Rencontre avec Olivier Legall au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP solo !

La décision de partir vivre au milieu des bois a-t-été mûrement réfléchie ou au contraire cela est-il venu d'une impulsion voire d'une urgence ?

Je ne dirais pas que c'était mûrement réfléchi mais cela vient d’un besoin de retrouver du calme. Comme j’ai grandi à la campagne en Bretagne ; même si j'ai vécu dix ans à Paris ; je pense qu'au fond de moi, il y avait toujours cette envie de retrouver une sorte de vie un peu plus au calme mais arriver dans cette maison et cette région que nous ne connaissions pas ; ni ma compagne ni moi ; cela s’est fait un petit peu par hasard.

Vois-tu ton premier EP solo comme une sorte de journal intime chanté ?

C'est une assez bonne définition ; en tout cas, c’est la musique la plus intime que j'ai écrite jusqu’à présent. Ça reste de la chanson, ce disque est un objet artistique, ce n'est pas non plus que la réalité mais effectivement, c’est très personnel et ça peut se rapprocher d'un journal intime.

Comment nous décrirais-tu cette maison qui donne son titre à ton disque ?

C’est vraiment la maison normande typique. C’est une petite longère en bois un peu sombre et un peu froide mais avec beaucoup de charme. Il y a un terrain avec des fleurs et des bois tout autour. C’est un peu une maison de conte de fée. On en voit un bout sur la pochette de l’EP.

T'es-tu très rapidement « adapté » à la vie à la campagne ?

Comme je le disais précédemment, j'ai grandi dans un univers de campagne même si je n’étais pas autant isolé que dans cette maison car la petite ville la plus proche est quand même située à 25 kilomètres. Je connaissais un petit peu cet univers-là et je me suis bien adapté mais à vrai dire, je crois que j’ai au fond de moi quelque chose qui est un peu de l'ordre de l'ermite car je n’ai aucun souci à rester chez moi, j’aime bouquiner, faire de la musique...Par contre, je pense que cette facilité d’adaptation vient aussi de mon métier qui me permet de voyager et de rencontrer beaucoup de gens et donc le fait d’être isolé à la campagne est compensé par l’activité sociale intense que je peux avoir régulièrement.

Cela a-t-il influencé ta musique et notamment les chansons de ton EP ?

Je suis assez sensible à l'ambiance d'un lieu, à la lumière, aux couleurs, aux rythmes et forcément, ça a influencé la musique de cet EP car elle est assez calme et douce. Je pense que je n’aurais pas pu faire du Punk ; par exemple ; dans cette maison-là. Être au calme, entendre le vent, voir des animaux se balader dans le terrain, ça rend assez serein finalement et c’est ce que j'ai aussi voulu transmettre dans la musique ; quelque chose d'apaisant. D'ailleurs, j'en parle dans « Ma Vie à l'Abri des Remous ».  J’aime me poser et observer ; c’est quelque chose que l’on ne prend plus trop le temps de faire en ville et globalement dans la société car on court quand même pas mal.

Quelle atmosphère as-tu voulu infuser dans ce disque ?

En tant qu’artiste et en tant qu’humain, j'aime cultiver une certaine mélancolie et aussi une certaine nostalgie. Pour moi, ce n’est pas sombre, ce n’est pas triste, c'est beau tout simplement. J’ai voulu donner une couleur sépia à ce disque en infusant de la nostalgie dans les chansons qui le composent. Sur cet EP, on retrouve la mélancolie de moments, de souvenirs et d'envies.

Quels thèmes abordes-tu sur « La Maison » ?

Ce disque parle d’amour et de sentiments ; dans chaque morceau, on peut apercevoir l'être aimé ; et même si ces chansons sont très intimes, chacun pourra s’y retrouver. Sur ce disque, j’évoque aussi le fait de prendre son temps ; moi le premier, je cours beaucoup et parfois, j’aime bien juste m’asseoir et contempler ce qui m’entoure. Je questionne également notre place dans la société actuelle qui est dure sur « Ma Vie à l’Abri des Remous ».

Pourquoi y as-tu intégré la chanson « La Fille du Nord » adaptée par Hugues Aufray d'après « Girl From The North Country » de Bob Dylan ?

J'adore Bob Dylan surtout ses premiers disques notamment la chanson « Girl From the North Country » et j'ai découvert par la suite la version française que j'aime beaucoup également. Je jouais déjà cette chanson chez moi et je me suis dit que ce serait bien de l’intégrer à ce disque car elle est belle et dans l’écriture, elle traduit des choses qui me parlent. Ca faisait sens.

Pourquoi oses-tu le solo maintenant ?

C'est une très bonne question car je suis quelqu'un d'assez timide ; enfin, je l'étais plus jeune ; et il m’a fallu du temps pour pouvoir accepter de raconter des choses et oser présenter une musique très intime. Ca a mis du temps à infuser mais aussi à se créer car j’ai essayé de trouver l'esthétique que je voulais vraiment faire. Par ailleurs, il y a la vie aussi qui a fait que lorsque j'ai commencé à être musicien, j'ai d'abord travaillé avec d'autres personnes et je n’ai pas forcément pris le temps pour faire de la musique pour moi-même. Je crois que j'avais vraiment envie de faire quelque chose de sincère dont je pourrais être fier et je suis arrivé à un âge où j'ai pu le faire.

Cet EP va-t-il avoir des répercussions musicales sur tes autres projets ?

Je pense que lorsque l’on est artiste, on est un peu une éponge, on écoute des musiques, on les intègre à la nôtre et quand on collabore avec des gens, on propose des choses qui nous ressemblent. Que ce soit dans Appelez-Moi François ou quand j’œuvre avec Karen Lano, il y a du Olivier Legall dès lors que je prends ma guitare et que je fais des propositions ; ce sont des univers qui se rencontrent à une intersection. Pour répondre à ta question, c’était déjà le cas et ça va continuer.

Quelle va être la suite pour toi en solo ?

L’EP sortira le 17 octobre. Pour moi, c’est un objet à part entière qui raconte quelque chose ; comme un film qui passe à la télé ; et c’est pourquoi, je n’envisage pas de faire énormément de live avec ce disque même si j’aimerais bien chanter ces chansons devant un public. D’ici la fin de l’automne et le début de l’hiver, il y aura des images autour de chaque morceau afin de continuer à faire vivre cette musique ; j’aime cet aspect-là que je vois comme le développement d’un artisanat. J’ai prévu de sortir de la musique en 2026 et elle sera très différente de ce premier EP...