Rencontre avec Agnès Aokky au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de l’EP « Paysages Vus En Rêves » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis auteure, DJ, interprète, je bidouille la musique mais je travaille tout le temps de pair avec des beatmakers. Je ne joue pas d’un instrument mais j’ai déjà fait des stages de musique assistée par ordinateur afin de gérer les arrangements et pour préparer mon live. Pour mon projet, j’écris des textes assez poétiques qui sont tantôt scandés tantôt chantés sur de la musique Electro.

Est-ce en mixant les morceaux des autres que tu as eu envie de créer les tiens ou portais-tu en toi l’envie de t’exprimer musicalement depuis longtemps ?

Je pense que je portais en moi cette envie depuis très longtemps et comme j’ai pas mal mixé pendant quelques années, je crois qu’il y avait une forme de frustration. Personnellement, je trouve que créer est plus excitant que de jouer les morceaux des autres même si cet exercice de style est très sympa et qu’il nécessite des qualités d’inventivité. J’avais vraiment envie d’exprimer quelque chose qu’il y avait au fond de moi avec la plume et la musique comme supports.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Poétique, fantastique, onirique, impertinent, décalé et surréaliste.

Musicalement parlant, comment as-tu souhaité « Paysages Vus en Rêves » ?

Chez moi, le mot clé est liberté et quand j’ai fait écouter cet EP à quelques personnes, elles m’ont dit que c’était assez décousu car on ne retrouve jamais le même style musical sur ce disque même si cela reste de l’Electro et c’était souhaité car sinon, je me serais ennuyée profondément. Comme je suis passionnée de musique électronique et d’Electronica, j’ai eu à cœur de jouer avec des styles de musiques électroniques différents. Pour ce disque, j’ai travaillé avec des beatmakers différents ; nous sommes même trois sur le morceau « Pluie Mentholée ». J’aime bien qu’il n’y ait pas de règle. Je peux très bien faire un morceau très Pop Electro de manière un peu plus structurée mais je peux aussi m’amuser à déstructurer une structure classique en la malaxant afin d’en faire autre chose.

Ces paysages qui baptisent ton EP sont-ils concrets, imaginaires ou sonores ?

Intéressant ! Pour ma part, ils sont plus imaginaires et sonores. En ce qui concerne le concret, je dois dire que j’ai du mal avec la matière physique car je suis beaucoup dans le mental. L’imaginaire a toujours été une sortie de secours magique pour moi et d’ailleurs, dans la chanson « Paysages Vus en Rêves », je dis imaginaire mon paradis. Tous ces paysages sont sortis de mon imaginaire car il y a plein d’images qui circulent dans ma tête. La matière sonore que j’adore a été un support afin de donner corps à ces paysages et pour faire rêver les gens aussi. Peut-être que les personnes qui écouteront ce disque vont imaginer des choses très concrètes ; c’est toujours intéressant de laisser libre-court à la réception de chacun/chacune.

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Cet EP est une sorte de patchwork de plein de choses car j’écris de manière automatique ; à part le morceau « Les Filles » car je trouvais que cette thématique était chouette et elle me permettait de parler du désir vers les femmes et de leur côté un peu inaccessible et quand je dis que j’aime bien les filles qui ne savent pas ce qu’elles veulent, je parle de moi aussi. Dans ce disque, on retrouve le thème du rêve ; de quelque chose d’imperceptible. Dans « Mégalomanie », j’aborde ce monde qui est un peu focus sur l’égo, le selfish syndrome, le regardez-moi. En tout cas, il n’y a pas eu de désir d’émettre une thématique précise dans cet EP car ces paysages ont jailli ainsi, il y en a des plus humains et d’autres plus organiques. C’est très mélangé car j’ai écrit les choses à l’instinct. Le titre de cet EP est très significatif.

Vas-tu développer la poésie inhérente à ton œuvre par d’autres biais ?

Pas du tout. D’autres personnes m’ont déjà posé la question mais je n’ai aucun désir à ce niveau-là. C’est vraiment l’expression du texte à travers la musique qui me passionne.

Peux-tu nous parler de la mise en images du morceau « Paysages Vus en Rêves » ?

Quand j’ai contacté Pascal Gary qui a réalisé ce clip, je lui ai envoyé une liste qui contenait les mots nuit, errance, femme qui court, forêt…et à partir de cela, il a créé cet univers visuel. Avec ces images libres de droit trouvées sur Internet, Pascal a imaginé ce mini film assez psychédélique qui ressemble beaucoup à des paysages vus en rêves.

A quoi ressemblent tes performances scéniques ?

Avant le confinement, j’avais commencé à me pencher sur l’aspect scénique avec l’artiste visuel qui a réalisé le clip de « Paysages Vus en Rêves ». Pascal Gary avait projeté des images sur grands écrans et cela avait créé une espèce d’immersion dans d’univers étrange, j’avais trouvé ça génial et ça serait à refaire. J’ai également fait du live seule avec mes machines et mon micro. Je viens de reprendre le coaching scénique avec ma coach qui vient du théâtre et qui du coup me fait des propositions scéniques intéressantes au niveau de l’expressivité corporelle. Lors de mes prestations sur scène, je pense que je vais intégrer à certains moments des performances corporelles totalement libres afin de créer quelque chose qui soit à mon image.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

C’est très éclectique ! Sonic Youth, The Smashing Pumpkins, Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Bobby La Pointe, Mylène Farmer, Aphex Twin, tous les artistes du label Warp dont Boards Of Canada, Plaid et LFO, Philippe Glass, Ryūichi Sakamoto, Niagara, Les Rita Mitsouko, MC Solaar…

Quels sont tes prochains projets ?

L’EP sort le 17 novembre tout comme le clip de la chanson « Les Filles » réalisé par Lidia Leber Terki ; le tournage a été magique, j’ai demandé à plein de copines de jouer dedans. Je travaille avec ma coach scénique afin de préparer un live de 45 à 60 minutes. Les concerts seront plus pour 2024. Je continue d’écrire pour la suite. Il se pourrait qu’il y ait des live sessions…