Rencontre avec François et Moussa de Yassa Blaster au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur leur premier EP !

Pouvez-vous présenter Yassa Blaster nos lecteurs ?

François : Yassa Blaster existe depuis deux ans. Nous faisons de la World Beat, nous mélangeons de la musique occidentale avec des textes écrits en wolof par Moussa qui est le chanteur du groupe. Alexandre qui est batteur est également l’arrangeur de nos morceaux. Pour ma part, je joue de la guitare, je compose et j’arrange également avec Alex. Jean-Roland joue de la basse et il fait des chœurs avec nous sur scène.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Moussa : Nous avions des amis en commun et nous nous sommes rencontrés lors d’un concert. François a vu et bien aimé mon premier projet qui était de la pure Afro Folk, nous avons échangé là-dessus, il m’a parlé de Yassa Blaster avec l’écriture en Wolof et comme cela m’a plu, nous nous sommes lancés dans cette aventure.

F : Alexandre et moi, on vient vraiment de la POP Indé mais on a eu à cœur de faire un mélange dans le style d’Altın Gün ; groupe Hollandais-Turc ; qu’on écoutait pas mal et quand je suis allé voir un concert de Moussa, j’ai vraiment eu un coup de foudre artistique, j’ai trouvé qu’il chantait super bien, qu’il était hyper charismatique, j’ai pris une grosse claque et je me suis dit qu’il fallait absolument qu'on fasse un projet avec lui. Ça a été très rapide, on a fait des instrumentaux, Moussa a posé dessus, on était content du résultat d’autant que cela ne ressemblait à rien de ce que l’on connaissait. Comme des artisans, on a fait nos chansons dans le studio d’Alex à Montreuil et maintenant, ça fait un an qu’on les défend sur scène.

Quelles connexions faites-vous d'un point de vue musical avec votre premier EP ?

M : Youssou N’Dour et Ismaël Lô sont de grosses influences. Pour ma part, j’ai bien aimé les chansons de Youssou N’Dour à l’époque où il jouait avec Peter Gabriel car cela sortait un peu de ce que j'ai connu au Sénégal, ça ouvrait d'autres frontières, ça permettait de découvrir d'autres types de musique, ça connectait le côté Africain au côté Occidental.

F : Ca connecte cette période de Youssou N’Dour à d’autres choses qu’on aime bien comme Tame Impala et The Avalanches. On essaie de faire un mélange entre des groupes de la scène Indé qu’on apprécie et des artistes plus World comme Toure Kunda...

M : ...et des groupes tels que Xalam et Baobab.

F : En fait, on essaie de faire de la World un peu Hipster (rires). Je suis d’une génération qui a connu toute la période Radio Nova ; fondée par Jean-François Bizot ; on disait alors que Paris était la capitale de la sono mondiale et comme nous venons de cette période-là, nous avons toujours eu à cœur de métisser les gens et les musiques. Nous avons fait un coup de shaker de toutes nos influences sans les copier en y mettant notre propre patte.

Quels thèmes abordez-vous sur ce disque ?

M : Cet EP parle notamment de paix et de solidarité. Nous abordons également la téléphonie qui est devenue l'activité principale des gens puisqu’ils passent beaucoup de temps sur leur téléphone. Nous voulions évoquer ce phénomène qui nous sépare un peu car il crée une barrière entre les gens empêchant la possibilité de faire connaissance en discutant comme on le faisait auparavant. Notre dernier single « Dem Dem » parle du fait de partir à l’aventure en quittant son pays natal pour aller chercher plus de connexions à l’extérieur.

Échangez-vous toujours ensemble avant et après sur ce qu'expriment les textes de vos chansons ?

F : Nous ne mettons pas de contraintes à Moussa car il était vraiment important pour nous qu’il puisse parler de ce dont il avait envie.

