Rencontre avec Gab la Rage au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Problèmes » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis auteur, compositeur et interprète, je fais de la Pop en français ; c’est un terme que j’aime utiliser, il permet de tout englober plutôt que de donner un qualificatif de genre car l’objectif de ma musique est d’être populaire et ensuite, on met les casquettes que l’on veut par-dessus. Au-delà d’écrire et de composer mes chansons, je les produis également ; il y a vraiment une démarche personnelle dans ce projet. Le processus de mise en forme a été un peu long car ces chansons sont nées dans une chambre d’étudiants il y a quelques années mais elles n’ont pas été assumées tout de suite. Je collabore avec HDX notamment sur la partie arrangements et je les accompagne en studio et en live. Si je suis multi instrumentiste, je joue principalement de la guitare et de la basse.

Y-a-t-il un personnage et/ou un concept derrière Gab la Rage ?

A l’origine, il n’y avait pas vraiment de concept ou de personnage prédéterminé. J’écris des chansons qui sont globalement assez mélancoliques, tristes ou alors un petit peu cyniques, elles ne renvoient pas forcément une image très énervée surtout dans le style de musique et je trouvais ce décalage assez cool. Au fil du temps, des facettes de ma personnalité se sont retrouvées dans ce personnage qui me représente moi-même. Transformer des petits moments de vécu en quelque chose d’universel, c’est ce qui fait pour moi la beauté de la musique. Il y a des choses qui m’énervent moi personnellement en tant qu’individu, j’ai envie de les retranscrire en chansons en les rendant universelles et c’est en cela que l’on pourrait voir un personnage en Gab la Rage.

« Je Ne Comprends Rien » paru en début d’année synthétise-t-il la direction musicale mais également ce que l’on retrouve généralement dans ton écriture ?

Je pense que c’est vraiment une écriture de l’intime qui ne se dit pas trop. Dans mes textes, j’essaie de partager des choses très personnelles et introspectives mais qui peuvent trouver écho chez les personnes qui les écouteront. Je n’ai pas vocation à écrire des textes avec une grande portée littéraire, j’ai à cœur que cela reste de la chanson et que ce soit accessible mais en même temps, je suis guidé dans cette écriture par des auteurs de l’intime comme Georges Perec notamment. « Je Ne Comprends Rien » jette vraiment les bases. Je vois ce disque comme une carte de visite. Les chansons qui composent cet EP ont été écrites sur un laps de temps assez long ; environ un an et demi ; il y a différentes périodes et différents styles sur ce disque court qui ouvre le champ des possibles.

Que t’a permis de comprendre ce premier EP d’un point de vue artistique ?

C’est surtout le processus de construction de cet EP qui a été assez long qui m’a permis de définir ce que je voulais être d’un point de vue artistique. J’ai écrit la chanson titre de cet EP sans trop me poser de questions sur ce que c’est qu’être un artiste ; c’était vraiment spontané ; et ce côté personnage désabusé est ressorti dans les retours que j’ai pu avoir, on m’a dit que c’était un peu cela la singularité. Je me suis rendu compte que c’était cela que je voulais pousser dans la dimension artistique. Par ailleurs, cet EP m’a permis de me rendre compte de ce que c’était qu’enregistrer et mixer un son de manière professionnelle tout en le faisant majoritairement seul. J’ai pu également voir dans quel style je me sentais le plus à l’aise pour écrire des chansons.

Pourquoi as-tu fait le choix de proposer du neuf rapidement, en l’occurrence un nouveau titre intitulé « Problèmes » ?

