Rencontre avec Nicklaus Rohrbach au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Selfie » !

As-tu baptisé ton EP « Selfie » car ce disque a été un instantané de toi au moment de sa création ?
Eh bien pas du tout car j’ai donné ce nom à ce disque suite à la photo de la pochette. J'ai d'abord fait cette photo complètement par hasard dans les toilettes d’une petite boutique de fancy cupcakes hyper girly à Belém au Brésil. Je me suis senti un peu obligé de me prendre en photo devant ce magnifique miroir avec ce néon où il était écrit selfie. J'ai gardé cette photo qui était en très basse def ; car prise avec un vieux téléphone tout pourri ; et c’est Grégoire ; l’un de mes potes avec qui j’ai monté un petit label ; qui a flashé dessus et qui m’a dit que ça devrait être la pochette de mon EP. Je me suis dit : « Ouais, super, mais du coup, Selfie, ce serait le titre, alors ? », c’était un peu bizarre car je ne pensais pas du tout à mettre un titre comme celui-là mais en fait, ça a fait son chemin dans ma tête. J'ai repensé aux morceaux qui étaient sur l'EP, la tracklist n’était pas encore déterminée car j'hésitais entre plusieurs et du coup, j'ai un peu repensé tous les titres à l'aune de ce mot ; Selfie ; qui collait très bien mais pas parce que ces chansons parlent de moi mais beaucoup plus du rapport à soi ; du rapport au self et sous plein d'aspects différents.
Te permets-tu plus d’exploration musicale en solo ou au contraire, le fais-tu plus en collaborant avec d’autres ?
J’ai la chance de participer à la composition de tous les projets dans lesquels j’évolue et chacun d’eux est un terrain d'exploration très libre ; je collabore avec des gens que j'aime beaucoup et avec qui je m’entends très bien ; on ne s'interdit pas grand-chose. Tous les projets sont très exploratoires mais celui-là l’est peut-être un peu plus car quand j'ai fait tous ces morceaux, je n’avais pas prévu de faire un EP ou de le sortir sous mon nom. J’ai laissé libre cours à ce que j'avais envie de faire. Ces morceaux sont nés dans Sarthe ; où j'ai une maison dans laquelle je m'isole en petite résidence tout seul pour écrire ; sans aucune contrainte, j’ai exploré sans limite car quand on explore avec d'autres personnes, on a quand même un peu plus un cadre car le groupe existe déjà, il a un passé et on s’inscrit donc dans une continuité. 
Quelles ont été tes envies musicales sur « Selfie » ? 
Si je ne me suis mis aucune borne, j’ai quand même un petit peu resserré l’esthétique pour avoir une cohérence sur ce disque qui a été un grand champ d’exploration solitaire. Au moment de la composition de ce disque, j'étais vraiment à fond sur des choses Pop-Electro, Dream Pop, Synthwave...mais mes références étaient assez classiques. J’ai été hyper influencé par Vangelis et beaucoup aussi par le deuxième album solo de Paul McCartney ; il faut savoir que dans ses albums solo, il joue tous les instruments et ça a vraiment été un guide important. Même si j’adore cela, j’ai essayé d’éviter le côté numérique afin d’avoir une esthétique synthétique et vintage. L’aspect analogique et naturel me plaît beaucoup. Comme tout est joué à la main, ça bouge un peu plus, c’est beaucoup moins rigide comme Electro, ça respire, c’est plus mouvant. 