M : Souvent les thèmes évoqués sont universels et du coup, on se retrouve tous dedans. Ils composent une musique, je l'écoute et je m'en inspire. Une fois que le texte est sorti, je leur propose et on en parle avant l'enregistrement ou pendant l'enregistrement, j'explique aux membres du groupe de quoi il s'agit et ils s'imprègnent tout de suite du sujet. François ne parle pas wolof couramment mais il peut aussi apporter des idées parfois. Dans Yassa Blaster, chacun peut mettre sa touche dans l’écriture ou dans la musique afin de faire évoluer les choses.

Vous verriez-vous adapter les textes de « Connexion » en français mais aussi en anglais pour l'international ?

M : Pourquoi pas.

F : C'est marrant, c'est une question que je me posais il n’y a pas si longtemps. Je suis un grand collectionneur de disques et le fait de traduire les textes était une tradition que j'aimais bien dans la variété française. Cela se faisait notamment pour Charles Aznavour, Mireille Mathieu ou Michel Polnareff car ils chantaient dans plusieurs langues ; italien, espagnol voire même chinois. Je pense que ça pourrait être intéressant de le faire sur quelques morceaux.

Comment décririez-vous votre univers ?

M : Positif, solaire et connecté à l’humain.

F : Je suis tout à d’abord avec Moussa et pour ma part, je vais rajouter l’adjectif dansant car je trouve que ça fait une vraie connexion avec les gens et on s’en rend compte en live.

Qu'est-ce qui ressort le plus de votre projet en live ?

F : Evidemment, nous jouons bien car nous sommes des musiciens aguerris mais les principaux retours que l’on a fait sont souvent sur le charisme de Moussa ; sa présence scénique.

M : Pour ma part, c’est plus la connexion qui se passe avec le public car à chaque scène, c’est comme si on vivait un voyage ensemble. Je ressens l’énergie des personnes présences dans la salle et ce partage d’énergie est vraiment puissant. Au-delà de cela, il y a le wolof car à la fin des concerts, on me demande souvent la signification de mots que les gens ont pu retenir et c’est quelque chose qui me fait plaisir car je peux partager avec eux cette langue qui m’a bercé depuis tout petit.

Allez-vous développer votre projet musical également à Dakar d'où est originaire Moussa ?

F : On aimerait bien ! On est en train d’essayer de le faire...

M : Il y a des connexions qui sont en train de s'établir car j’en avais gardé avant de quitter le Sénégal. La dernière fois que je m’y suis rendu, c'était 2019 pour un tournage et à cette occasion, j’ai eu à rencontrer des musiciens et beaucoup de professionnels notamment au niveau des radios et j’ai gardé ces contacts-là. Notre premier single a tourné en radio et à la télé au Sénégal et on espère pouvoir aller présenter le Yassa Blaster en live là-bas.

Avez-vous prévu de faire remixer « Connexion » comme cela avait été le cas pour « Salam » ?

F : Oui, c’est en cours !

M : Par rapport à ce que nous évoquions plus tôt dans cette interview, ce serait bien également de mettre d'autres langues sur ces remixes. Ce serait intéressant.

Qu'aimeriez-vous véhiculer par le biais de votre musique ?

M : J’aimerais apporter du bien-être aux personnes qui nous écoutent et que celles qui viennent nous voir en live ressortent rechargées en énergie et avec l’envie de partager avec ce monde qui nous entoure. Le côté humain est primordial pour moi. J’aimerais que les gens puissent se reconnecter parce qu'on est fait pour vivre ensemble et je pense que c'est aussi cette mixité et ce métissage que Yassa Blaster reflète à travers la scène.

F : De nos jours, la musique est très segmentée, il y a les fans de Rock, les fans de Rap...Nous, nous venons d’horizons complètement différents et nous arrivons à avancer ensemble avec ce projet commun et j’aime l’idée de promouvoir la mixité avec Yassa Blaster.

Quels sont vos prochains projets ?

F : Nous serons en concert le 15 mai à La Java. Dans le courant de l’été, il y aura très certainement un prochain clip et on aimerait bien faire remixer « Connexion ». Des dates sur Paris, Orléans et Tours se confirmeront à la rentrée...