Retrouvailles avec Mila Auguste au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son troisième EP !

Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps pour sortir un troisième EP ?

En fait, j’ai arrêté la musique durant quelques années. A l’origine, je pensais m’arrêter pendant deux mois mais j’ai monté un autre projet dans le Sud de la Corse, j’ai eu un petit garçon, le COVID est arrivé et cela a pris beaucoup plus de temps que je ne l’aurais cru.

Dans quel état d’esprit étais-tu à l’idée de dévoiler un nouveau disque après huit ans ?

Après huit ans, tu repars de zéro, il faut recréer tout un univers autour de tes nouvelles chansons car entre temps, ton entourage professionnel a changé, tu as fait de nouvelles rencontres…il faut retrouver une énergie et reprendre un mouvement. C’est autant terrifiant que galvanisant. Il y a quelque chose de vertigineux mais comme j’ai sorti des singles avant cet EP, ça a démystifié la chose car j’ai pu voir les réactions des gens, si ça prenait mais même si ça relaxe un peu, quand on sort un EP, c’est comme pour un album, c’est toujours plus impressionnant.

« Dis Moi » marque-t-il un changement musical par rapport à ton EP éponyme paru en 2016 ?

Durant cette pause, j’ai eu envie d’explorer beaucoup de choses ; et c’est encore le cas ; mais pour cet EP, j’ai eu à cœur de mettre plus en avant le phrasé dans la voix ; le parlé ; et aussi d’épurer les productions et c’est cette quête-là que j’ai menée avec Ulrich Forman qui a produit cet EP.

Ce disque est-il plus intime que son prédécesseur ?

Oui, la maturité a fait qu’il y a des morceaux vraiment très personnels sur cet EP. J’aborde des sujets peut-être plus déchirants dont je n’aurais pas osé parler auparavant, je pense que c’était le bon moment pour le faire. Sur cet EP, je me dévoile sous un jour que je n’aurais pas cru ; je n’aurais pas pensé me laisser aller autant dans l’écriture et c'est chouette.

Quelles thématiques abordes-tu sur ton nouveau disque ?

Je parle de mon enfant intérieure et du regard qu’elle aurait porté sur moi si nous nous étions rencontrées à l’âge adulte ; c’est un voyage hyper intéressant à faire. Je me suis dit que j’écrirai une suite à ce morceau-là car je pense qu’elle a encore des choses à me dire. Dans « Si Elle Me Voyait », cette petite fille a un regard assez dur mais cela amène à se poser des questions. Dans « Sandi », j’évoque la perte d’une personne que j’aimais beaucoup et qui avait un caractère de fou. Même si le thème est assez lourd, le refrain est quand même positif. « Dis Moi » aborde une histoire d’amour qui est sur la sellette. Dans « On Vaut Mieux Que Ca », j’évoque mon rapport aux réseaux sociaux. Dans cette chanson, j’ai grossi le trait sur les gens qui en font beaucoup trop pour essayer de se mettre en avant afin de se faire aimer.

Justement ; dans « On Vaut Mieux Que Ca », tu parles de story Insta, est-ce devenu une « obligation » selon toi pour exister médiatiquement ?

C’est indispensable. Je ne saurai dire combien de personnes sont abonnées dans le monde mais il y a quelque chose d’imparable, les gens regardent des formats qui sont très courts, la musique est distillée par vingt secondes et c’est cela qui la fait vivre ou en tout cas, c’est ce qui la met en lumière. Les réseaux sociaux permettent une identification, on peut raconter son histoire et creuser les sujets des chansons sous une forme un peu plus « vulgarisée » et plus quotidienne. Il faut trouver le bon angle mais effectivement, c’est devenu indispensable.

As-tu cherché à apporter du contraste entre tes textes et les musiques qui les habillent ?

Bien sûr, ça a été carrément une volonté. Je suis lumineuse dans mon tempérament et j’ai besoin que l’on retrouve cela dans ma musique. Je trouve que le contraste est intéressant dans l’art en général car cela apporte de la profondeur. Par ailleurs, en concert, c’est génial de pouvoir danser sur un morceau hyper mélancolique ; on se dit que c’est la merde mais ce n’est pas grave, on vit tous des trucs hardos mais dansons sur cela.

Qu’as-tu voulu exprimer dans le clip qui illustre « Rien N’Est Éteint » qui a été le premier extrait de « Dis Moi » ?

Il y a un peu une dimension mystique dans ce clip car je pense que nous ne faisons qu’un, ces images montrent la communion entre les êtres au-delà de ce que nous sommes ; de notre chair, de ce que à quoi nous ressemblons ; il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’esprit. Avec ces images, je voulais exprimer une force commune, un esprit d’entraide. Il faut savoir que ce clip est né d’un rêve. J’ai rêvé que je partais faire une course, j’étais hyper confiante sauf que j’avais douze manteaux sur moi et tout le monde se rendait compte que c’était impossible. Comme dans le clip, ma grand-mère m’enlevait un manteau, mon fils m’en retirait un autre et comme il faut quand même s’aider un peu, je m’ôtais moi-même les derniers et je finissais la course. Le tournage a été long, nous étions une petite équipe, ce n’était pas facile mais tout le monde a été patient car tout le monde a senti qu’il y avait un truc commun. Il s’est passé quelque chose de lumineux. Pour la scène où ils acclament cette fin de course, je leur ai dit que ce n’était pas moi que l’on acclamait mais nous tous car je voulais montrer qu’on pouvait arriver tous ensemble.

Sans te référer à la chanson qui donne son nom à ton EP, comment compléterais-tu le titre de ton nouveau disque ? Dis moi, quoi ?

C’est une bonne question ! Dis moi, on n’est pas bien ensemble ?

Après trois EPS, as-tu enfin prévu de travailler sur un premier album ?

Oui mais je dois dire que j’ai vraiment les chocottes car cet album est un peu un objet précieux mais ça y est, je suis prête et je suis en train de l’écrire. J’ai déjà fait quelques sessions de studio avec Ulrich Forman. Je vais pouvoir aborder plein de sujets dont j’ai envie de parler et ça sera peut-être encore plus épuré…J’aimerais vraiment réussir à faire un morceau un peu à poil. Cet album sera une nouvelle page.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous avons tourné le clip de « Dis Moi » avec Julien Bui qui a été crée la BUIBOX ; il m’avait invité pour une live session de « Si Elle Me Voyait » dans son émission musicale ; il devrait sortir mi-octobre. Je serai en concert le 18 octobre à l’Espace Saint Jacques à Bonifacio et le 14 novembre au Fabricca Festival  à Ajaccio. Une live session sera tournée en novembre et elle sera disponible en début d’année. Je commence à entrevoir des collaborations dans la co-écriture…

Comme tu as réalisé le clip de « Rien N’Est Éteint », as-tu des projets dans ce domaine-là pour d’autres ?

Même si j’adore faire cela pour moi, je ne me sens pas spécialement capable de le faire pour d’autres mais si on vient me demander de l’aide, je le ferai avec plaisir…Mettre des images sur des mots, c’est passionnant, créatif, grisant. La musique est tellement plurielle que l’on peut toucher à tout !