Rencontre avec Antoine Sahler au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Le Hasard » !
En référence au titre de ton nouvel album, es-tu plutôt du genre à laisser faire le hasard de la vie ou à prévoir un maximum les choses ?
C’est une bonne question pour démarrer mais je ne saurais y répondre avec certitude même si le hasard est un sujet qui est un peu transversal dans ce disque…Je suis quand même plutôt du genre à organiser et à faire en sorte que le hasard soit une surprise sans trop m’y abandonner.
Musicalement parlant, « Le Hasard » est très intimiste, est-ce voulu notamment pour le live ou est-ce quelque chose de naturel dans ton œuvre ?
C’est voulu ; c’est certain ; mais quand j’ai enregistré ce disque, je n’ai pas pensé au live, ce n’est qu’après que je me suis demandé comment j’allais retranscrire cela ; et d’ailleurs, ça a été un peu une gageure. Par rapport à ces chansons-là et aussi par rapport à un moment de mon parcours musical, j’ai voulu faire quelque chose de très intimiste et de très proche où l’on entend notamment les mécaniques du piano et les respirations. Ça a été un désir très conscient mais par rapport à une esthétique de réalisation d’album.
Comment décrirais-tu l’univers de ce nouvel album ?
Consolateur, qui n’a pas peur d’être un peu intello ; terme qui n’est pas péjoratif pour moi ; qui ne refuse pas la complexité mais qui cherche l’évidence ; assez synthétique et dense.
Quels thèmes y abordes-tu ?
Même si le mot hasard est très présent dans cet album, ce n’est pas un disque concept sur ce thème-là. Au fur et à mesure de l’écriture des chansons, je me suis rendu compte que le hasard revenait et cela m’a aidé pour les derniers titres de l’album. La question de l’écriture de la chanson revient beaucoup ; la chanson sur la chanson ; c’est quelque chose qui était déjà présent dans mes travaux précédents. Sur ce disque, on retrouve le thème de la rêverie consciente qui peut amener à l’écriture d’une chanson. Il y a un hommage à Souchon. Le thème de la promenade est présent également tout comme celui des relations amoureuses.
As-tu envoyé « Alainsouchong » au chanteur ?
Oui, je lui ai envoyé il y a peu de temps mais je n’ai pas encore eu son retour. Nous ne nous connaissons pas mais nous nous sommes croisés il y a quelques années sur un plateau de télévision alors que j’accompagnais François Morel avec qui je travaille depuis longtemps. Ce jour-là, j’avais donné mon précédent disque à Alain Souchon et il m’avait envoyé un très gentil mot manuscrit à propos de cet album. Comme j’ai croisé à plusieurs reprises ses fils ; Pierre et Charles (Ours) ; je lui ai envoyé « Alainsouchong » par leur intermédiaire. Evidemment, j’aimerais qu’il écoute cette chanson et j’aimerais avoir son sentiment mais je ne voudrais pas que ça ait l’air d’être une « drague indirecte » ; je suis un petit peu pudique avec cela. A vrai dire, je préférerais qu’il l’entende par hasard et que ça l’amuse.
Quelle serait ta « recette » pour gagner un sourire ?
(Rires) Bonne question ! Si j’avais une recette absolue, j’aurais peut-être fait plus que trois disques. Je pense qu’il faut essayer de cultiver un état de réception possible à l’étonnement du monde ; c’est aussi ce que je dis dans le podcast que je fais en parallèle à l’album ; c’est une capacité à rester curieux. Nous vivons tous dans un monde où les algorithmes nous confortent dans ce que nous croyons aimer mais je trouve que la curiosité ; et le hasard quand il est heureux ; nous permet de découvrir quelque chose par nous-mêmes alors qu’un algorithme ne nous l’aurait pas proposé car à priori, ce n’est pas notre goût. Pour ma part, j’aime bien découvrir un morceau de Rap alors que je n’en écoute pas du tout et trouver qu’il y a une phrase qui claque génialement ou bien aller dans une libraire afin d’acheter un bouquin que je veux et trouver sur la table, un livre avec un titre qui me plaît et cela fait que je tente le coup.
Pourquoi n’as-tu pas plus développé « Le Hasard Me Rassure » ?
J’aimais bien que cette phrase-là demeure mystérieuse. Moi-même, je ne suis pas complètement certain de savoir ce que ça veut dire (rires). J’aime bien que la chanson soit un grand point d’interrogation et non une affirmation. Quand j’ai trouvé cette formule, ça m’a plu et je n’ai pas eu envie d’en dire beaucoup plus. Il m’arrive de faire des chansons très courtes mais je ne les ai pas souvent enregistrées.
Si la pochette de ton nouveau disque avait été moins sobre à quoi aurait-elle pu ressembler ?
Cette pochette aurait pu avoir comme décor la foule ; plein de visages, plein de gens ; et nous avions évoqué cela avec la graphiste. Finalement, nous sommes allés vers cette pochette très sobre qui me plaisait bien car on y retrouve une dimension littéraire ; elle ressemble à la couverture d’un bouquin.
Quel serait le message véhiculé par ce nouvel album ?
L’ouverture. Lever la tête, regarder autour de soi, être à l’affût de ce que le hasard nous propose peut-être tout le temps mais que l’on ne voit pas car on est trop scotché sur notre téléphone ou parce que l’on est dans des pensées trop préconçues.
Tes photos de presse ont été faites en extérieur dans Paris, en quoi la capitale t’inspirait-elle dans l’écriture ?
Je ne suis pas parisien de naissance et comme beaucoup de gens, je me sens toujours un peu un escroc (rires). Cela fait plus de 30 ans que je vis à Paris mais j’ai toujours du mal à dire que je suis parisien ; c’est bizarre. C’est une ville qui m’exaspère et qui m’épuise mais que j'adore aussi. Comme c’est mon terrain de jeu, elle m’inspire parce que je m’y promène mais je crois que si je vivais à Toulouse ou dans un petit village, je serai inspiré tout autant par les lieux où je me promènerai.
Quel a été, jusqu’à présent, le plus beau hasard dans ta vie ?
Une rencontre amoureuse ; la personne avec qui je partage ma vie ; et une rencontre amicale également ; François Morel qui a été le déclencheur de pas mal de choses dans ma vie professionnelle et aussi personnelle car c’est devenu un copain très proche.
Quels sont tes prochains projets ?
Je vais présenter pour la seconde fois ce nouvel album le mercredi 21 février au théâtre Le Funambule Montmartre. Je vais continuer mon podcast de manière hebdomadaire. Il se pourrait qu’il y ait un projet de clip dans les prochains mois. En avril, je vais publier deux livres pour le jeune public aux éditions Michel Lafon ; ces deux premiers tomes pourraient donner lieu à une collection, j’ai déjà les scénarios pour les suivants. Je vais continuer la tournée avec François Morel sur deux spectacles en parallèle ; « Tous Les Marins Sont Des Chanteurs » et « J’ai Des Doutes » qui est spectacle hommage à Raymond Devos ; les deux seront joués à La Scala à Paris du 14 mai au 02 juin lors d’une carte blanche.