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Rencontre avec Aja Monet au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

© Daniel Johnson

© Daniel Johnson

Que signifie la poésie pour toi ?
Je pense que la poésie existe tout simplement, il n’y a pas nécessairement de signification à lui donner car en réalité, c'est une façon d'être et d’aborder la vie.
Quelle a été ta porte d’entrée dans le monde de la poésie ?
La poésie joue un grand rôle dans ma façon de voir le monde et cela depuis mon enfance. Cela remonte à la première fois que j’ai lu un poème ; il me semble qu’il était de Langston Hughes ; à ce moment-là, je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose dans la langue que j'aimais vraiment. 
Le titre de ton premier album parle de lui-même, mais ces poèmes mis en musique sont-ils vraiment nés d'improvisations ? 
Non, le poème vient toujours en premier car il est la musique. Tout est musical dans la façon dont les mots me viennent car ils ne sont que des symboles et des sons et ensuite, tout est une question de résonnance. En ce qui concerne l'album, les poèmes étaient déjà écrits avant que je ne collabore avec les musiciens qui les ont écoutés afin de pouvoir y répondre à leur manière.

© Fanny Chu

© Fanny Chu

Pourquoi n'as-tu pas sorti d'album plus tôt ? La musique n’a-t-elle pas été une évidence pour toi ?
La façon dont je souhaitais réaliser ce premier album nécessitait des moyens car je ne voulais pas faire un disque qui se serait résumé à travailler avec des musiciens à distance ou dont la production aurait été faite électroniquement par quelqu’un qui me l'aurait envoyée via un ordinateur et qui m'aurait ensuite demandé d'enregistrer dans un studio. J’avais à cœur d’enregistrer un album avec des gens dans une pièce en temps réel afin de vivre, de respirer et d’incarner la musique à ce moment-là ensemble. Quand on est poète, on ne compte que sur soi-même mais quand on a besoin de collaborer avec des musiciens, il faut gérer toute une organisation et avoir les moyens financiers également pour cela et cela demande du temps. 
Penses-tu que tu iras plus loin à l’avenir en chantant plus qu'en déclamant tes poèmes ?
A vrai dire, je ne vois pas la différence. Pour moi, c'est la même chose car je pense qu'il y a plusieurs façons de chanter et donc, je le fais déjà. 
Utilises-tu le poème au lieu de la forme classique de la chanson pour ne pas être limitée dans les messages que tu veux véhiculer ? 
Certaines personnes préfèrent que les chansons aient une certaine longueur et une certaine structure afin de pouvoir les vendre et les diffuser à la radio pour gagner beaucoup d'argent en exploitant les artistes mais si les musiciens avaient leur mot à dire, je pense qu’ils joueraient probablement beaucoup plus librement et c'est aussi cela la beauté du Jazz, de la musique improvisée et la musique Africaine. La musique ne se limite pas à une structure de mesures, c’est bien plus que cela. Pour moi, une chanson est une chanson et elle n’est pas définie par le temps, une structure ou une forme, c’est plus une création commune avec des musiciens. Parfois, des chansons peuvent durer jusqu’à vingt minutes et c’est aussi cela la liberté d’expression artistique. 

© Fanny Chu

© Fanny Chu

Quels sont les thèmes majeurs abordés sur ton premier album ?
Sur cet album, il est question de poésie, d’amour, d’héritage, de force, de joie, de douleur, de colonialisme, de spiritualité...
Comment définirais-tu ton univers en quelques adjectifs ou mots forts ? 
Authentique et honnête.  Par ailleurs, le Blues et le surréalisme font partie intégrante de mon univers. 
Est-ce que tu accentues le côté engagé de ton projet lors de tes prestations en live et si oui, de quelles manières ?
Je pense que chaque artiste est le reflet de son époque. Bien sûr, les poèmes sont déjà intérieurement très éloquents, ils sont liés aux choses qui me tiennent à cœur et la performance live devient simplement un moyen de canaliser ces préoccupations. Par contre, ce qui différencie une performance d'un simple enregistrement, c'est le fait d’être en contact avec un public car l’artiste se doit de se préoccuper des personnes présentes et de ce à quoi elles sont confrontées à ce moment-là ; on ne peut pas être complètement aveugle aux problèmes des autres. Par exemple, si on joue en temps de guerre, on ne peut pas l'ignorer. Il faut être pragmatique avec l'endroit où l’on est, les conditions, les gens qui se présentent à notre spectacle et la façon dont on se connecte à leurs préoccupations les plus profondes et à la réalité que nous vivons tous. 

© Daniel Johnson

© Daniel Johnson

Quelles seraient les grandes figures qui ont laissé leur empreinte sur toi ? Cela peut être poétiquement, musicalement ou au niveau de leur(s) combat(s).
Il y en aurait tellement à citer et j’ai l’impression que je donne souvent les mêmes noms en interview. Au-delà des poètes et des artistes qui ont pu m’influencer, je n’oublie pas les personnes qui m’inspirent et me motivent dans la vie de tous les jours. Je pense que le plus important est d'être ouvert à l'inspiration d’où qu’elle vienne. 
Dans l’un de tes poèmes, tu dis que la tempête parfaite précède toujours les grands miracles et que cela vaut la peine de se battre pour cela...Compte tenu de la situation politique actuelle aux États-Unis, penses-tu que ce sera le cas dans quatre ans ?
Je ne suis pas météorologue donc je ne peux pas faire de prévisions...Je pense que c'est aux gens de prendre cette décision. Tout le monde a tendance à pointer du doigt les Etats-Unis, surtout en Europe, mais ce que nous voyons actuellement dans notre pays n'est pas différent de ce que les gens voient en France, en Allemagne, au Royaume-Uni où la montée de l'ignorance est en train de se produire. La perte spirituelle est omniprésente partout mais je crois au pouvoir qu’ont les gens en eux. Il faut que des voix se fassent entendre et que la vision de certains s’élargisse. Il n'est pas vraiment aisé de déterminer quelles tempêtes sont provoquées par l'homme et quelles tempêtes sont en fait naturelles...mais, celles dont nous sommes actuellement témoins ne semblent pas être le fait de la nature.

Rencontre avec Aja Monet au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !
https://www.instagram.com/ajamonet/
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