Rencontre avec Meimuna au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son premier album !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je m’appelle Cyrielle et je porte un projet de chansons Pop Folk baptisé Meimuna. Je suis chanteuse, auteure et compositrice mais surtout guitariste et je fais plein de choses qui sont liées à ce projet notamment des arrangements, de la réalisation et de la production. Je suis également illustratrice et j’utilise cette casquette-là aussi dans mon projet musical.
Quel a été le déclic pour oser faire découvrir ta musique au public à partir de 2017 ?
Je fais de la musique depuis toute petite car j’ai la chance d’avoir grandi dans une famille de musiciens ; mes parents sont artistes ; mais si j’ai toujours écrit des histoires, joué de la guitare et composé des chansons, j’ai commencé à faire de la scène quand j’étais ado en faisant des reprises ; c’est un peu le parcours classique par lequel tout le monde passe. Mes propres chansons ont commencé à voir le jour autour de mes 16-17 ans et mes premiers titres sont sortis effectivement en 2017. J’ai composé ces morceaux dans ma chambre et comme je les avais produits sur GarageBand avec trois bouts de ficelles, je ne me sentais pas tout à fait légitime de les faire connaître au grand public mais j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai participé à un concours assez réputé en Suisse. Ayant gagné ce Demotape Clinic, j’ai commencé fort dans ce projet grâce à ce concours qui m’a permis de rencontrer Radicalis Music qui est devenu mon label.
Pourquoi as-tu attendu plus de sept ans pour sortir un véritable premier album ? Tes EPS t’ont-ils permis de construire un chemin jusqu’à ce long format ?
Quand j’ai commencé à sortir mes chansons, j’ai eu envie directement de publier un album car j’adore l’objet en lui-même et puis j’aime proposer des projets avec un fil rouge mais j’ai eu la chance d’être bien entourée et c’est notamment mon manageur ; Dominique ; qui m’a dit qu’un album prenait beaucoup de temps et que cela coutait cher. A cette étape où personne ne me connaissait, j’ai pris conscience qu’il fallait qu’il n’y ait pas que mes proches qui achètent ce disque et le plan a donc été de publier des EPS petit à petit afin de me faire la main, d’apprendre à me créer un public, à communiquer, à créer une identité visuelle…tout cela prend beaucoup de temps et j’en suis très contente car je pense que si j’avais sorti un album il y a sept ans, je le détesterai aujourd’hui (rires). Par ailleurs, l’industrie de la musique a beaucoup changé et aujourd’hui, faire un album n’est plus aussi important qu’auparavant, ce qui compte maintenant, c’est d’être le plus présent possible avec des sorties régulières.
Peux-tu expliciter la pochette de « C’Est Demain Que Je Meurs » ?
J’ai dessiné moi-même la pochette de cet album qui parle de fin du monde physique mais aussi de la fin des mondes notamment celui de l’enfance et de l’amour. Comme j’avais surtout à cœur de parler de renouveau et de cycles plutôt que de fin de manière déprimante, j’ai cherché à créer une pochette à cette image-là. Sur cette illustration, on me voit refermer un cercueil sur moi, il y a un grand volcan en arrière-plan, il y a des oiseaux qui s’envolent, c’est une sorte de joyeuse apocalypse très colorée et très lumineuse. J’avais envie que cette pochette soit un peu légère et explosive à la fois.
Comment qualifierais-tu l’univers de cet album ?
Doux, réconfortant ; cet album est comme un petit cocon que j’ai envie de proposer aux auditeurs ; humain, organique ; il a été très important pour moi de travailler en collectif et c’est pour cela que j’ai demandé à plein d’amies musiciennes et d’amis musiciens de participer à ce disque ; et très vivant.
Finalement, quel est le véritable sujet de la chanson qui donne son titre à ton album ?
Quand j’ai écrit cette chanson, je me suis imaginée être le dernier humain sur Terre. Après avoir enterré tout le monde et une fois que je serai partie, l’humanité serait terminée. Ça parait très grave, fataliste et plomblant mais ce n’est pas la fin pour autant. Oui, l’être humain s’en va mais les oiseaux continuent de danser. Il y a quelque chose de très doux dans cette chanson qui parle de danse, d’explosion, d’anges, de choses qui se remettent dans l’ordre et de renaissance.
Si on se focalise uniquement sur le titre de ton disque, faut-il y voir de la nostalgie, de la fatalité ou une ouverture sur autre chose ?
