Retrouvailles avec Clément Julia au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Prudence, Pt.2 » !

Comment a été reçu ton EP baptisé « Prudence » en dehors de ton cercle intime ?

Cet EP a été reçu avec beaucoup d’émotion car la famille est un thème qui parle à tout le monde ; je pense qu’il y a eu un effet miroir auprès des auditeurs. Par ailleurs, les gens ont été touchés par les vidéos qui montraient les réactions de ma famille lors de la découverte de ces chansons. Comme ce projet est sorti pendant la période de Noël ; moment où les gens se rassemblent ; je me doutais qu’il allait avoir un petit écho mais personnellement, j’ai quand même été un peu déçu car je suis un grand rêveur qui fait les choses à fond et je pensais que cet EP allait changer ma vie. Si « Prudence » a été une étape très cool, j’aurais aimé tellement plus...

Les chansons de « Prudence, Pt.2  » existaient-elles déjà au moment de la parution de ton précédent disque ou sont-elles nées ensuite ?

Il y a un peu des deux. En fait, dès le moment où j’ai fait « Prudence », je savais que j'avais envie de faire une partie 2 car j'avais plein d'idées en tête et il y avait encore plein de choses à aborder. Afin que ce projet soit plus puissant, je me suis dit qu’il était préférable de centraliser d’abord le propos uniquement sur la sphère très intime et très proche et ensuite, dans un second temps, élargir cela à toutes les émotions que je ne pouvais pas sortir dans l'immédiat. Certaines chansons sont arrivées de manière très imprévisible alors qu’elles n’étaient vraiment pas prévues dans « Prudence, Pt.2  » alors que d’autres étaient là depuis longtemps ; voire même certaines très longtemps.

Plus qu'un prolongement, cette seconde partie a-t-elle été une nécessité ?

Oui car je suis quelqu'un qui va de l’avant dans le milieu professionnel et même si j’écoute les retours que l’on peut me faire, j’ai un instinct très personnel qui me dit que je suis absolument à la bonne place quand je fais quelque chose qui a du sens pour moi. Durant l’année qui vient de passer, j’ai gagné en foi, je continue à croire en mes projets et en ma musique et c’est encore plus une nécessité qu’auparavant.

Pourquoi as-tu donné une suite à « Lila » qui était dédié à ta petite sœur ?

« Lila 2 » fait partie des chansons très imprévisibles de ce second EP qui devait être composé de quatre titres à la base mais deux événements personnels qui m’ont bousculé au début de l’été dernier ont changé cela. Je m’imaginais faire une suite à « Lila » mais dans dix ans et je le teasais un peu à la fin de cette première chanson. Je pensais faire une sorte d’update car j’aurai certainement évolué et j’aurai eu des choses différentes à raconter mais ces deux événement durs ont fait que deux nouvelles sont nées à ce moment-là et elles ont intégré l’EP.

J'ai eu la sensation que tu étais encore plus sensible et encore plus dans l'intensité sur cette seconde partie, à quoi cela est-ce dû ?

Effectivement, c’est un EP qui est encore plus intime que le précédent et j’y aborde des thèmes très sombres. La mort est derrière trois des six chansons présentes sur ce disque. Par ailleurs, sur cet EP, l’aspect sensible vient également du fait qu’il y a du piano dans chaque chanson ; cinq pianos différents même ; j’ai expérimenté cet instrument dans plein de couleurs même si ce second EP est presque plus Electro que le précédent. Au-delà de cela, je change, je m’en rends compte quand je regarde en arrière et je me fais le témoin de ce changement. J’ai la sensation d’être arrivé à la fin d’un cycle et j’ai l’impression de prendre à la fois confiance en moi et conscience de plein de choses, cela me rend plus sensible qu’auparavant et cela me créé une urgence de dire des choses.

Peux-tu nous parler de la mise en image de « Tu Vas Briller » ?

Comme beaucoup de mes clips, celui de « Tu Vas Briller » a été réalisé par Théo Clément qui est un jeune réalisateur génial avec qui j'adore travailler. Théo est un peu « ma sécurité » à chaque fois que je dois faire un clip car je sais qu’il va pouvoir réaliser quelque chose qui va me plaire et de manière super pro. Ce clip a été dur a tourné mais de toute façon, c’est un peu l’EP des émotions et des épreuves émotionnelles. Cette chanson est dédiée à Quentin ; un ami qui est parti au début de l’été dernier de maladie, ça a été extrêmement foudroyant et ça m’a beaucoup touché. J’ai composé « Tu Vas Briller » d’une traite en une nuit mais je trouvais que cette chanson était trop personnelle pour la sortir. Comme elle me restait dans la tête, je me suis permis de prendre contact avec la maman de Quentin car je voulais lui laisser le choix. Quand j’ai su que la chanson allait sortir et que nous allions faire un clip, je suis allé tourner ces images avec ses anciens camarades à Paris à l’Ecole de Comédie Musicale où j’avais rencontré Quentin ; j’étais leur prof de théâtre et c’était un groupe génial ; très talentueux, très dynamique et très bienveillant.

Quelles thématiques abordes-tu sur « Prudence, Pt.2  » ?

La mort ; que nous évoquions ; ma relation aux autres et à moi-même, je parle également de mon chat et j’évoque des questionnements.

Comment mettrais-tu en parallèle les deux parties de ce projet ?

Pour moi, ce second EP est un peu la face cachée de « Prudence », c’est la partie sombre et lunaire de mon premier disque. Il y a une continuité mais « Prudence, Pt.2 » descend encore plus intérieurement et va encore plus loin dans les émotions.

La totalité de « Prudence » te permettrait-elle d’aborder la trentaine sereinement ?

Oui car en parlant des autres, j’en apprends plus sur moi. Dans la chanson « Kitty Cat », on se doute bien que je n’ai pas posé vraiment ces questions à mon chat mais quand j’aborde ces thèmes, je descends à l’intérieur de moi et ça me permet d'avancer dans la vie. 

Tu nous avais dit être quelqu'un d'assez anxieux dans ta première interview...Dans quel domaine es-tu le moins prudent ?

La prudence me définit quand même assez bien ! Peut-être dans les rencontres que je fais...

Comment envisages-tu ton avenir artistique ?

J’aimerais beaucoup bénéficier de l’accompagnement d’un label même si je suis conscient que ça reste un milieu super élitiste. Des discussions sont entamées, certaines maisons de disques regardent de loin ce que je fais mais j’aimerais que l’on me fasse confiance maintenant. Je rêverai de publier un album mais c’est presque anecdotique car je compose tout le temps ; il n’y a pas une semaine où je n’aboutis pas une chanson. Les projets « Prudence » ont été une manière pour moi de me mettre en lumière, de me définir et de me comprendre, ces deux EPS ne sont pas juste des parenthèses car ces disques me représentent. D’autres chansons existent à différentes étapes mais j’en garde aussi un peu sous le pied pour le moment où j’aurais peut-être un peu plus d’exposition.