Rencontre avec Frizzy P & Mr Cole au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « LADI DADI III » !

Comment est né votre projet musical commun ?

Mr Cole : Bonne question ; c’était il y a très longtemps. Au tout début, il n'y avait pas de projet à proprement parler, c'était vraiment musical. On faisait des petites répètes, on s'amusait, on n'avait encore rien enregistré mais on jouait nos morceaux avec des potes en concert, on s'est rendu compte qu’ils marchaient plutôt bien et c’est ce qui nous a donné envier de les enregistrer.

Frizzy P : Nous nous étions rencontrés à un concert d'amis en commun pour un projet de levée de fonds pour organiser un festival au Mali avec des artistes Français et Maliens. A l'époque, je faisais partie d’un trio Hip Hop mais les deux autres membres n’ont pas pu venir à ce concert et j’ai décidé d’y jouer toute seule. Mr Cole était présent lors de cette soirée, il m'a proposé qu'on travaille ensemble mais ça a mis quand même trois ans avant qu'on se pose et qu'on bosse ensemble car j'habitais en Angleterre et je ne faisais plus trop de Hip Hop en compo et en chant mais nous nous sommes retrouvés quand je suis rentrée en France.

Avez-vous exploré différentes pistes avant de trouver le son de votre premier EP paru en 2017 ?

M : Nous avons confronté nos visions car chacun avait la sienne, celle de Frizzy P était plus smooth et « Funky » alors que moi, je voulais quand même plutôt faire du Boom bap car j’aime bien les années 90 et les morceaux un peu plus « violents ».  J'ai vu où elle voulait m'amener et ensuite, on a compris la couleur à donner au projet.

Comment se déroule le travail au sein de votre duo ?

F : Chacun est vraiment dans son rôle. Même si je touche un peu au son, c’est vraiment Mr Cole qui travaille ses instrus ; ses compositions ; et moi, j’écris les textes ; et là, il n’intervient pas dans mes choix de paroles ou dans la manière dont je souhaite les dire ; mais il y a une confiance commune et ce que nous faisons chaque de notre côté s’imbrique parfaitement avec ce que l’autre a créé. Nous avons toujours œuvré ainsi.

Aviez-vous d’emblée l’idée de faire une trilogie ?

F : Non, pas du tout. On a composé plein de morceaux, on avait commencé par un album car on avait plein de matière et puis finalement, on s'est dit qu'on allait garder vraiment ceux qui nous parlaient le plus afin de proposer des mini-albums et c'est à partir de là qu'on a vraiment voulu créer ce format un peu plus réduit même si on avait beaucoup de choses. Ça s’est décidé au fur et à mesure.

M : Par ailleurs, quand il n’y a qu’un seul rappeur dans un projet, cela représente une grosse charge de travail. Ayant rappé moi-même, je sais que c'est plus facile de faire un morceau à cinq que tout seul. Ça me paraît normal que le format soit plus petit pour qu'il soit plus « qualitatif ».

F : Cette trilogie nous permettait d’aller au bout de nos idées tout en faisant des propositions différentes car les choses évoluent même s’il y a une continuité.

M : Chacun de nos EPS possède une ambiance.

Pourquoi l’avez-vous baptisée « LADI DADI » ?

F : C’est très simple car au début, on voulait s’appeler comme cela mais le nom était déjà pris et du coup, on s’est dit que ça serait nos projets qui allaient s’intituler « LADI DADI ». On a du mal à lâcher ce nom dont la référence vient de Slick Rick. Je suis très fan de cet artiste qui fait un Rap très mélodique et doux ; je pense que j’ai écouté son album « Behind Bars » un million de fois ; c’est du Rap chanté et on trouvait ça marrant d’avoir un nom qui rappelle un son. Ce terme est très connu dans le Hip Hop.

M : Je voulais prendre une chanson épique d'un rappeur et que ça devienne notre nom de groupe comme l’avait fait les Rolling Stones en leur temps avec un morceau de Muddy Waters.

Ces trois EPs se complètent-ils à différents niveaux ?

M : Totalement car ce n'est même pas une trilogie, c'est un triptyque que l’on peut voir sous plusieurs reflets.

F : Il y a des choses qui se répondent ; notamment au niveau des thèmes ; ça s’imbrique et c’est aussi pour cela qu’on a souhaité garder cette cohérence. J’ai un peu l’impression que c’est un long album que nous avons sorti en trois fois avec des couleurs différentes. Les auditeurs ont pu découvrir au fur et à mesure un album complet dont les morceaux se sont imposés dans des énergies un peu différentes mais le tout est cohérent.

M : Chaque EP représente l’énergie du moment.

Quelles thématiques abordez-vous sur le troisième volet ?

F : Sur ce troisième volet, j’aborde la féminité ; ce que c’est que de devenir femme ; mon rapport à mon corps ; et c’est venu naturellement ; les addictions, la santé mentale et la dépression ; même si je ne le fais pas très directement, ça viendra peut-être plus tard.

Après trois EPS, pensez-vous que votre prochain disque sera un album afin de développer vos idées ?

M : On a bien une cinquante de morceaux qui ne sont pas encore sortis et qui attendent d’être retraiter mais en ce qui concerne l’album, il y a un petit conflit là-dessus…

F : En effet, on n’est pas trop d’accord. Plus récemment, on est parti vers d’autres directions qui sont plus UK et plus 2-Step et ça me plairait beaucoup de faire un virage afin de proposer carrément autre chose d’où l’idée de composer un album mais pour moi, cela impliquerait de faire intervenir d’autres personnes. Pour l’instant, Mr Cole préférerait continuer sur des formats courts…A suivre mais on y travaille !

Comment décriez-vous votre univers ?

M : Entier ; car même moi, j’apprends des choses sur Frizzy P grâce à ses textes ; jazzy, groovy et doux dans l’ensemble.

F : Duel, authentique, viscéral ; pour moi, l’écriture est un exutoire ; rythmique.

Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?

F : Il est très intègre ; on ne peut pas tricher avec lui ; c’est quelqu’un de bon au sens noble du terme, il porte sa sensibilité sur sa main et il n’y déroge pas. Il est très calme, très posé, il est ancré et très loyal. Il est persévérant et perfectionniste dans le bon sens du terme. Je suis très impressionnée par tout ce qu’il a accompli durant toutes ces années car il faut savoir que c’est un autodidacte dans tous les domaines.

M : Elle est généreuse dans la vie et dans la musique, elle est déterminée dans le bon sens du terme, c’est une fonceuse qui fait ce qu’elle dit et c’est inspirant, elle est talentueuse et j’aime son énergie. Elle est attachante de ouf !

Œuvrez-vous séparément ou pour d'autres en dehors de votre duo ?

M : Oui, ça peut arriver. Dans les années 2010, on a monté un collectif de producteurs/beatmakers, Tour de Manège rassemble des Français et des Québécois, on sortait régulièrement des beat tapes et ça marchait plutôt bien à l’époque, le dernier vinyle est paru il y a un an environ et on n’est pas à l’abri qu’il y ait d’autres sorties…Anecdotiquement, je rappe un peu et ça peut m’arriver de collaborer des amis. En fonction des rencontres humaines, ça peut m’arriver de faire des instrus pour d’autres.

F : Depuis pas mal de temps, je développe un projet solo qui commence à prendre forme. Pauline Sampler n’a rien à voir avec Frizzy P & Mr Cole ; je mets à profit tout ce que nous ne pouvons pas faire ensemble. Dans ce projet solo, le BPM est plus élevé et dans ce cadre-là, je fais plein de collaborations avec d’autres artistes. C’est une autre énergie et un autre délire.