Rencontre avec Nach afin d’en apprendre plus sur son nouvel album baptisé « Peau Neuve » !
Le titre de ton nouvel album ; « Peau Neuve » ; a-t-il plusieurs sens pour toi ?
Effectivement, ça a d’abord été une peau neuve perso dans le sens où il y a trois ans, j’ai vraiment vécu un chaos ; un bouleversement total ; puisque je me suis séparée d’un homme avec qui j’étais depuis des années, j’ai déménagé, ma tournée s’est arrêtée, je n’avais plus de maison de disque…Je me suis retrouvée dans un moment où il n’y avait plus rien ; c’était une traversée du désert. J’ai décidé de partir dans la nature pendant six mois afin d’écrire et composer ce nouvel album. Mes pas m’ont menée jusqu’au Maroc où je suis allée faire un hammam. Dans cet établissement, une femme m’a lavé le corps, elle m’a enlevé ma peau morte, elle m’a jeté des seaux d’eau et c’est en voyant ma peau partir que j’ai eu une révélation. J’ai pris conscience que j’étais en train de muer, de me transformer. En sortant de ce hammam, j’ai écrit la chanson « Peau Neuve » et j’avais le thème de mon album.
Ce nouvel opus que tu as fait toute seule a-t-il été un « défi » ?
Ça a été vraiment un défi car j’ai décidé de ne pas signer de nouveau en maison de disque, j’ai monté mon label, j’ai écrit, composé et réalisé l’album ; cela faisait très longtemps que j’avais envie de réaliser et de produire mes disques mais je ne m’étais pas autorisé cela car j’étais souvent dans des maisons de disque qui me disait non mais Anna, tu es autrice, compositrice, tu ne vas pas en plus réaliser tes albums. Avec « Peau Neuve », je me suis dit que j’étais capable de tout. J’ai réussi à survivre à ce chaos dans ma vie perso, je peux réussir à réaliser mon album et monter mon label. Je me suis surpassée pour ce disque pour lequel j’ai tout fait, des dossiers de subventions au moindre sticker. C’est un dépassement qui est total et je pense que ce n’est que le début.
Tu as arrangé, réalisé et produit « Peau Neuve » toi-même, t’es-tu formée en autodidacte à tes nouvelles casquettes ?
J’ai fait une formation d’ingénieur du son mais sinon, j’ai appris mes métiers en les faisant ; j’ai été aussi très bien conseillée par des personnes que j’avais appelées. J’ai tout appris sur le tas et encore aujourd’hui, j’apprends des choses notamment par rapport à la distribution. J’apprends tous les jours !
Qu’est-ce qui t’a manqué le plus durant ces périodes de création où tu étais seule dans les montagnes ?
De l’affection car j’étais loin de ma famille et de mes amis. Comme je venais de me séparer, j’avais besoin de me reconstruire dans cette solitude mais en même temps, à certains moments, quand j’étais toute seule au Maroc pendant des mois au milieu de champs d’arganiers et que je ne voyais mes proches que sur des écrans, j’ai eu des moments de solitude et des moments où je sentais que j’avais besoin de chaleur et d’affection. Mais, on rencontre toujours des gens quand on voyage et cela qui est beau, il y a une humanité qui se créé et j’ai fait la connaissance de personnes incroyables. J’ai même rencontré une chienne qui a été mon compagnon de route, elle m’a apporté une présence et elle est restée avec moi tout le temps au Maroc. La vie s’organise pour ne pas te laisser au bord de la route.
Qu’est-ce que cette solitude a infusé dans ton disque ?
Beaucoup de choses. Je me suis demandé ce qui demeurait quand il n’y a plus rien, que ton ancienne vie ; ou ton ancienne peau ; est en train de mourir, il reste juste ta foi et ta force intérieure et c’est cela qui va te permettre de renaître. C’est grâce à ce chaos et à cette solitude que j’ai pu retrouver cette force et aujourd’hui, je suis beaucoup plus forte qu’auparavant.
Quels thèmes abordes-tu dans tes nouvelles chansons ?
Je parle notamment de renaissance, d’espoir, de beauté et de lumière. Il y a beaucoup d’ombre sur ce disque mais surtout pour mettre en valeur la lumière.
Ce nouveau disque se termine sur « Mon Voyage » qui est un morceau instrumental, ce voyage a-t-il été autant géographique qu’intérieur ?
Complètement et j’ai l’impression que le voyage intérieur a suivi le voyage géographique. J’ai commencé ce voyage dans la Drôme, c’était le moment le plus critique car j’étais très mal, j’étais toute seule en plein confinement dans un tout petit endroit. Ensuite, je suis partie dans les Cévennes, l’espace s’est ouvert devant moi, j’avais pour paysage des montagnes magnifiques. Après, je suis allée au Maroc, il y avait l’océan, un autre pays, une autre culture. Quand je suis revenue à Paris, j’ai trouvé un appart et la vie revenait. J’ai l’impression que tout ce chemin initiatique intérieur a suivi ce chemin géographique. Aujourd’hui que « j’accouche » de « Peau Neuve », je reviens dans ma ville et je retrouve une nouvelle vie mais ça n’aurait pas pu se faire avant. J’ai l’impression que tout est aligné.
Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images de la chanson « Peau Neuve » ?
J’ai voulu montrer la résurrection. Tout tourne autour du désert car pour moi, tout y est mort et nouveau à la fois. A l’image, on pourrait croire qu’il n’y a plus rien, que c’est la fin du monde et en même temps, que c’est le premier jour de l’humanité. Pourquoi cette sortie de terre ? Tout simplement car j’avais envie d’aller encore plus profondément ; cela peut être une plante qui sort de terre et qui naît mais aussi l’enterrement qui est le symbole absolu de la mort. J’avais vraiment envie de mettre cela en lumière. Au début du clip, je tombe, je me relève pour retomber comme un enfant qui apprend à marcher, c’est vraiment une nouvelle naissance.
Qu’est-ce qui a été le plus éprouvant pour toi durant ce tournage ?
Tout ! J’avais 150 kilos de sable sur moi, je n’arrivais plus à respirer, j’étais obligée de le faire dans un tuyau. Le sable était tellement lourd que je n’arrivais plus à soulever mon thorax. J’ai eu super peur mais c’est grâce à cet état émotionnel de panique que j’ai pu avoir de vraies émotions ; j’ai vraiment pleuré, j’étais dans un état d’essoufflement et de survie. Je pense que ce clip est réussi parce que j’étais personnellement éprouvée.
Dans « Peau Neuve », tu parles du fait de faire table rase du passé mais si tu devais n’en garder qu’un enseignement, quel serait-il ?
On ne peut pas faire table rase du passé ni nier nos envies du futur ; je pense qu’il faut se concentrer sur ce qui se passe maintenant pour être vraiment heureux ; c’est la seule chose à faire.
Comment vas-tu retranscrire cet album sur scène ?
Comme j’ai à cœur de faire rentrer les gens dans un voyage, ça sera plus qu’un concert, j’ai envie de proposer un véritable spectacle musical. Le public assistera à une renaissance en live. Le travail scénographique et dramaturgique sera très poussé par rapport à cette peau neuve et à cette renaissance. Dans la setlist, on découvrira les chansons de l’album mais également celles d’avant et celles d’après car ça sera une chanteuse qui chante ses morceaux mais il y aura un début, une fin, une résurrection, une transformation et beaucoup de surprises…Au fil du concert, on va découvrir des facettes de ma personnalité ; celle d’une femme qui laisse une vieille peau pour exploser encore plus fort.