Rencontre avec Jules Teinturier au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis un artiste qui vient des Sables-d’Olonne. Je suis d’abord auteur et ensuite, interprète car j’ai raconté mes textes dans un premier temps à mes potes ; je leur déclamais ; la composition est venue très très vite après ; ça a commencé au collège. J’ai pris des cours de guitare et deux ans après, je me suis mis au clavier également mais j’ai débuté par le chant car j’étais fasciné par cela. Finalement, mon aventure artistique a démarré à l’adolescence et avant cela, c’était dans la voiture avec mes parents qui sont très mélomanes ; mon père est un fan absolu de Prince. Je suis un artiste de la nouvelle scène Française ou de la nouvelle chanson française ; ça dépend comme on veut le dire ; j’essaie d’expérimenter des choses autour de cette chanson et de ces mots afin de ne pas rester complètement dans des sentiers qui ont déjà été battus même si je suis la trace de certains auteurs/chanteurs que j’adore tels que Dominique A, Alain Bashung que j’ai rencontré très tard car les gens me parlaient de lui en m’écoutant, Feu ! Chatterton et Bertrand Belin.

Quel a été le déclic pour composer et sortir ton premier EP ?

Le gros déclic est venu d’un piano que j’ai hérité de ma voisine du troisième étage quand j’ai vécu à Paris pendant un an. La concierge savait que je faisais de la musique et quand cette voisine est malheureusement décédée, son piano est un peu resté sur la paille, ses héritiers n’étaient pas musiciens et ils ont cherché quelqu’un qui pourrait s’en servir de manière positive ; ils ont pensé à moi, nous nous sommes rencontrés, nous avons discuté et ils m’ont raconté l’histoire de ce piano qui avait appartenu à un membre de la famille d’Henri Salvador. J’ai monté ce piano chez moi avec mes copains et j’ai composé dessus « Le Chant Des Oiseaux Bleus » quelques mois plus tard. Ça a été une vraie rencontre avec ce piano organique car auparavant, j’avais un clavier électronique à la maison. Quelque chose me poussait à fixer et à rendre la chance qui m’était donnée d’avoir ce piano chez moi.

Comment as-tu voulu ce disque d’un point de vue musical ?

Au moment de The Voice, beaucoup de coïncidences m’ont amené à écouter de la musique Québécoise. J’ai rencontré une chanteuse Québécoise qui m’a donné quelques filons mais aussi Velours qui était récemment en première partie de mon concert à La Boule Noire et elle m’a fait découvrir Beyries dont j’ai trouvé les chansons magnifiques et ensuite, j’ai découvert Etienne Coppée et son album « Et On Pleurera Ensemble » qui est très centré sur le piano. Ce disque m’a vraiment transporté, je l’ai écouté en boucle et je pense que mine de rien, j’ai eu envie d’avoir cette base-là sur mon EP. Je voulais que l’on entende les pédales et la respiration du pianiste qui joue. Je souhaitais qu’il y ait ce truc fondamental de l’instant et de l’émotion. Ensuite, je suis allé chercher tout ce que j’aime ; les synthés ; car j’avais envie que ce disque sonne claviers et pas guitares.

As-tu œuvré seul ou en équipe sur ton EP ?

Je travaille depuis cinq ans avec Chloé Antoniotti qui est ma pianiste ; nous sommes de très bons amis et nous sommes tout le temps ensemble sur scène ; et forcément, j’ai fait ce disque avec elle mais aussi avec Valentin Z que j’ai rencontré par la suite et qui a influencé énormément le projet. Avec Valentin, nous sommes devenus super potes et nous avons les mêmes références notamment Julien Doré. Val est fan de Rap, il est plus dans la prod et la réalisation et je lui ai donné les rênes de cet EP même si j’ai co-réalisé avec lui. Nous sommes vraiment allés au bout de cet EP en trio et en studio, nous avons été rejoints par Nicolas Defeudis qui est ingé-son ; une petite famille s’est créé autour de ce projet.

Quelles thématiques y abordes-tu ?

Les chansons de cet EP parlent beaucoup de deuil. Pour moi, « Aurore » et « Flamant Rose » parlent du deuil d’une amie ; j’ai traîné cette chose-là longtemps et écrire ce morceau a débloqué beaucoup de choses. « Le Chant Des Oiseaux Bleus » aborde celui de mon grand-père. « Déterrer l’Or » évoque le deuil de mon enfance car je suis devenu papa ; dans cette chanson, il y a vraiment l’idée de transformation et de changement et de réussir à aimer encore, infiniment et longtemps. « Soleil Feuillu » parle d’amour de manière assez contrastée ; on y retrouve notamment l’aspect un peu impitoyable et militaire de l’amour infini ; je pense que cette chanson ouvre sur autre chose.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Viscéral, mélancolique et profondément nostalgique.

Que représente « Déterrer l’Or » pour toi ?

