Rencontre avec Josephine Pia Wild au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier EP !

Comment te présenterais tu à nos lecteurs ?
Je suis autrice, compositrice, interprète et j’explore la création avec plein de d'instruments différents. Je suis pianiste depuis très longtemps, je joue également un peu de guitare et le handpan est venu sur mon chemin il y a un peu moins de dix ans. Je suis originaire des Yvelines mais je vis à Berlin. Comme ma mère était Allemande, je suis Franco-allemande. 
Comment as-tu découvert le handpan ?
J’ai découvert cet instrument sur Youtube quand j'étais ado en regardant une vidéo de Manu Delago qui est un percussionniste et compositeur incroyable. C’est l’un des premiers percussionnistes à avoir fait des vidéos très chouettes avec du handpan et d’ailleurs, grâce à cela, il s’est fait repérer par Björk. Si le piano était déjà mon instrument de prédilection, j’avais envie de toucher à tout et après avoir vu cette vidéo, j’ai été un peu obsédée par le handpan. 
Comment décrirais-tu ton univers artistique ? 
Sensible, intimiste, profond ; je dis cela de manière humble ; et riche.

Tu as commencé ta carrière en dévoilant des morceaux collaboratifs en anglais. Pourquoi es-tu passée au français sur ton premier EP ?
Il faut savoir que je travaillais déjà sur mon EP, ma démarche était d’écrire en français et c’est durant l’élaboration de ce disque que j’ai rencontré Malte Marten qui est Allemand. Cette collaboration a été très spontanée et ultra rapide. Il a fallu trouver des morceaux à jouer ensemble et c’est pour cela que nous avons fait des covers. Il a été nécessaire de trouver un langage commun d’où l’anglais mais ma démarche à moi est plutôt en français même si j’ai besoin des deux et que maintenant, il y a tout un aller-retour entre le français et l’anglais.
Peux-tu nous en dire plus quant au titre de ce disque baptisé « Multiple » ?
Il y a beaucoup de choses derrière ce titre et ça a été une évidence de le choisir. La chanson « Multiple » n’a pas été la première que j’ai écrite pour ce disque mais elle a été la première que j’ai produite avec un réalisateur et elle a influencé tout le reste. Nous avons vraiment posé les bases avec cette chanson-là et ce moment a été marquant. En dehors de cela, « Multiple » est la première chanson qui a lancé mon projet solo ; auparavant, j’ai été chanteuse dans différents groupes ; car j’ai été lauréate du Prix Andrée Chedid avec ce texte que j’ai adapté d’après son œuvre et cela m’a ouvert quelques portes. Il y a eu un lien très fort avec les mots et c’est pour cela que j’ai choisi d’adapter ce texte-là. Même maintenant, ce poème me suit encore. 
Avais-tu précisément en tête la ligne directrice de ce disque quand tu as commencé à œuvrer dessus ou t’es-tu laissée porter musicalement par ce que tu créais à l’instant t ?
C'est hyper intéressant comme question ! Je pense que je ne savais pas où j'allais car il n’y avait tout simplement pas de chansons Pop avec du handpan et de ce fait, je ne savais pas du tout comment cela allait sonner. Cela a pris plusieurs mois pour identifier les textures que je souhaitais avoir sur ce disque. En revanche, j’avais un instinct très fort et une vision assez claire de ce que je voulais ressentir comme émotions en entendant la musique. 

Quelles thématiques abordes-tu sur cet EP ?
Sur cet EP, il est question d’identité et de désir, de se trouver soi en tant que femme, de deuil, de rencontre et de manque à travers un sentiment d’appartenance. 
Pourquoi as-tu inclus une version live de la chanson « Rue des Oiseaux » ? A-t-elle une signification particulière ?
J’ai composé cette chanson à la guitare mais nous n’en avons pas mis beaucoup dans cet EP. J'étais hyper contente de la direction dans laquelle est allée la version plus produite mais c'était important pour moi de l'enregistrer simplement en guitare-voix car cette musique est venue de façon assez magique ; ça a été assez instantané. Il faut savoir que les paroles de « Rue des Oiseaux » ont été écrites par Clara Bouhier qui est poétesse, cela faisait des mois que je devais les mettre en musique mais je n’avais pas eu le temps jusque-là. Un matin, je me suis levée, j’ai pris ma guitare, j’ai commencé à essayer de mettre en musique ce texte et cela m’a pris une vingtaine de minutes. J’ai enregistré un petit audio sur mon téléphone et je l’ai envoyé à ma cousine dont je suis très proche ; elle est un peu comme une sœur pour moi ; elle était enceinte et à ce moment-là, elle a commencé à avoir des contractions. Sa petite fille que je considère comme ma nièce est née peu de temps après. Il y a donc un lien très fort entre elle et moi et cet instant t et c’est pour cela qu’il était important pour moi d’avoir cette magie-là sur cet EP. 
« Multiple » étant disponible depuis juin 2024, peux-tu nous dire ce qui a été le plus souligné sur cet EP ? 
J’ai eu beaucoup de retours concernant la douceur présente dans ma musique et également sur le côté émotionnel que l’on retrouve dans mes chansons. Les gens ont trouvé intéressant et surprenant mon univers qui regroupe énormément d’influences. Chacun a des références différentes et cela m’amuse car il y en a vraiment beaucoup et elles ne font pas tout le temps partie des miennes.

Tu as récemment repris « Mad World » de Tears for Fears, ce cover est-il né en réaction à tout ce qui se passe dans le monde actuellement ?
Cela fait un moment que je fais des covers sur les réseaux, les gens sont assez réceptifs et moi, j'adore cela parce que ça crée du lien entre le public et moi et ça ouvre des conversations. « Mad World » a été l’une des premières chansons que j'ai adaptées au handpan. J’ai enregistré pas mal de covers et j’ai eu envie d’en sortir un maintenant. Quand j’ai réfléchi à quel titre choisir, il est vrai qu’avec le contexte actuel partout dans le monde, « Mad World » faisait totalement sens. 
Que retrouve-t-on dans ta culture musicale ? 
J’ai beaucoup entendu et chanté du Jazz quand j’étais petite ; ça faisait partie du monde sonore dans notre famille. Beaucoup d’Ella Fitzgerald, de Bill Evans, de Norah Jones qui est un éternel classique pour moi. Beaucoup de musique classique notamment Debussy. Plus récemment, Radiohead et de la musique néoclassique ; je pense notamment à Hania Rani et à Nils Frahm. Le pianiste Patrick Watson également. 
Quels sont tes prochains projets ? 
J’ai récemment tourné des vidéos live en trio avec un pianiste et une violoncelliste et c’est une évolution car jusqu’à présent, je tournais surtout en solo. Nous avons déjà quelques dates en Allemagne et nous aimerions bien en trouver à Paris. Mon premier album sortira en septembre. Un premier extrait devrait voir le jour au printemps et un second durant l’été. Des clips sont à prévoir. Je vais continuer à proposer des reprises sur les réseaux ; handpan-voix ou avec d’autres instruments aussi ; car cela ouvre la porte à cet univers foisonnant ; c’est un petit fil que l’on peut suivre et il mène à mes propres compositions.