On peut y voir clairement une ouverture sur autre chose. Il n’y a pas du tout de fatalité là-dedans car le message de cet album est optimiste. Même si nous vivons à une époque où nous avons l’impression que tout est en train de se péter la gueule et que je suis de nature très angoissée ; je me fais beaucoup de soucis pour plein de choses ; j’essaie de nous dire que tout va bien se passer. J’espère que les gens ressortiront avec beaucoup d’espoir de cet album.
Comment est venue l’idée de dédier une chanson à Eve Vallois alias Lolo Ferrari ?
Cette idée est venue un peu par hasard après une discussion avec deux amis à propos de chirurgie esthétique et de vieillissement. J’ai immédiatement pensé à Lolo Ferrari qui était une icône dans les années 90 ; on voyait son image partout et je me rappelle que j’avais un livre de caricatures où elle figurait. J’étais persuadée qu’elle était décédée à la suite d’une énième opération de chirurgie esthétique et c’est en allant regarder sa biographie que j’en ai appris plus sur sa terrible histoire. Cette femme n’a pas eu de chance, elle n’a rencontré que les mauvaises personnes, elle a été manipulée et poussée à faire toutes sortes de choses et elle est morte dans des circonstances un peu obscures ; on soupçonne vachement qu’elle ait été assassinée. En lisant un article du Monde, j’ai découvert qu’elle est enterrée sous une tombe anonyme sur laquelle des roses en plastique prennent la poussière et ça m’a brisé le cœur car pendant toute sa vie, elle a essayé de plaire et de trouver l’amour auprès des gens qui l’entouraient et du grand public et finalement, elle a été rejetée, moquée par tout le monde et elle a terminé sa vie sous une tombe anonyme. Je pense que son histoire résonne avec la vie de plein de femmes et d’hommes aussi aujourd’hui car on se force à faire un tas de choses pour plaire aux autres. J’ai été touchée en voyant sa détresse dans des reportages et j’ai eu envie de lui rendre un hommage doux et tendre et pas du tout porté dans le voyeurisme.
Quels autres thèmes abordes-tu sur ton album ?
Je parle beaucoup de blessures d’enfance sur cet album et du fait que l’on n’est pas toujours prisonnier de ses traumas puisque l’on peut se renouveler et prendre de nouveaux départs. Ce disque parle également de ruptures mais aussi de ce que à quoi ça laisse place. Cet album possède aussi un aspect écologique puisque j’évoque l’état de notre planète dans le morceau qui lui donne son nom.
Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images de « Lullaby For A Satellite » ?
(Rires) Volontiers ! C’est ma seule chanson en anglais et cette berceuse pour un satellite a été écrite pour mon chat qui s’appelle Spoutnik. J’ai un chat très bagarreur à qui il est arrivé plein de malheurs, il a failli mourir un tas de fois et à une période, je l’amenais tous les mois chez le vétérinaire. Dans cette petite berceuse, je lui dis de rester tranquille à la maison, que je vais prendre soin de lui et que tout va bien se passer. Le but étant quand même que l’on ne sache pas que cela s’adresse à un chat mais à tous les êtres humains. Pour la mise en images de cette chanson, j’ai compilé des petits clips de mon chat que l’on peut voir avec une collerette et des bandages, c’est une sorte de résumé de toutes les mésaventures qui lui sont arrivées.
Quels sont tes prochains projets ?
Une jolie tournée nous attend pour présenter cet album sur scène ; ça sera ma première en France. Nous serons le 22 janvier aux Trois Baudets à Paris et ensuite, nous enchaînerons avec une dizaine de dates en France. Il y aura également des concerts en Suisse. Je pense déjà à la suite car j’aimerais bien sortir de nouvelles chansons mais je compte le faire avec une approche très collective car pendant longtemps, j’ai voulu tout faire toute seule ; de l’écriture jusqu’au mixage ; mais j’ai appris à m’entourer pour cet album et je vois comment cela me porte. J’ai envie de faire plein de collaborations mais pour l’instant, je n’ai pas de noms à annoncer…Par ailleurs, mon objectif est de trouver une manière de vivre sainement cette passion car l’industrie de la musique est compliquée, très deshumanisante et très fatigante. J’ai 30 ans cette année et je me suis dit que maintenant, j’aimerais être légère et m’engager dans ces projets musicaux avec réjouissance et pas trop de crispations.
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FjlORwAsSw4A%2Fhqdefault.jpg)
Meimuna - lullaby for a satellite
THIS IS THE BEST MUSICVIDEO I'VE EVER MADE ! Elle révèle le grand sujet secret de ma chanson" lullaby for a satellite " : un chat fugueur et bagarreur qui répond (quand il veut) au nom de Spoutn...