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Rencontre avec Andrea Aaron au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Studio Louche

(c) Studio Louche

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis chanteuse, auteure, compositrice et productrice. Je suis une artiste indépendante assez touche-à-tout. Sur mon premier album ; pour lequel j’ai travaillé avec Cosimo Severi à la composition et aux arrangements ;  j’ai eu à cœur d’en faire le plus possible ; j’ai été là à toutes les étapes, le mixage, le mastering…Si je fais de la musique depuis une quinzaine, le fait de prendre toutes ces casquettes sur ce projet-là a été assez nouveau pour moi. J’ai eu envie de m’affirmer avec ce disque et si mon souhait était de tout faire, je me suis rendue compte que l’on a besoin des autres et j’ai eu la chance d’être très bien entourée.

Qu’as-tu fait musicalement avant de dévoiler un premier album baptisé « Iris » ?

J’ai une formation classique de conservatoire, j’ai appris le solfège, à jouer du piano et du violon mais je ne m’accompagne pas car je ne suis pas assez à l’aise avec les instruments. Comme beaucoup d’artistes, j’ai commencé avec un groupe de potes qui avait un studio de musique à côté de mon lycée. Nous avions remarqué qu’il se passait quelque chose quand nous jouions ensemble. Nous avons sorti une cover de Montell Jordan pour Paris Dernière, nous avons eu énormément de retours et c’est là que je me suis dit que c’était super de faire cela. Ensuite, j’ai travaillé avec d’autres artistes et des producteurs Electro notamment Woodini avec qui j’ai collaboré durant assez longtemps ; j’ai écrit avec lui et chanté sur un triptyque d’EPS et nous avons fait beaucoup de scène. Quand j’ai voulu aller fouiller un peu plus ce que j’avais en moi, j’ai monté un premier projet solo en indépendante sous le nom d’Hina Aaron. « Iris » est mon premier album avec ce nouveau projet sous mon nom et avec mon équipe actuelle.

Le format album a-t-il été une évidence pour toi afin de développer le propos et sans avoir à te restreindre à quelques titres seulement ?

 Exactement ! J’avais vraiment envie de faire un album. Je sortais d’une période assez difficile, j’étais perdue personnellement, musicalement et artistiquement, je ne savais plus trop  qui j’étais et où j’en étais. J’ai traversé des moments relativement durs qui se sont étalés sur plusieurs années et au sortir de cela, j’ai eu besoin de raconter cette histoire sur un album. Je ne voulais pas sortir des singles ou même un EP comme je l’avais déjà fait par le passé, j’ai eu envie d’assumer un long format afin de raconter une histoire complète comme dans un livre avec des personnages qui sont les voix dans l’album, un développement…J’avais à cœur d’être claire, de dire quelque chose de précis et de pouvoir développer cela dans l’album.

(c) Studio Louche

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Peux-tu expliciter le titre de ton album ? Ce nom fait-il référence à la fleur ou à une personne ?

C’est un peu les deux, en fait. Quand je cherchais le nom de l’album, je voulais quelque chose qui soit connecté à la nature et dans un premier temps, j’ai pensé à un nom d’arbre. Je voulais représenter un être immortel hyper puissant pour faire un parallèle avec ce que je pense que nous sommes nous aussi ; nous, les êtres humains. Quand je me suis intéressée aux noms des arbres, je me suis rendue compte qu’ils étaient souvent en latin, qu’ils étaient très compliqués et ça ne sonnait pas forcément bien (rires). De ce fait, j’ai cherché parmi les noms de plantes et de fleurs et l’iris m’est apparu comme une évidence. Iris est également un prénom et comme ce disque raconte l’histoire d’un personnage, cela faisait sens. Au-delà de cela, cette fleur est multiple, elle a plein de couleurs, elle apparaît sous plein d’aspects différents comme nous. Il faut savoir que l’iris ne meurt jamais, ses parties les plus résistantes restent sous terre durant l’hiver ; comme nous, quand nous vivons des choses difficiles, nous avons cette résistance-là même si nous sommes un peu plus terrés ; et quand le printemps revient, elle repousse sous des formes différentes. Je trouvais cela assez beau et assez proche de mon propos.

