qui rend joli, du marketing zéro défaut où tout est aseptisé, pas de poil, zéro cellulite… ce qui représente un déni assez symptomatique. La peinture corporelle est un maquillage expressif qui raconte une histoire, cela fait penser aux Indiens d’Amérique mais aussi aux peintures guerrières. J’ai des amis qui disent que je suis une guerrière de l’amour et j’aime cette idée!

J’aime le côté sécrétion des peintures corporelles, il y a quelque chose d'organique, je fais un parallèle entre les couleurs de la peinture et les « couleurs », les nuances de la voix.

Avec Thierry on a réalisé le premier clip de Chrysopée dans ma salle de bain avec les moyens du bord. J'étais comme une enfant qui met les mains dans la peinture, c'était très ludique. J'y vois aussi un côté théâtral, les maquillages permettent de s’inventer plein de vies.

Au delà du discours, c'était intuitif, j’avais envie d’aller vers ces matières là. J’ai eu un choc esthétique quand j'ai découvert les photos de Hans Sylvester, il a photographié les peuples de l’Omo, qui utilisent des peintures corporelles, des éléments végétaux, c'est à la fois brut et raffiné, ça me touche beaucoup.

Cette recherche graphique se prolonge aussi avec la vidéo. Clémence Le Prevost a réalisé un premier teaser pour annoncer la sortie de l'album, et là elle est en train de monter un clip et deux autres teasers. En tant que vidéaste, elle travaille sur la représentation du corps et du féminin. Nous nous sommes trouvées !

Rencontre avec Maryline Guitton, une Mini-Star devenue Chrysopée !

Peux-tu nous présenter ton travail au quotidien ?

A qui est destinée ta pédagogie ?

Je suis professeur de voix et coach vocal. Je travaille avec des particuliers de tous niveaux, professionnels et amateurs. J’ai été formée au centre Roy Hart. Ma façon d’aborder la voix n'est pas que technique, connaître sa voix équivaut à mieux se connaître soi-même, c'est un travail sur soi. Nous n’avons pas une voix mais des voix, explorer ses voix revient à explorer diverses parties de soi. J'ai abordé plusieurs types de répertoire, jazz, variété, comédie musicale, lyrique, tout est intéressant, ce sont des systèmes. Je fais aussi des choses plus expérimentales autour des musiques improvisées.

Je travaille aussi en tant que coach vocal pour des pièces de théâtre, des spectacles de danse, récemment pour un long métrage, j'ai aussi fait du coaching pour un tremplin musical.

J’adore la pédagogie, j'apprends toujours des choses nouvelles, c’est très enrichissant.

Qu’est-ce que le centre Roy Hart ?

C’est un centre dans les Cévennes qui a été un lieu d’inspiration très important pour moi, aussi bien par l’enseignement que j’y ai reçu que par les personnes qui j’ai pu y rencontrer. J’ai d’ailleurs rencontré le pianiste qui m’accompagne dans le dispositif live là-bas.

Le centre Roy Hart est un lieu de recherche sur la voix humaine, il n’est pas très connu en France, même dans les milieux professionnels alors qu’il est très réputé à l’étranger. L’enseignement Roy Hart est même dispensé dans les universités Américaines. Je suis une des rares Françaises a être devenue professeur, beaucoup d'enseignements se font en anglais et la fréquentation est très internationale.

Te retrouvera-t-on prochainement sur scène ?

C’est une bonne question ! C’est en préparation. Je vais présenter l'album de Chrysopée en exclusivité lors de l'événement Alternatiba, le samedi 26 septembre à Paris place de la République. Puis il y aura un concert pour la sortie de l’album et j’envisage une série de concerts en appartement chez les fans.

Tout est envisageable si vous lisez cette interview et que vous êtes intéressés !

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