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Rencontre avec Arne Vinzon au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d’« A Propos de Fantômes » !

Publié le par Steph Musicnation

© Philippe Mazzoni

© Philippe Mazzoni

Qui fait quoi au sein d’Arne Vinzon ?
Arnaud
: Je chante, j'écris les textes et je participe aussi à la composition de certains morceaux. Nous avons différentes façons de procéder au sein du projet à savoir soit, nous partons de musiques que Matthieu a faites et dans lesquelles je me glisse, soit, c'est la démarche inverse, j'enregistre des mélodies que je trouve avec les paroles, je lui envoie ensuite et là, avec ses doigts de fée, il réalise des miracles et nous regardons ensemble les arrangements une dernière fois. Je m’occupe également des pochettes ; qui sont au départ des grandes peintures que l’on réduit et que l’on retouche très légèrement afin d’harmoniser certaines couleurs ; et des clips ; qui peuvent être aussi bien des animations que des vidéos. Comme je fais une allergie assez prononcée aux machines, je suis aidé par Stéphane Argillet du groupe La Chatte pour le montage et les effets. 
Matthieu : A la base, je suis batteur mais j’ai aussi des notions de piano et de guitare et maintenant, avec la MAO, je fais de la programmation et de la production avec des synthés et des boîtes à rythmes. Tout est plutôt électronique dans Arne Vinzon sauf les sifflets dont ce charge Arnaud.
Quel a été le déclic pour vous retrouver afin de composer un cinquième album ? 
A : Nous avions commencé à faire un album ensemble en 2016, plusieurs chansons ont vu le jour à cette époque-là mais nous avons ressenti une sorte de lassitude et nous avons eu envie de travailler différemment. Matthieu était en train de monter un label, c'était un projet qui lui tenait à cœur et c’est d'ailleurs ce label qui nous édite. Pour ma part, j'avais envie de me lancer dans une voie minimaliste qui ne correspondait pas forcément aux désirs de Matthieu et du coup, nous nous sommes séparés en bons termes car nous sommes cousins et nous nous parlions quand même...
M : ...C’est Pacôme des Disques Pavillon qui a réécouté les titres qui avaient été faits en 2016 qui nous a dit que c’était quand même dommage de ne pas les sortir. Il a suggéré qu’on en travaille d’autres pour faire un EP et ça s’est transformé en un album. 
A : De fil en aiguille, nous avons retrouvé nos habitudes et ça remarche comme au bon vieux temps. 
Pourquoi trois morceaux apparaissent-ils annotés version originale ?
A : J’ai fait un album minimaliste comme je le voulais et ces trois morceaux figuraient sur ce disque intitulé « La Dernière Flèche ». Les orchestrations que j'ai réalisées moi-même étaient complètement différentes des nouvelles versions qui figurent ici. Ces versions originales ont été faites avec Matthieu quand nous avions commencé à œuvrer sur un nouvel album et en dehors de la ligne de voix, elles ne ressemblent aux arrangements que j’ai faits sur « La Dernière Flèche ». Ça peut être rigolo, pour ceux qui le souhaitent, de pouvoir comparer la version minimale que j'en ai tirée tout seul avec mes pauvres moyens techniques et la grande orchestration à la Matthieu Devos.

© Philippe Mazzoni

© Philippe Mazzoni

Qui sont ces fantômes évoqués dans le titre de votre nouvel album?
A : Il y en a plusieurs ! Il y a des fantômes personnels qui me touchent ; des deuils comme on en connaît tous. Ces fantômes évoquent aussi le sentiment de vivre dans une société que je ne comprends pas toujours et qui me semble un petit peu peuplée d'êtres étranges. Il y a également ces fantômes du Web qui rôdent et qui ne nous veulent pas forcément du bien. Et puis, les âmes lointaines d'autres pays, les extraterrestres qui peut-être nous regardent, allez savoir...
Comment avez-vous « retranscrit » ces fantômes d'un point de vue musical ?
A : Il y a certaines chansons qui ont une ambiance assez glauque et lourde ; notamment « Je n'Accroche Plus ». 
M : Un petit peu aussi dans « En Secret », il y a cette image du temps, de la pluie et de la forêt.
A : Effectivement, l’idée du temps a toujours été présente dans mes textes et sur tous les albums. « En Secret » évoque un amour lointain, un fantôme du passé et l’ambiance musicale est assez sombre.
M : Il y a aussi ces trois titres qui faisaient partie du passé qui reviennent sur cet album-là.
Quelles thématiques abordez-vous sur votre nouveau disque ? 
A : Le temps, la société qui me dépasse assez souvent, la solitude, l’effroi, la technologie, un amour lointain, la beauté de la nature...

