Rencontre avec Maví Lou au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Grapefruit Meditation » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je m’appelle Louise, je suis auteure, compositrice, interprète et si je m’accompagne de divers instruments, j’aime à dire que le principal est ma voix. Maví Lou est le nom de mon projet solo qui a vu le jour dans mon esprit il y a quatre ans à peu près mais qui existe officiellement depuis quelques mois seulement. Au-delà de mon bagage de musicienne, j’ai une formation d’architecte et pour moi, tout se nourrit car cela revient à dessiner des espaces mais de façons différentes ; on créé des espaces sonores avec la musique et des espaces physiques avec l’architecture. Pour moi, créer de la musique est un tout, ce n’est pas juste des notes et je pense avoir compris qu’il me faut trouver un équilibre entre toutes les choses que je peux faire afin de ne pas faire que de la musique ou que de l’architecture.
Quel a été le déclic pour te lancer en solo et dévoiler un premier EP ?
J’ai longtemps habité aux Etats-Unis où je ne faisais que de la musique principalement avec mon groupe The Dove & The Wolf qui n’est plus actif à présent. Après avoir été basée à Philadelphie, j’ai bougé à Nashville et c’est là que j’ai commencé à faire beaucoup plus de sessions en tant que musicienne pour jouer de la basse, des claviers, de la guitare ou pour chanter. Cette partie de ma vie m’a permis d’ouvrir beaucoup de choses et c’est notamment ce qui a ouvert un peu la porte pour que je commence à faire de la musique toute seule.
Comment est né ce disque ?
L’enregistrement de ce disque a été un peu particulier. Je me rappelle que je faisais toute seule le trajet retour de New York à Nashville en van après une tournée avec mon groupe et c’est en écoutant une histoire à la radio que je me suis dit que l’après allait être dur car tout d’un coup, on rentre chez soi après des mois d’effervescence et il n’y a plus cette excitation de jouer de la musique tous les soirs, de découvrir de nouvelles villes et de rencontrer de nouvelles personnes ; d’un coup, il y a un vide. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je rentre là-dedans durant les deux semaines où j’allais être chez moi et je me suis fixé une sorte de défi. Du lendemain matin qui était un 1er juin jusqu’à mon anniversaire qui arrivait treize jours plus tard, j’ai décidé d’écrire une chanson par jour mais pas pour un disque, juste pour m’occuper comme si je m’étais dit que j’allais courir une heure par jour. Je me suis fixé trois règles à savoir écrire quelque chose de nouveau tous les jours même si ce n’était pas fini, de l’enregistrer et de ne pas revenir dessus le lendemain. J’ai fait cela durant deux semaines sans en parler à personne, je suis repartie en tournée et la vie à repris. Quelques mois plus tard, j’ai réécouté ces enregistrements et comme il y en avait que j’aimais vraiment bien, je les ai présentés à Thad Kopek qui est un copain producteur de Nashville avec qui je travaillais déjà beaucoup et c’est lui qui m’a dit qu’il fallait que l’on fasse quelque chose avec. On a mis ces enregistrements dans Ableton et on s’est amusé avec ; nous ne produisions pas de la musique pour la « vendre » mais pour le plaisir et juste pour le geste de s’exprimer. Ce disque a été fait presque artisanalement comme si nous avions tissé un paysage avec tout ce que nous avions à disposition. Par la suite, nous avons fait venir quelques copains pour qu’ils jouent notamment des batteries. Ça a été intéressant de faire ce disque ainsi.
Sur « Grapefruit Meditation » as-tu suivi un autre chemin musical que celui de The Dove & The Wolf ?
C’est dans la lignée tout en étant une autre voie car je n’ai suivi que la mienne. Nous faisions tout ensemble avec Paloma dans The Dove & The Wolf. Globalement, nous étions tout le temps sur la même ligne ; car nous nous connaissons par cœur depuis très longtemps ; mais parfois, quand nous avions des idées différentes, nous faisions en sorte que les chemins se retrouvent alors que dans le cas présent, j’ai suivi uniquement mon propre chemin.
Quelle est la signification du titre de ton EP ? Tes chansons sont-elles réellement nées à la suite de méditations ?