As-tu trouvé facilement la direction musicale que tu voulais donner à ce disque ?

Avec mon co-compositeur ; Cosimo Severi ; nous avons eu la chance de vraiment pouvoir prendre le temps pour chercher la direction musicale de ce disque sur lequel nous avons commencé à travailler durant le COVID. Cette période de pandémie nous a laissé un temps que nous n’avions pas du tout dans nos vies auparavant. Dans ma démarche, il était très important pour moi de trouver mon son car avant cet album, je crois que je ne m’étais pas complètement trouvée ni personnellement ni artistiquement ; je me laissais beaucoup influencer. Au-delà de cela, je suis une femme dans un monde professionnel d’hommes et j’ai mis du temps à me dire que j’avais également une voix moi aussi et qu’il fallait que je la fasse entendre. J’ai pris conscience que mon métier me permettait de choisir ce que je voulais exprimer et avec ce disque, il y avait un peu du fait de ne plus se taire. Si je viens du R&B et de la Soul et que j’écoute beaucoup de Hip Hop et de chanson Française plutôt poétique, je n’avais pas envie de faire une copie en moins bien et c’est aussi pour cela que j’ai pris le temps pour trouver mon son. Quand on a envie de faire un album de R&B en français, c’est très connoté, les règles sont très lourdes mais c’est pareil dans tous styles. Pour ma part, j’avais envie de me servir de ce que j’aime ; le R&B Anglais qui est pour moi le plus intéressant aujourd’hui ; sans me limiter à un style. J’ai eu à cœur d’aller chercher juste la vibration qui était bonne pour moi. Par ailleurs, Cosimo qui vient du Jazz m’a permis d’explorer d’autres musicalités plus larges ; il a amené une virtuosité à l’album qui correspondait bien à ce que j’imaginais.

Quelles thématiques y abordes-tu ?

Ce qui m’intéressait était d’aborder des thématiques qui ne sont pas vraiment classiques notamment dans ce style-là. Je n’avais pas envie de faire des chansons d’amour même si c’est très important et très central dans ma vie et dans celle de tout le monde. Sur cet album, je parle de choses très personnelles et notamment de santé mentale. C’est en comprenant des choses sur moi-même que j’ai pu écrire sur cela de façon consciente. Dans mes chansons, on retrouve beaucoup le grand-huit d’émotions de la vie ; des émotions toujours très intenses car je ressens les choses de manière très forte. J’ai écrit également sur les violences patriarcales, les violences faites aux femmes, l’injustice sociale, la solitude, le désir féminin…Il y a plein de choses très intimes dans cet album mais j’espère qu’elles trouveront écho auprès d’autres personnes.

(c) Studio Louche

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Comment décrirais-tu ton univers ?

Très sensible, poétique ; je l’espère ; un peu cru quand même, il y a un petit côté rentre-dedans même s’il y a beaucoup de douceur, presque littéraire car j’accorde beaucoup d’importance aux paroles. J’espère que mon univers est profond et que ça se ressent. J’ai envie de faire quelque chose qui touche les émotions qui sont très importantes pour moi et qui donne à réfléchir.

Il y a plusieurs invités sur ce premier long format, était-ce naturel pour toi de ne pas être seule sur cet album ?

