Rencontre avec Fresnel au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son EP baptisé « Octobre » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je m'appelle Léo alias Fresnel, je suis auteur, compositeur et interprète. La guitare est mon instrument de prédilection. Je fais de la musique depuis longtemps, j'ai eu de nombreux projets dans des styles différents ; de la Funk au Jazz en passant par de la reprise ; et depuis quelques années, je suis principalement installé dans deux projets à savoir Fresnel et Baron Crâne ; un Power trio de Rock instrumental avec lequel nous avons déjà fait quatre albums et sillonné l'Europe. Je suis aussi compositeur de musique à l'image, j’ai ouvré pour des courts et des longs métrages ainsi que pour quelques spectacles vivants.

Quel a été le déclic pour composer ton premier EP solo ? Était-ce l'envie d'avoir du texte sur tes compositions ?

J’ai toujours aimé écrire, j'avais accumulé des textes et ces dernières années, un petit corpus de chansons m'a donné envie de travailler plus fort dessus. Fresnel est initialement un projet d'écriture, j'étais sans doute un peu frustré de ne pas avoir cela dans mes autres projets mais aussi de ne pas chanter car j’aime cela. Par ailleurs, je pense qu’il y avait une part de moi qui avait besoin de s'exprimer et comme je n’avais pas l’espace nécessaire dans mes autres projets, il a fallu le créer. Avant la parution de ce premier EP, mon projet a déjà eu une existence car j’ai fait pas mal de dates avec que ce soit en guitare-voix ou en groupe ; nous avons notamment ouvert pour Ours au Café de la Danse ; mais j’ai été très pris par mes autres projets et j’attendais avec impatience le moment où j’aurai un peu de temps pour m’y consacrer vraiment. J’ai rencontré Alexis Campet à un concert et nous avons bossé ensemble sur cet EP qu’il a réalisé.

Avais-tu déjà en tête la direction musicale de ce disque où s'est-elle révélée au fur et à mesure ?

Comme c'est aussi un peu mon boulot de faire de la production musicale dans le cadre de la musique à l'image, j'avais une direction en tête. Si c'est un projet qui part du texte, il y a quand même avant tout une ambition musicale car je visualise vraiment des émotions et des instruments. Comme je viens notamment des Pink Floyd et de la musique des années 70, j'avais envie de rendre hommage aux productions assez ambitieuses et pas trop dépouillées. Pour moi, il est important que l’on puisse écouter la musique sans prêter trop attention au texte ; même s’il m’est précieux ; avant d’y venir dans un second temps. Même si j’avais une direction à l’esprit, quand j’ai commencé à travailler avec Alexis, nos deux univers se sont vraiment mélangés. Alexis a amené un écrin un peu Electro et une modernité dans le son et il a vraiment su mettre en valeur mes chansons d'une manière qui me plaît beaucoup.

Comment as-tu appréhendé le chant sur ton EP ?

Honnêtement, le chant a été un long parcours même si j’ai toujours chanté. Il a la voix du guitare-voix comme lorsque l’on est avec les copains et avec Baron Crâne, il m’arrive de chanter mais c’est plus « démonstratif » et plus dans le cri. Pour cet EP, j’ai beaucoup travaillé et c’est vraiment durant l’enregistrement que j’ai trouvé le bon positionnement et la bonne vibration. Comme un instrument de musique désaccordé dont on a l’impression de ne pas très bien en jouer tant qu’il n’est pas accordé correctement, la voix, c’est un peu pareil. Il y a d’abord eu la création des morceaux et ensuite, je me les suis approprié en tant qu’interprète et ça a été super quand tout s’est mis en place.

Pourquoi l'as-tu baptisé « Octobre » ? Que représente ce mois pour toi ?

Dans ce disque, j'exprime peut-être une part de moi qui est un peu automnale car j’aime bien cette saison qui a un côté un peu nostalgique, mélancolique et doux aussi. En automne, j’ai la sensation que l’on regarde avec tristesse ce qui est derrière nous mais que l’on attend aussi avec l’impatience ce qui arrivera après l’hiver. En automne, on est un peu dans son cocon, on se reconstruit, on se remobilise. Par ailleurs, je suis du mois d’octobre.

