Rencontre avec Plumes au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Many Moons Away » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis compositrice, parolière ; pour moi et parfois pour d’autres artistes ; et interprète d’origine Canadienne, je joue de la guitare électrique principalement mais j’écris aussi des arrangements pour d’autres instruments notamment pour les cordes. Je suis intéressée par la musique Pop aventureuse ; dirons-nous ; et j’ai à cœur d’y importer des influences de la musique classique et du Jazz comme peuvent le faire Björk et Beth Gibbons. A côté de mon projet musical, je suis cheffe de chorale ; la musique polyphonique m’inspire et me stimule beaucoup ; et je suis également prof de chant à temps partiel.
Que symbolisent ces plumes qui baptisent ton projet ?
Ces plumes peuvent évoquer le stylo à l’ancienne mais aussi les volutes de cigarettes. Par ailleurs, comme les plumes font partie intégrante des oiseaux, cela faisait sens pour moi car la musique m’aide à aller au-dessus de l’ordinaire/de la vie de tous les jours.
J’ai vu que sur ton profil Instagram que tu es passionnée de madrigaux…peux-tu expliquer ce que c’est et si tu en mets dans ta musique ?
C’est une forme ancienne de musique vocale qui s'est développée au cours de la Renaissance et au début de la période baroque. Dans les ensembles vocaux ; dans les chorales ou dans les petits groupes ; chaque voix avait la même complexité que les autres, il n’y avait pas de voix d’accompagnement. C’est un genre très fascinant car très complexe, très sensible et très vocal. C’est un peu comme si c’était le chant psychédélique de la Renaissance (rires). J’aimerais penser qu’il y a des influences des madrigaux dans ma propre musique d’autant qu’il y a beaucoup de couches vocales sur mon nouvel album ; plus que jamais ; mais c’est quand même un genre très particulier.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Poétique ; parfois, je mets en musique des poèmes d’autres auteurs comme ceux d’Emily Dickinson et de Marina Tsvetaïeva ; aventureux, mélancolique et intense émotionnellement parlant. Souvent, les gens disent que ma musique est apaisante et même si je ne le vis comme cela de prime abord, je pense qu’ils ont raison car quelque part dans le processus d’écriture, il y a cette idée de soulager/d’apaiser mais d’abord moi-même et ensuite les autres comme effet secondaire (rires).
Musicalement, « Putting Out Fires » et « Gaslit » ouvrent-ils des nouvelles voies pour toi ? Imagines-tu creuser dans ce style plus électronique ou proposer des choses plus produites à l’avenir ?
C’est la première fois que je rentre dans ce genre mais j’avais cette idée en tête depuis longtemps car j’aime beaucoup Portishead notamment. Pour moi, ça reste de la musique et il n’y a pas grandes différences en termes d’arrangements d’autant qu’ils sont variés dans cet album. L’électronique ajoute une intensité que l’on ne peut pas avoir avec une batterie. Je suis ouverte à tout, je ne dis pas non pour creuser cela mais la musique que je fais est vraiment basée sur mon mood de l’instant.
Comment sont nés ces deux morceaux qui sont assez différents du reste de ton album ?
Ces deux morceaux ont été produit par More Or Les qui est un beatmaker de Toronto. Cette collaboration est née à distance durant le confinement. Nous sommes entrés en contact sur Instagram, chacun aimait la musique de l’autre et ensuite, nous nous sommes envoyé des fichiers. Jusqu’à maintenant, je ne l’ai jamais rencontré en personne !
Que représente ce nouvel album pour moi ?
Cet album représente les dix dernières années de ma vie depuis mon emménagement en France et très honnêtement, ça ne ressemble pas à ce que l’on peut voir dans la série « Emily In Paris ». Je n’avais pas l’intention de rester aussi longtemps mais la vie en a décidé autrement suite à une rupture. Les chansons de cet album illustre mon parcours car grâce à la musique, j’ai pu faire face aux épreuves de la vie. Ecrire ce disque a été thérapeutique, ça m’a donné un focus en dehors de cette vie assez chaotique. Je suis toujours revenue à la musique ; ça avait déjà été le cas à New York, à Montréal…dans tous les lieux où j’ai vécu. Avec la musique, je suis chez moi.
T’es-tu déjà essayée au français dans ton projet ?
C’est déjà arrivé que j’écrive une phrase ou deux de temps en temps dans une chanson franglaise mais c’était juste une manière d’exprimer un autre genre de personnage et puis parfois, il arrive que l’on ne trouve pas le terme approprié dans sa propre langue et du coup, le fait d'en changer aide. Des fois, les rimes marchent mieux en français. J’aimerais bien écrire toute une chanson en français mais pour le moment, je suis encore un peu timide pour cela, je n’ai pas suffisamment confiance en moi et j’aurais besoin que quelqu’un m’aide au niveau de l’écriture.
De par son titre, dirais-tu que « Many Moons Away » s’écoute plutôt tard le soir ?
Je n’avais pas pensé à cela mais oui, pourquoi pas car il y a quelque chose de très réflectif dans ce disque. Avant l’arrivée de l’électricité, dans des époques lointaines, les gens se réveillaient au milieu de la nuit afin de raviver le feu dans le poêle ou dans la cheminée et cet album correspondrait bien à ce moment-là entre le premier et le deuxième sommeil. Il pourrait être écouté dans ce contexte-là.
Picturalement, comment représenterais-tu « Many Moons Away » ?
Je suis très contente de la pochette réalisée par Pierrick Guidou car il a très bien traduit visuellement ma musique. Je bouge très rapidement sur cette photo, mon visage est capturé de telle façon que l’on peut y voir de l’ombre et de la lumière ; de l’horreur et de l’extase ; et je pense que ça représente bien l’esprit de ce disque. Maintenant, si je devais illustrer moi-même cet album, je pense que je le ferai en utilisant un collage d’images du 19ème siècle mais aussi d’images plus digitales. Il y aurait la mer car elle figure beaucoup dans ces chansons, Emily Dickinson dans sa robe blanche car elle a été une grande inspiration pour moi, peut-être une montgolfière car c’est un moyen de transport à l’ancienne que l’on utilise toujours et des étoiles.
Qui retrouve-t-on dans tes principales inspirations musicales et littéraires ?
Debussy, Fauré, Satie, Björk en ce qui concerne la musique et pour la littérature, au-delà d’Emily Dickinson, Doris Lessing dont j’aime beaucoup les romans féministes et la poétesse Américaine Mary Karr.
Quels sont tes prochains projets ?
Je ferai la première partie de La Morissette le 23 novembre à L’Archipel. Plusieurs clips sortiront dans les prochaines semaines voire dans les prochains mois. Il y aura certainement des live sessions…
plumes | Instagram, Facebook, TikTok | Linktree
View plumes's Linktree. Listen to their music on YouTube, Spotify here.