Je dirai que c’était un peu entre les deux. Je voulais avant tout raconter mon histoire mais avec plusieurs personnages et donc plusieurs voix car je trouvais cela plus intéressant. J’ai demandé à des musiciens que j’aime et qui sont proches de moi d’être présents sur ce disque. Comme j’avais envie d’une autre voix féminine puissante sur cet album, j’ai fait appel à Jeanne Michard qui est saxophoniste et que je connais plusieurs quelques années car nous avons déjà travaillé ensemble. Sur ce disque, on retrouve aussi notamment Lenny Barouk qui est mon ami d’enfance et le premier musicien avec qui j’ai commencé. J’avais envie qu’il y ait une continuité avec ce qui a été fait auparavant ; comme un petit clin d’œil. Il y a également plusieurs choristes sur ce disque car je souhaitais qu’il y ait d’autres voix féminines chantées que la mienne. Il y a aussi une voix masculine et ça reste une histoire de famille car j’ai demandé à mon cousin Pierre-Albert de venir poser sa voix que je trouve très intéressante sur des sons très particuliers en tant que personnage secondaire notamment sur « Furious » qui s’adresse à un homme même si c’est pour parler d’une femme.

Peux-tu nous parler de la mise en images d’ « Uncrushable » ?

Depuis que j’ai écrit cette chanson, j’ai toujours imaginé décrire la violence de ce monde dans le clip, je voyais automatiquement des femmes qui se battaient ; j’imaginais même quelque chose de beaucoup plus violent à l’image ; mais aussi une certaine dignité dans ce combat et je trouvais que la boxe fonctionnait très bien avec le propos. Quand j’ai commencé à en parler avec la réalisatrice Laure Atanasyan, cela m’a permis d’être un petit peu moins premier degré. Au lieu de montrer des femmes qui se battent, une violence crue qui est déjà dans le son qui quand même assez lourd  dans le propos et dans l’instrumentation, Laure m’a proposé de prendre un contre-pied en illustrant plutôt le combat intérieur et elle avait raison car c’était plus intéressant d’où les images des petites filles qui représentent un peu l’innocence perdue. Quand on se retrouve dans une situation de violences domestiques, on a l’impression de se trahir et de trahir la petite fille que l’on était ; on fait presque plus de mal à cette petite fille qu’à nous-même à l’âge adulte. Dans ce clip, je trouve hyper belle la confrontation entre la petite fille et la femme adulte qui sont en réalité la même personne, cela illustre la question du regard de la petite fille sur l’adulte si elle avait été témoin de ça. Faire ce clip m’a permis de clore ce chapitre et c’est vraiment ce que je souhaitais. Au-delà de cela, cet album m’a permis de me réapproprier mon histoire et c’est ce qui a guéri mon cœur.

(c) Studio Louche

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Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

J’ai été très inspirée par Amy Winehouse dans l’écriture. Dans ma jeunesse, j’ai été influencée par des chanteuses incroyables de Hip Hop et de Nu Soul telles que Lauryn Hill et Erykah Badu mais aussi par des chanteuses de Jazz dont Nina Simone. J’ai toujours été bouleversée par Barbara ; son écriture, ce qu’elle dégageait, sa force. Je tends vers ces figures-là. A l’heure actuelle, j’écoute beaucoup de R&B UK ; c’est vraiment une mine d’or ; notamment Cleo Sol mais aussi la rappeuse Little Simz qui défonce les codes. John Legend pour terminer sur un homme !

Quels sont tes prochains projets ?

J’ai envie de faire beaucoup de live et je suis en train de chercher un tourneur ou une tourneuse afin de m’aider ; c’est un peu la pièce qui manque à mon entourage. J’aimerais jouer hors de Paris après m’y être produite récemment ; deux dates pleines qui se sont super bien passées. Le fait de chanter en anglais pourrait me permettre d’aller en Angleterre où j’ai l’impression que beaucoup de choses intéressantes se passent. Ca serait vraiment cool d’aller jouer aussi en Espagne, en Italie…Il se pourrait qu’il y ait un autre clip prochainement. J’écris déjà pour mon prochain projet qui sera en français ; c’est une nouvelle envie ! A long terme, j’ai le souhait d’ouvrir mon label pour moi mais aussi éventuellement pour travailler avec d’autres artistes plus tard.

Rencontre avec Andrea Aaron au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de son premier album !
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