Comment définirais-tu l’univers de cet EP ?

Très intime mais qui touche l’universel, assez doux, généreux et méticuleux tout en étant accessible. Derrière tous mes projets, il y a du labeur et de la révolte mais je les exprime d’une certaine manière ; dans Fresnel, ça ne se retranscrit pas du tout de la même façon que dans Baron Crâne. Dans cet univers, il y a plusieurs strates que l’on peut aborder de plusieurs façons selon son point de vue.

Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?

Ce disque parle pas mal du temps qui passe et des instants que l’on ne peut pas saisir ; c’est un peu ce que représente aussi la pochette avec le fait que je m'évapore car j'ai toujours cette obsession de l'instant qui par définition n'est jamais figé. Dans ces chansons, j’évoque également nos ambivalences, nos contradictions, nos regrets, le fait que nous avons plusieurs facettes...

Peux-tu nous parler de la mise en image d’« Ose Absent » ?

Ce clip est assez métaphorique et c’est venu comme cela assez naturellement, il faudrait plutôt questionner un psy sur le sujet ! (Rires) Nous avons tourné ce clip avec mon ami Samir Benchikh qui est un super réalisateur. Nous œuvrons ensemble depuis longtemps ; Samir a fait des clips pour mes projets et moi, j’ai composé des musiques pour ses films. « Ose Absent » est une chanson qui parle des fantômes avec lesquels nous vivons et la nécessité de s’en débarrasser à un moment donné afin d’avancer et dans ce clip, il y a l’enfance, la mort et la renaissance. Il y a un côté décalé dans ce clip et c’est quelque chose que j’affectionne. Si pour moi, la musique, c’est très très sérieux, je pense qu’il ne faut pas se prendre trop au sérieux.

As-tu hésité sur la langue avec laquelle t'exprimer ?

Avant d’en arriver à celles de Fresnel, il y a eu des dizaines de chansons qui ne verront jamais le jour et il y en a eu en anglais mais quand finalement, j’ai commencé à savoir à quoi je ressemblais à travers la musique, il n’y a eu aucune hésitation d’autant qu’il s’avère que je vis avec la littérature, j’aime vraiment la langue Française, les écrivains me portent et m’inspirent. Sur scène, je cite souvent Louis Aragon qui m’a beaucoup inspiré tout comme Emile Verhaeren et Henri Michaux. Par ailleurs, je ne suis absolument pas bilingue même si mon anglais n’est pas catastrophique.

Comme la photo de la pochette d'« Octobre » a été prise au Musée Rosa Bonheur, comment représenterais-tu en peinture ton EP ?

Je suis sans doute le pire dessinateur que tu ais rencontré ces dernières années mais j'adore les peintres ! Initialement, j'aurais aimé que la pochette soit une peinture et c'est marrant que tu me demandes cela car nous avons un peu conçu cette photo comme une peinture. Avec François-Xavier Dubois ; qui est un super ami et qui est lui-même artiste ; nous avons eu l'opportunité de le faire au Musée Rosa Bonheur et ça a été super car en plus, l'atelier est vraiment magnifique et on dirait presque un décor de peinture déjà en soi. Guillaume Bresson est un peintre que j’admire, il peint des scènes de vie qui ont quelque chose de très moderne dans le sujet tout en rendant aussi un hommage au classique car on peut penser aux fresques de Nicolas Poussin. Si j’avais eu un gros budget, j’aurais pu lui demander un portrait un peu flou de moi dont on n’aurait pas trop cerné les contours même si je pense que je ne lui aurai rien demandé au final, je l’aurai laissé inventer.

Quels sont tes prochains projets ?

Je suis en train de monter le live à deux avec une violoncelliste mais nous bossons aussi sur une version à cinq. Des dates sont prévues à partir de la rentrée. Un prochain clip devrait être tourné dans les prochains mois et il devrait y avoir des live sessions d’ici la fin de l’année. Avec Baron Crâne, nous allons enregistrer notre cinquième album cet été pour une sortie courant 2026.