Rencontre avec Dilouya de F.I.D.E.L au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Out Of Sight » !
Peux-tu présenter F.I.D.E.L à nos lecteurs ?
F.I.D.E.L est un projet porté par Sly Johnson du Saïan Supa Crew, John Turrell de Smoove & Turrell qui est une espèce de ponte de la Soul-Funk Anglaise depuis près de quinze ans et moi-même, Dilouya ; j’ai sorti des albums moi-même et j’en ai produit pour d’autres artistes sous ce nom-là. On se connaît depuis une vingtaine d’années et nous avons bossé ensemble à de nombreuses reprises. Dans ce projet, je m’occupe de la composition, des mélodies, des arrangements, de la production et je joue la plupart des instruments sauf quelques guitares qui ont été jouées par Greg Emonet ; il y a eu aussi quelques intervenants qui sont venus jouer des cuivres sur le disque. Les paroles sont écrites à tour de rôle par les chanteurs lead à savoir John Turrell ou Sly Johnson. S’il y a plus de morceaux avec John en lead, Sly est présent sur tous les titres étant donné que c’est un musicien extrêmement versatile, il a fait des chœurs, du beatbox…
Peux-tu nous dire ce qui se cache derrière le nom de votre projet ? Y-a-t-il un double sens ?
En anglais, on dit Further Individual Delusions que l’on peut traduire par encore d’autres délires personnels, il y a un petit côté mégalo et sinon, Fidel est mon second prénom. Comme je me suis bien fait charrier quand j’étais plus jeune avec ce deuxième prénom, je me suis dit que j’allais en faire quelque chose de marrant. Par ailleurs, comme j’avais envie de changer de direction et que j’avais utilisé mon nom de famille jusqu’à présent comme nom d’artiste dans la réalisation et la production d’albums, j’avais le souhait de marquer un virage et de sortir de la case dans laquelle on m’avait mis auparavant. J’ai voulu m’émanciper en créant quelque chose de nouveau et je me suis dit autant changer de nom afin de faire ce qui me plaisait.
A-t-il été évident de monter ce projet avec Sly et John ?
Oui car ce sont vraiment mes meilleurs potes. Par le passé, j’ai réalisé des albums de Sly et avec John, nous avons toujours collaboré ensemble depuis nos premiers albums respectifs. Nous avons un rapport privilégié. A un moment donné, Sly et moi nous étions signés chez Universal Publishing en tant qu’auteurs-compositeurs ; John faisait sa carrière de son côté ; et quand nous nous sommes rendu compte que nous nous faisions pas mal chier à travailler sur d’autres projets qui nous intéressaient moins, nous avons eu envie de faire un album qui nous permettrait de prendre du plaisir ensemble et qui nous ressemblerait. Ça a été assez instantané.
Que mettrais-tu en avant chez tes deux acolytes ?
Bien que nous ayons grandi à des milliers de kilomètres d’écart, avec John, nous avons un rapport assez similaire au songwriting et à la vie. Il y a un respect mutuel. C’est la famille. Sly est également un véritable ami, il m’a donné beaucoup de confiance en moi pour faire la suite car il était venu chanter son tout premier morceau en tant que chanteur lead sur mon premier album ; cela remonte à des années. Il y a un rapport sain de respect et de confiance entre nous tous et avec Sly, c’est assez quotidien, on se voit souvent et on parle de tout. Les deux ont des carrières qui sont super ; ils savent tout faire. Entre nous, c’est un peu comme une histoire d’amour sauf qu’il n’y a pas l’aspect physique !
Comment avez-vous souhaité « Out Of Sight » d’un point de vue musical ?
Pour le coup, cela vient vraiment de moi. Nous faisons parti de la scène Soul-Funk-Jazz et avoisinant et à notre sens, elle contient beaucoup de faussaires de génie ; beaucoup d’artistes pour être crédibles font des disques qui sonnent exactement comme ce qui se faisait il y a 40 ou 50 ans. Pour cet album, nous avons cherché comment faire une vraie proposition artistique un peu originale par rapport à celles des gens que nous côtoyons tout le temps sur cette scène-là. Avant de rentrer vraiment dans le vif de l’enregistrement de l’album, j’ai tâtonné durant six à huit mois sur les quelques bouts de titres que j’avais afin de voir ce que je pouvais trouver comme ensemble d’instruments qui iraient bien pour créer un album cohérent qui sonne comme un album et pas juste une suite de titres. L’environnement trouvé n’a pas été celui qui est utilisé généralement dans ce style musical puisque les instruments choisis viennent plutôt des musiques électroniques et de la Pop alternative ; on peut notamment parler du groupe Talking Heads.
Quelles thématiques abordez-vous sur ce disque ?
Le fait de faire partie de la majorité silencieuse en tant que jeunes adultes dans un monde ultra connecté, les excès en tant qu’individu ; on parle notamment de drogue ; la science-fiction, l’amour fantasmé, le populisme…
Penses-tu que F.I.D.E.L est voué à s’agrandir avec le temps ? Pourriez-vous passer de trio à collectif ?
C’est voué à s’agrandir car je me nourris beaucoup des collaborations mais c’est aussi voué à rétrécir. Ca peut très bien être un projet où je décide tout seul de faire quelque chose d’instrumental. Il n’y a pas de limites. On veut des gens sympas. On veut travailler avec nos potes.
Quels artistes légendaires aujourd’hui disparus aurais-tu aimé faire chanter et/ou jouer sur « Out Of Sight » ?
Michael Jackson, Prince, Bernard Edwards qui était le bassiste de Chic, Bernie Worrell qui a fait partie notamment de Parliament-Funkadelic…
Comment décrirais-tu votre univers ?
Généreux, chaud, synthétique, utopique et retro fantasmé.
Le titre de votre album peut-être traduit en français par hors de vue, faut-il y voir une notion de liberté afin d’y faire ce que bon vous semble ?
Exactement, tu as bien vu ! Il y avait l’idée de disparaître de la surface afin de faire quelque chose qui nous plaisait ; comme faire une sorte de bras d’honneur de direction artistique car aujourd’hui, personne ne fait cela. La chanson qui donne son nom à l’album parle de cette majorité silencieuse dans un monde ultra connecté que j’évoquais précédemment et du fait que nous sommes certainement hors de vue ; hors de portée ; un petit peu aphones, rendus muets par le brouhaha pseudo politisé dans lequel nous nous inscrivons tous aujourd’hui.
Quels sont vos prochains projets ?
Vivre et boire des coups ! (Rires) Plus sérieusement, nous avons déjà des pistes pour notre prochain projet…Dans les mois qui viennent, il y aura des remixes et nous sortiront les instrumentaux de l’album.