Rencontre avec Caro Geryl au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie d’ « Innamorata Di Te » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

A l’origine, je me suis batteuse et en ce qui concerne « Innamorata Di Te », je suis autrice, compositrice et interprète. Cette année, j’ai également co-composé avec Agnès Imbault la musique d’une pièce de théâtre intitulée « Les Frottements du Cœur ». Je fais aussi partie de Dame Chevalier qui est un collectif Pop révolutionnaire ; nous avons sorti la chanson « Riposte » ; crée à partir d’un sample d’Audre Lorde qui est une féministe Américaine noire ; en novembre dernier.

« Innamorata Di Te » parle bien évidemment d’amour mais de quelle manière abordes-tu ce thème universel ?

Si « Innamorata Di Te » aborde le début d’un amour, c’est aussi une réflexion sur le fait que par rapport à la société, ce n’est jamais évident d’aimer quand on est lesbienne, gay ou personne trans car il y a toujours des injonctions. Je voulais que ce titre soit hyper léger ; comme un frottement par rapport la vie ; d’où cette musique Italo Disco et ce truc hyper joyeux que l’on ressent à l’intérieur mais que l’on ne peut pas encore ressentir à l’extérieur à cause notamment des attaques homophobes. Par ailleurs, cette chanson est comme une photographie car on essaie toujours de revivre ce moment-là ; le début avec les étincelles.

Pourquoi as-tu choisi de lui donner un titre en italien ?

Cette chanson a été pratiquement écrite en vacances sur la côte Italienne, le titre est donc venu de lui-même. J’ai des origines Italiennes mais elles sont très lointaines ; en revanche, quand je tombe amoureuse, j’ai systématiquement une playlist de chansons Italiennes car je trouve que ce sont vraiment les meilleurs pour ça. Si je devais écrire ma première chanson d’amour ou de rencontre, ça me semblait évident qu’il y ait quelque chose d’Italien dedans. Pour moi, c’est ce qui résonne le mieux, il n’y a pas de réappropriation culturelle à ce propos.

Quelle est l’histoire derrière cette chanson ?

Quand je tombe amoureuse, je mets ma playlist Italienne et souvent, il y a une chanson qui se rapproche le plus de l’histoire ou de la personne aimée mais bien évidemment, cette chanson n’a pas été écrite pour ou par cette personne. Dans le cas présent, je n’arrivais pas à trouver la bonne chanson et c’est alors que je me suis dit que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et j’ai écrit « Innamorata Di Te ».

Peux-tu nous en dire plus sur Mathilde Viot qui est en featuring sur cette chanson ?

Mathilde Viot intervient au milieu de cette chanson dans le pont, sa voix fonctionnait hyper bien et elle m’a aidée à écrire les phrases en italien car je voulais dire des choses précises mais je ne parle pas suffisamment la langue. Mathilde est autrice, elle a écrit le livre « L'Homme Politique, Moi J'en Fais du Compost » qui est paru en 2022.

Pourquoi as-tu opté pour une mise en images animée de ton titre ?

Même si c’est une histoire d’amour lesbienne au départ, je trouvais important qu’elle soit Queer, transidentitaire et intersectionnel. Je ne me voyais pas une légitimité d’appliquer des quotas sur les figurants, les personnes qui auraient joué dans un clip filmé d’autant que cette chanson raconte quelque chose de personnel. La seule façon pour moi de contourner cela était de mettre en avant des animaux. J’avais à cœur que ce clip parle aux personnes de 7 à 97 ans et même avant. Enfants, nous pouvions nous identifier à n’importe quels animaux dans les dessins animés. Cela permet un transfère ; une identification. Dans cette vidéo, j’avais envie de montrer une agression du monde extérieur d’où l’entrée en scène du dinosaure au milieu du clip.

Le film « Thelma et Louise » est une référence évidente mais y en a-t-il d’autres dans ce clip ?

 « Thelma et Louise » est effectivement une référence évidente, ce film est sorti en 1991 et en 1994, je me souviens avoir lu dans la collection « Que Sais-Je ? » que l’homosexualité était encore considérée comme un fléau social. Ce film a pu être un gros blockbuster car ouf, elles n’étaient pas lesbiennes mais à l’époque, la communauté Queer a bien aimé « Thelma et Louise » car elle avait su lire entre les lignes. Le clip d’ « Innamorata Di Te » a été dessiné intégralement et réalisé par Marjolaine Moulin et on y retrouve de petites références à David Lynch notamment le saloon au milieu du désert. En ce qui me concerne, j’ai choisi une voiture afin de symboliser une course vaine car on n’arrivera jamais à retrouver ce qu’il y avait au départ et cela rejoint cette idée de photographie dont nous parlions précédemment. D’ailleurs, si on regarde bien, à la fin du clip, les animaux ont perdu de leur couleur.

Quel a été le retour de ta compagne quand a elle a écouté « Innamorata Di Te » pour la première fois ?

(Rires) C’est à elle qu’il faudrait poser la question ! Elle ne s’attendait pas à ce que j’écrive une chanson, ça a été une surprise totale, elle a été touchée et elle a adoré.

« Innamorata Di Te » s’inscrit-il dans la lignée musicale de ce que tu as pu faire auparavant ?

J’ai beaucoup œuvré pour d’autres et il y a une sorte de cahier des charges à respecter par rapport à l’artiste pour lequel on travaille ; un univers qui est parfois déjà bien inscrit ; on amène notre touche personnelle mais évidemment, on respecte cela et même s’il y a une créativité, on est presque plus une artisane. Au bout d’un moment, après avoir créé beaucoup pour d’autres personnes, on a envie de faire son propre projet.

Maintenant que ce premier single est sorti, envisages-tu enfin de t’exprimer pleinement en ton nom sur le devant de la scène ?

C’est en cours car j’ai quelques titres dans mes tiroirs. Il se pourrait qu’il y ait un EP qui suive « Innamorata Di Te ». Idéalement, ce disque sortirait durant le premier trimestre 2024.

As-tu d’autres projets à venir ?

Un remix d’ « Innamorata Di Te » réalisé par Claude Violante ; une artiste dont j’adore le travail ; sortira à la rentrée. Avec Agnès Imbault, nous avons créé le duo Beaumesnil et nous aimerions bien développer la musique à l’image et la musique pour le théâtre…