© Philippe Mazzoni

© Philippe Mazzoni

Pourquoi avez-vous mis en musique un poème de Paul Verlaine et pourquoi celui-ci ?
A : J'adore Paul Verlaine. Je dois avouer que je n'ai rien compris à la poésie pendant longtemps alors que j'ai fait des études de lettres ; c'était un genre qui m'échappait mais les choses se sont éclairées en écoutant Léo Ferré chanter Rimbaud et Verlaine et j'ai enfin compris ce qu'était un poème, en fin de compte. Parmi les poètes, c'est Paul Verlaine qui a toute mon affection. Je trouve qu'il écrit d'une façon absolument limpide, fluide, avec une économie de moyens que je trouve admirable et j’essaye de m'inscrire un petit peu dans ses pas avec ma modeste écriture.« Charleroi » est un des poèmes qui m'avait beaucoup marqué quand j'ai découvert cet auteur et j'en avais déjà fait une première version sur un disque qui n'est jamais sorti. Pour ce nouveau disque, j’ai eu envie de reprendre à nouveau « Charleroi » qui est une sorte de voyage inquiétant devant les forges de Belgique ; on imagine Paul et Arthur dans leur train en train de voir ce spectacle. Je trouve que ce poème est magnifiquement écrit et il est assez moderne aussi puisqu’il montre bien déjà les ravages de l'industrie, l'exploitation de l'ouvrier. « Charleroi » est en même temps poétique et politique. C'est le deuxième poème de Verlaine que je mets en musique car dans l'album précédent ; « Jeunesse Eternité » ; j'avais déjà adapté « Green ». 
Comment décririez-vous l'univers global d'« A Propos de Fantômes » ? 
A : Oxymorique, à la fois solaire et sombre, mélancolique et comique ; un petit peu comme tous mes albums d'ailleurs. 
M : Antinomique ; cet album est assez moderne tout en ayant des sons années 80. Je trouve qu'il est assez d'actualité au niveau des thèmes qui touchent notre société. 
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’aspect visuel de ce nouvel album ?
A : Je réalise toujours les pochettes de mes albums et j'avoue que j'y prends autant de plaisir presque qu'à faire les chansons et la musique. J'adorerais être dessinateur de bandes dessinées mais je n'en ai pas le temps ; et peut-être pas le talent non plus. Je peins et à chaque fois, j'essaie de développer un univers graphique avec des aplats, des dessins assez simples mais évocateurs. Pour le coup, il y a une esthétique assez bande dessinée que je revendique puisque j'adore cela. Pour cet album, j'ai choisi ce personnage qui a les yeux bandés, il était déjà présent à l'intérieur du précédent « Jeunesse Eternité » et il me plaisait bien. Cet enfant aux yeux bandés symbolise bien l’homme qui évolue dans un monde qu'il ne comprend pas toujours, qu'il essaye de regarder mais qui ne lui apparaît pas forcément à l'esprit. J'aimais bien l'antithèse de la pochette puisqu’il regarde une planète mais derrière son bandeau ; c'était un petit peu une façon d'amener justement cet univers bancal, un peu paradoxal, qu'on essaie de développer dans les paroles des chansons. En même temps, j'ai essayé de développer des décors qui évoquent les diverses chansons, les différents paysages. J'ai voulu qu’il y ait un minimum de couleurs et c’est pour cela que ce sont toujours les mêmes qui se répètent. En ce qui concerne les clips, j'aurais aimé me rendre à Charleroi mais je n'en ai pas eu la disponibilité et il se trouve qu’un soir, il y a eu un orage fulgurant dans ma campagne Normande, je n’avais jamais vu cela auparavant et je suis tout de suite sorti dans mon jardin afin de filmer cet orage qui dans le village d’à-côté et j'ai voulu superposer cet univers sombre et presque apocalyptique qui correspond bien au poème « Charleroi » à des dessins de kobolds qui sont des petits démons coquins qu'évoque Paul Verlaine. J'ai figuré ces personnages et j'ai associé également une sorte d'ombre un peu fantomatique qui danse pour rythmer un petit peu tout ça. Quant aux images pour la chanson « Les Rochers »,  je suis allé au Porge en Gironde qui est l’endroit que je préfère au monde et j'ai filmé l'Océan Atlantique dans toute sa splendeur. J'ai aussi filmé la mer en Suède car j'ai un ami qui m'y invite régulièrement ; c’est un endroit magique aussi. Et également en Bretagne, à Crozon, où j'ai trouvé les beaux rochers. Nous avons essayé d'associer tout cela avec Stéphane Argillet pour faire une sorte d'ambiance contemplative sur la beauté de l'océan ; de la mer ; afin de créer quelque chose de très doux.

© Philippe Mazzoni

© Philippe Mazzoni

Qu'est-ce que chacun mettrait en avant chez l'autre ? 
A : Sa gentillesse, son écoute, son ouverture d'esprit, son talent ; évidemment ; et sa faculté à manipuler ces machines ; et cela m’impressionne toujours. 
M :  Sa qualité d'écriture ; il a fait de très belles études de lettres et ça se ressent dans ses choix ; sa détermination, sa gentillesse, sa disponibilité et son extravagance. 
Quels sont vos prochains projets ? 
A : La release party se fera le 4 juillet à Petit Bain avec le groupe La Chatte. Un autre concert devrait avoir lieu à la rentrée à Nice. J’aimerai bien également aller jouer à Charleroi. Sur scène, je développe toujours l’univers visuel qui est très important pour moi d’autant qu’il souligne l’aspect musical ; je prévois toujours un film que je réalise moi-même avec des dessins et des vidéos. Nous avons déjà commencé à composer une nouvelle chanson qui plaît beaucoup aux enfants de Matthieu. 
M : Nous travaillons actuellement sur un projet top secret mais nous espérons que vous en saurez plus bientôt !
A : Quand j’aurais un peu de temps, j’aimerais bien à nouveau essayer de faire de la bande dessinée et de nouvelles chansons ; bien sûr !
M : Je compose aussi des morceaux pour moi, ils sont dans un petit placard pour l’instant mais peut-être qu’ils sortiront dans le futur...

Rencontre avec Arne Vinzon au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution d’« A Propos de Fantômes » !
https://www.facebook.com/ArneVinzon
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