De quoi parles-tu sur ce disque ?
Chaque morceau illustre un dialogue avec moi-même mais dans un autre espace-temps. Il y a une chanson où je dialogue avec l’ado hyper complexé et mal dans sa peau que j’étais afin de lui dire de ne pas s’inquiéter et que ça va aller. Dans une autre chanson, je dialogue avec une autre version de moi-même qui serait plus avancée dans sa carrière, qui serait une méga star et qui vivrait super mal le star system car c'est de la merde ; du coup, il est complètement perdu dans toutes ses relations et dans sa vie. Pour le coup, c'est lui qui vient me parler pour me dire de ne pas y aller car ça ne sert rien et il me conseille de faire mon petit bout de chemin dans mon petit sillon. fais ta vie. Le rapport à soi est abordé dans tous les morceaux et c'est aussi pour cela que le titre de l’EP faisait sens. 
Quel a été l'élément déclencheur pour t'exprimer en solo sur cet EP ?
Avant que je ne décide de faire un EP solo, j'avais pour projet de faire un opéra rock, j'avais un chanteur en tête pour chaque morceau ; j’entendais notamment Phil Collins, Peter Gabriel, Thom Yorke, Kate Bush, David Sylvian l’ex-chanteur de Japan ; et il y avait ce personnage de grande star du Rock qui vient me parler dans l’EP. J’ai vite pris conscience que ça ne serait pas toutes les stars auxquelles je pensais qui allaient interpréter ces chansons et surtout que ça allait être super compliqué de trouver les bonnes voix, de synchroniser tout le monde et que ce projet allait être difficile à produire. Encore une fois, c’est mon ami Grégoire à qui j’ai fait écouter les démos qui m’a dit que c’était super cool chanté par moi et c’est lui qui m’a conseillé de le faire moi-même. Comme je ne le voyais pas comme ça, ça a pris son temps car c’est un projet que je mature depuis pas mal d’années, il y a eu plein de phases, il s’est passé plein de choses et à force de faire les maquettes, de les chanter et de trouver ça bien, je me suis dit que finalement, ça allait être un EP solo. 
« Selfie » ne contient que cinq morceaux ; je suppose que tu en as composé bien plus ; cet EP n'est-il qu'une introduction ?
Effectivement, j'ai plein d’autres morceaux qui sont liés à cette esthétique. C’est certain qu’il y aura d’autres titres mais pour le moment, je ne saurai dire quand car je suis très pris par mes autres projets. Je suis déjà en train de travailler sur un second EP mais pour le moment, je suis en pleine réflexion sur la direction à donner à ce disque...

Comment décrirais-tu ton univers personnel ? 
Très introspectif, sensible, intime et émotionnel.
Au-delà de Vangelis et de Paul McCartney, qui retrouve-t-on parmi tes influences musicales pour ce moment ?
Je pense que l’on peut retrouver un peu Depeche Mode à un endroit, Peter Gabriel n'est pas très loin non plus ; j’adore le génie Pop très orchestré qu’il y a chez cet artiste ; et Tony Banks qui était le claviériste de Genesis. 
As-tu prévu d'offrir des variations aux cinq titres présents sur « Selfie » ? 
J'aimerais bien qu’il y ait des remixes mais ce n’est pas prévu pour le moment. Si quelqu’un veut faire un remix, je serai ravi ! En revanche, j’ai déjà joué ces morceaux deux ou trois fois en piano solo et c’est assez intéressant à faire. Comme je ne vais pas monter un groupe pour ce projet, je pense que je fais le jouer surtout dans ce cadre-là afin de garder un petit peu de vie dans le jeu. 

As-tu déjà évolué vers autre chose depuis la conception de « Selfie » ?
Je prévois de faire quelque chose de radicalement acoustique mais peut-être que je vais un peu me déradicaliser avec le temps...Ce cadre va me guider mais je rajouterais peut-être des choses moins acoustiques au fil du temps. Depuis l’écriture de « Selfie », j’ai œuvré avec d’autres groupes, cela m’a nourri, fait avancer et du coup, ça bouge pas mal. Je n’ai pas l’intention de rester dans ce style tout le temps.
Quels sont tes prochains projets ?
Deux autres extraits sortiront au printemps et l’EP paraîtra d’ici cet été. Des projets ; d’albums ou de singles ; sont en cours avec Omega Violet, Sangue et Shoefiti.  Il n’y aura pas de live avec mon projet solo ; que j’envisageais vraiment comme un projet de studio ; car je n’ai pas le temps d’en faire ; j’en fait déjà beaucoup avec mes autres groupes et je ne peux pas en rajouter un à l’arsenal (rires).