Je me rends compte que ce titre peut ne pas vouloir dire grand-chose d’autant qu’on le retrouve dans aucune des chansons ; il est un peu mystérieux. Après en avoir mangé un au restaurant, j’ai décidé de préparer un ceviche avec du pamplemousse à des amis et le fait de décortiquer cet agrume m’a beaucoup plu. A la fin de cette décortication, je me suis rendu compte que non seulement le pamplemousse était excellent mais que le process m’avait fait du bien ; je ne saurai l’expliquer ; et je l’ai reproduit tous les jours durant l’écriture de ces chansons. Je mange toujours le pamplemousse de la même façon, je ne le coupe pas en deux, je fais d’abord des entailles très précises sur la peau mais pas jusqu’à la pulpe, j’enlève la peau, je l’ouvre, c’est presque de la chirurgie, j’enlève la petite partie blanche et je ne garde que la pulpe. A la fin de chaque de préparation de pamplemousse, je me sentais bien, j’étais très concentrée sur tous les gestes afin de ne pas perdre du fruit et un peu en blaguant, j’ai commencé à appeler cela ma grapefruit meditation que je faisais le matin. C’était mon rituel avant de commencer à écrire.
Pourquoi as-tu choisi de dévoiler en premier le titre « Let It Slide » ? As-tu un attachement particulier à cette chanson ?
Effectivement, j’ai un attachement particulier à cette chanson même si évidemment, elles sont toutes importantes pour moi. « Let It Slide » est une chanson que j’ai écrite à un moment où c’était devenu impossible pour moi d’aller notamment dans des bars ou dans des établissements similaires car ces lieux me faisaient me sentir très isolée. Quand il a fallu choisir un premier single, j’ai eu la sensation d’évoquer beaucoup cela avec des gens autour de moi car ils expérimentaient eux aussi ce sentiment de se sentir très seul au milieu de beaucoup de personnes ; spécifiquement dans ce type de cadre. Indirectement, c’est comme si on me disait que ce sujet pouvait parler à des gens autour de moi. Cette chanson m’a aidé à vivre mieux ce type de situation.
Quelles thématiques abordes-tu sur « Grapefruit Meditation » ?
Le rêve, la dépression, l’anxiété…mais ces thématiques sont toujours abordées dans un élan de guérison afin de défaire des paquets de nœuds pour ne pas se perdre sur les chemins que l’on peut prendre.
Comment décrirais-tu l’univers de cet EP ?
Chaud et rassurant ; je l’espère en tout cas ; comme un ami proche un peu plus âgé qui dirait qu’il est là.
Peux-tu nous parler de la mise en images de « Lilas » ?
J’ai réalisé ce clip avec mon ami Brett Warren qui est également le photographe de la pochette et de tout le contenu photographique du disque. Je pense que Brett est la seule personne en qui j’ai une absolue confiance en ce qui concerne l’image. Quand je l’ai rencontré, je me suis sentie profondément vue tout de suite. J’étais déjà rentrée à Paris quand j’ai commencé à penser à faire de l’image sur « Lilas » mais je ne trouvais pas la bonne personne en France, j’en ai parlé à Brett afin de savoir s’il connaissait quelqu’un et il m’a dit qu’il aimerait bien essayer. Quelque part, je pense que j’attendais qu’il me dise cela mais il n’avait jamais fait de vidéo auparavant ; il travaille essentiellement à l’argentique. Il m’a juste dit qu’il aimerait qu’on le fasse sur film afin que ce soit dans la lignée de ce qu’il fait artistiquement. Nous avons exploré plusieurs chemins mais nous revenions toujours un peu à la même idée et c’est ce que nous avons mis en images. Nous voulions quelque chose d’assez simple et d’évocateur sans chercher à être trop sophistiqué ou trop dans la narration car nous ne souhaitions pas coller littéralement au texte afin que l’interprétation puisse être plus ouverte. Nous avons passé une journée magnifique avec Maryn Priestley qui est la jeune actrice qui joue avec moi. Faire ce premier pas ensemble a été hyper beau et doux ; Maryn jouait pour la première fois dans une vidéo, Brett réalisait pour la première fois et moi, c’était mon premier clip en tant qu’artiste solo.
As-tu prévu de développer ton projet solo des deux côtés de l’Océan Atlantique ?
Absolument ! Pour moi, ce ne sont pas des marchés car je considère que la musique se diffuse partout ; la musique, c’est le vent et il va partout.
Quels sont tes prochains projets ?
J’espère pouvoir faire des concerts à la rentrée. Un second disque est en cours ; idéalement, il pourrait voir le jour fin 2025. Il se pourrait que des versions alternatives sortent. J’ai participé récemment à un concert de Lockeland Strings ; un ensemble de cordes monté notamment par Lydia Luce qui est une copine de Nashville ; j’ai adoré leur concept et j’ai à cœur de partager des moments vrais comme celui-là ; sans surconsommation et sans tout calculer.
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