Rencontre avec Hum Hum au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Le Prince de Cendres » !
Qui fait quoi au sein de Hum Hum ?
Sophie : Bernard compose et moi, j’écris les textes et je chante. Je joue un peu de guitare mais pas au point de monter sur scène pour faire une performance ; je ne suis pas St. Vincent ; et Bernard joue du clavier.
Bernard : Je joue du piano, du synthé, je m’occupe aussi de la production et je fais les chœurs de temps en temps.
Votre duo est-il né suite au film « Parenthèse » ? Faire de la musique ensemble a-t-elle été une évidence ?
S : Effectivement, j’étais actrice sur le film de Bernard et quand nous nous sommes rencontrés, il y a eu un début de grande amitié. Durant le tournage de « Parenthèse », dès que nous avions terminé de filmer, nous nous amusions ensemble, Bernard se mettait au piano à l’hôtel et moi, je chantais ; j’ai suivi une formation de chant lyrique pendant trois ans à l’école ; et c’était chouette. Notre amitié a perduré après ce film et un jour, je lui ai dit que nous devrions faire quelque chose ensemble sur le plan musical.
B : Dans ce film, Sophie interprète une reprise de « Si Tu Disais » de Françoiz Breut et cela m’a donné l’idée de la faire chanter.
Qu’est-ce qui a été le plus mis en avant sur votre premier album baptisé « Traversant » qui est sorti en juin 2021 ?
S : Nous avons eu notamment une très belle chronique de Mélanie Bauer qui a fait ressortir la dimension poétique de l’album et c’est aussi cette dimension-là que mes proches ont mise en avant.
B : Ce disque avait pour thèmes les animaux, la nature et le fait que l’être humain en fait partie sans être un élément qui se place au-dessus des autres animaux, l’iconographie très animalière de cet album a aussi été mise en avant.
S : L’onirisme de cet album est aussi ressorti.
Pour « Le Prince de Cendres », avez-vous affiné certaines choses, fait dans la continuité ou suivi d’autres chemins ?
B : Nous considérions notre premier album comme de l’Electro-Pop-Rock progressif. Ce disque était un peu hybride, il y avait plusieurs styles mélangés mais il y avait une cohérence au niveau sonore ; elle avait été donnée par Frédéric Lo qui avait réalisé cet album. Musicalement, « Le Prince de Cendres » est dans la continuité de « Traversant » mais il est encore plus Prog-Rock ; il est encore plus 70’s que l’album précédent.
S : Nous avons fait intervenir de vrais instruments sur tout l’album, ce qui est plutôt rare aujourd’hui. Tous les cuivres, toutes les trompettes et tous les violons ont été enregistrés en direct.
B : Il en a été de même pour la batterie et la basse. Sur « Le Prince de Cendres », il y a un mélange de sons électroniques et de vrais instruments.
Qui est ce Prince de Cendres qui donne son nom à votre second album ?
S : Je pense qu’il y a de multiples facettes autour de ce titre. A la base, c’est mon père que j’ai perdu le 24 décembre 2022 ; quelques mois plus tard, Bernard perdait le sien. Si j’ai écrit un poème pour mon père et que la chanson « Le Prince de Cendres » est vraiment née de cela, pour moi, le titre de l’album signifie autre chose ou il a peut-être une autre dimension. Politiquement, dans notre société, les femmes sont en train de s’emparer d’un espace de manière de plus en plus forte et petit à petit, l’homme se pose des questions sur le fait de perdre quelque chose qui est de l’ordre du pouvoir ; il se retrouve impacté par cette force féminine qui arrive. Pour moi, ce Prince de Cendres raconte plein de choses même si à la base, c’est biographique.
Ce disque possède une ouverture et un épilogue, cela pourrait sous-entendre qu’une histoire est racontée tout au long de cet album…est-ce le cas ?
B : Oui, nous avons voulu faire un concept-album autour de la fragilité des choses et des êtres et c’est pour cela qu’il y a une ouverture, un épilogue et une histoire au milieu ; d’ailleurs, le Prince de Cendres revient dans une autre chanson un peu plus tard dans ce disque.
Quelles thématiques abordez-vous sur cet opus ?
B : Dans cette fragilité que nous évoquions dans la question précédente, nous abordons la fragilité du couple, de la vie, de la politique, de la démocratie…
S : …du fait de ressentir des choses devant soi comme dans la chanson « A ». Je lisais beaucoup Anne Dufourmantelle qui a perdu la vie à Ramatuelle en 2017 en allant porter secours à un jeune enfant qui se noyait ; son cœur a lâché. Dans tous ses ouvrages, il était beaucoup question d’eau et de jusqu’où l’on peut aller pour prendre soin d’autrui. C’était presque comme une prophétie.
B : C’est un disque contre l’individualisme. « Le Prince de Cendres » exprime le fait que tout est fragile et qu’il faut de la solidarité.
Quelle chanson de ce nouvel album pourrait être le point de départ d’une nouvelle collaboration cinématographique entre vous ?
B : Il y en aurait plusieurs…Je pense à « Evita » même si ça a déjà été fait, ça pourrait être sur une Eva Perón en France ; une femme qui arriverait au pouvoir, qui serait adulée et qui serait jetée aux orties après. Sophie pourrait jouer le rôle principal. Je pense aussi à « A », si on faisait un film autour d’Anne Dufourmantelle…
S : …ça serait beau ! Une sorte de prophète urbaine contemporaine.
Pouvez-vous expliciter la pochette de ce nouveau disque ?
B : La pochette a été réalisée par Charlotte Tanguy qui est photographe et illustratrice. Sophie a eu l’idée de cette carte de tarot.
S : Je venais de perdre mon père, on m’avait rasé la tête pour un film avec un réalisateur Allemand, il y avait alors des signes un peu symboliques dans ma vie et je me suis dit que la carte de tarot allait porter bonheur a cet album.
B : L’iconographie est plutôt 70’s et elle rappelle les concept-albums de groupes comme Genesis notamment. Le verso est un peu dans la continuité du recto, on nous y voit faire des gestes un peu bizarres.
S : C’est un peu comme si nous venions déjouer des sorts négatifs chez l’humain mais il y a un petit côté clowns dangereux car nous avons des pouvoirs…ce sont des histoires que nous nous racontons.
Comment synthétiseriez-vous l’univers de Hum Hum ?
S : Animal, mystique et fragile.
B : Intemporel, organique et naturel.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
B : Sophie est très intense, vivante et drôle. C’est très agréable de la fréquenter.
S : Bernard est très généreux, très ouvert et assez pur dans sa manière de réagir par rapport aux autres. Bernard est très positif, il pense que tout va aller mieux.
Quels sont vos prochains projets ? En avez-vous dans la musique mais également au cinéma ?
B : Le clip de « La Maison Sauvage » sortira d’ici la fin de l’année.
S : Nous serons en concert à La Boule Noire le 20 décembre. Il se pourrait qu’il y ait d’autres dates à venir dont une au Luxembourg car j’ai un film qui y sortira prochainement.
B : J’ai un projet de mini-série sur fond d’éco-terrorisme qui se passe sur le campus d’Ecole Polytechnique ; j’en suis co-créateur.
Hum Hum - Le Prince de Cendres (clip officiel)
Hum Hum - Le Prince de Cendres (Sophie Verbeeck / BT93) A la mémoire d'Edouard Daniel Verbeeck (1947-2022) Et de Claude Tanguy (1925-2023) Nous sommes faits aussi de nos absents. Sophie a perdu son