Il y a plusieurs raisons à cela. Comme ce premier EP s’est construit dans le temps, je voulais bien évidemment  le défendre mais aussi ne pas m’arrêter là. J’écris en permanence et j’ai très envie de présenter de nouvelles chansons. Grâce à HDX, j’ai rencontré Juan Jonquères d’Oriola qui a réalisé le clip de « Problèmes ». Juan est venu à l’un de mes concerts, il a vraiment aimé ce titre et cela a accéléré la démarche car j’avais déjà dans l’idée de sortir ce titre en single après l’EP mais je ne savais pas encore quand. Avoir un visuel solide était ce qui me manquait sur cette carte de visite que nous évoquions un peu plus tôt. En tout cas, j’ai plein de morceaux dont je suis très content en stock, j’ai très envie de les défendre sur scène car je suis vraiment plus dans cette démarche-là plutôt que de faire des TikTok.

De quoi parles-tu dans cette chanson ?

Cette chanson parle du fait que l’on doit toujours être à l’écoute des problèmes des gens dans notre entourage ; proche ou moins proche ; car c’est une norme sociale comme une autre et entre les lignes, il y a aussi l’évocation d’un amour raté du fait de l’hyper individualisation de la société.

Peux-tu nous parler de sa mise en images ?

Initialement, j’avais l’idée de faire une mise en images autour d’un personnage de psy et il se trouve que Juan qui a réalisé ce clip avait la même. Le courant est vraiment passé. Le plus important pour moi était de renvoyer cette image un peu désabusée, cynique mais pas défaitiste du personnage. Ce psy qui se fout de ses patients mais qui est tout aussi névrosé qu’eux était une bonne manière de représenter cela. En revanche, il y a un coté fiction dans ce clip, ce n’est pas du lifetime, ça ne met pas en valeur le personnage dans son environnement mais je trouvais que c’était une bonne façon de présenter la chose.

Tu n’as pas eu vocation à devenir psy toi-même ?

Pas du tout ! Je ne suis pas très familier de ce monde-là. Ca a été un hasard et cela explique qu’il y a peut-être quelques clichés un peu balourds dans le clip. C’est de la fiction.

« Problèmes » est-il adressé à quelqu’un en particulier ou l’as-tu imaginé de façon plus universelle ?

Je pense que toutes mes chansons sont adressées à des personnes, cela varie, mais elles ont une vocation universelle. J’ai besoin d’écrire des chansons, c’est thérapeutique, c’est un exutoire mais en même temps, je n’ai pas envie de parler de moi, j’ai à cœur que ça parle aux gens. J’ai le souhait de partager cela avec eux.

Que retrouve-t-on principalement dans ton univers ?

Un côté cynique, un coté jeune urbain désabusé, le manque de confiance en soi, le sentiment de n’être jamais à la hauteur ; de ne jamais être satisfait de ce que l’on est ; de la mélancolie, de l’introspection, du questionnement intérieur.

Qui peuple ta culture musicale ?

The Beatles ; c’est le groupe que j’ai le plus écouté depuis mes 7 ans ; David Bowie qui est vraiment un exemple, Stevie Wonder pour le côté rythmé, musical et parfois très complexe, Prince surtout pour la dimension tout fait tout seul que je trouve assez exceptionnelle, Gainsbourg, Debussy, Ravel, Bill Evans et Herbie Hancock.

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais sortir une série de singles ; normalement trois ; à partir de la rentrée. Il devrait y avoir du live sur Paris et sur Grenoble ; ville d’où je suis originaire ; mais je n’ai pas encore de dates à annoncer pour le moment.

Ces singles à paraître et « Problèmes » seront-ils réunis sur un second EP ?

Non, je ne pense pas. Dans le monde d’aujourd’hui, quand on sort de la musique et que l’on n’est pas encore connu, publier un EP, ça donne parfois l’impression que l’attention ne se porte pas sur l’ensemble des chansons et qu’il n’y a que le single qui ressort et je trouve ça cruel. Il va d’abord y avoir cette série de singles, puis un EP probablement début 2024 et en parallèle, je suis en train de jeter les premières pierres de ce qui pourrait être un album. Vu que j’ai du stock, j’ai envie de donner sa chance à chaque chanson sans dévoiler tout de suite celles qui ont du potentiel en tant que singles.