J’ai l’impression que cet EP est un point de départ. Les suivants ne ressembleront pas à celui-là qui a été enregistré avec un concept précis car il y avait vraiment cette idée de rencontre avec ce piano. Même si j’avais plus de morceaux, j’ai préféré ne mettre que ceux-là dans cet EP afin qu’il y ait un parcours émotionnel cohérent. Ce premier disque m’a donné envie d’enregistrer beaucoup alors qu’auparavant les enregistrements se faisaient en live avec l’intention de les publier ou non. Je me suis rendu compte que je travaillais déjà sur la suite…Ce disque m’a vraiment motivé.

Que symbolise réellement cet or ?

C’est assez difficile pour moi de répondre à cette question car j’ai du mal à m’approprier mes propres symboles car ils viennent complètement de manière instinctive au moment d’écrire. Il n’y a pas eu de calcul au moment de l’écriture de « Déterrer l’Or ». Je sens juste que c’est quelque chose qui me fait vibrer et qui déterre des larmes. Dans « Déterrer l’Or », il y a beaucoup le fait de se mettre à nu, d’aller déterrer la sensibilité, la vérité sensorielle de chacun. Par ailleurs, on retrouve cela sur scène, je n’ai pas de façade, je ne suis pas dans superficialité, je partage vraiment avec l’autre, je vais au contact du public car je n’aime pas que les gens soient en distance.

Peux-tu nous parler de la mise en images du morceau qui donne son nom à ton disque ? Mettre de la danse dans cette vidéo a-t-elle été une évidence ?

Le fait qu’il y ait de la danse dans cette vidéo est tombé comme une évidence mais tard. Avec Jade Le Bloas qui a réalisé ce clip, nous avions bien échangé sur ma musique mais un an auparavant durant la période The Voice car Jade est une amie d’Ofé. Quand j’ai enregistré la première maquette de « Déterrer l’Or », j’ai eu envie de lui envoyer le jour-même et quand elle l’a écoutée, elle m’a dit que c’était la chanson de toute sa vie et que je ne pouvais pas faire le clip sans elle. Ensuite, le projet s’est construit petit à petit, nous nous sommes appelés tous les mois et nous partagions nos idées. Ce clip devait parler des corps car cette chanson aborde notamment le post-partum mais je ne me voyais pas incarner cela a l’écran avec ma compagne. Durant l’été 2023, je me suis rendu à un festival d’artistes à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, j’ai vu la danseuse Louise Hardouin performer et j’ai trouvé cela d’une beauté extraordinaire. Je lui ai juste dit bravo mais je ne lui ai rien proposé sur le moment. Quand la question du tournage le clip s’est posée, j’ai dit à Jade que je pensais à Louise, elle l’a contactée sans rien me dire et Louise a accepté. Ca a été assez incroyable et cela s’est fait très rapidement. Nous avons fait ce clip ensemble alors que nous ne nous connaissions que depuis deux jours et ça a été extraordinaire.  

Que retrouve-t-on principalement dans tes textes ?

Il y a de la poésie dans cet univers surréaliste que je développe ; il monte une réalité sur la réalité. Pour moi, c’est quelque chose qui me paraît puissant et vrai. Comme je suis vraiment fasciné par lien qui lie les êtres vivants ; humains, animaux, végétaux ; quand j’écris chez un peu l’impression de me relier à cela sans vraiment savoir ce que c’est car à ce moment-là, j’ai la sensation de me laisser porter par une vague. J’ai tendance à lire les textes que j’aime à voix haute afin de m’en imprégner, je vois ce qui me fait vibrer car je crois à cette vérité de la vibration, du ressenti et je me laisse guider.

Quels sont les retours les plus fréquents sur tes prestations en live ?

Il est fou ! (rires) Il y a souvent beaucoup d’émotion. En live, il se passe quelque chose, il y a un impact et cela peut gêner certaines personnes ; en général, ça divise dans les extrêmes. En fait, est-ce que les gens vont accepter le voyage ou non car je propose quelque chose de total. Comme je déteste tout ce qui à trait au calcul, je ne sais pas trop moi-même ce qui va se passer, je ne propose jamais quelque chose d’injurieux ou d’irrespectueux mais j’ai tendance à donner énormément ; je m’allonge, je m’assois, je vais dans le public, je chante sans micro…je ne laisse pas vraiment le doute m’envahir à ce moment-là et je créé une relation très forte avec le public, ce qui n’est pas forcément facile d’autant que les gens n’ont pas forcément envie de rentrer dans l’intime vrai quand ils viennent voir un concert.

Quels sont tes prochains projets ?

D’ici la fin de l’année, il y aura une nouvelle live session. Des remixes et des maquettes de l’EP sortiront en début d’année. Le prochain disque est déjà écrit et composé mais il faut choisir les morceaux et les mettre en ordre. Idéalement, il y aura de nouvelles sorties à partir du printemps 2024. En parallèle à tout cela, je suis sur un projet différent en anglais assez expérimental en duo ; nous avons déjà trois morceaux.