Rencontre avec Carly Blackman au Studio Luna Rossa à l’occasion de la mise en images de l’intégralité des clips de « Journey To The End Of The Waves » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis une artiste pluridisciplinaire originaire de Dublin. Je suis scénariste et réalisatrice pour le cinéma, je fais notamment du cadrage, du montage, je m’occupe de la direction artiste et je fais aussi beaucoup de photo car j’adore tout ce qui est visuel. En ce qui concerne la musique, je suis auteure, compositrice et interprète. Je joue de la guitare et du piano.
Comment est née l’idée de composer un album conceptuel ?
« Journey To The End Of The Waves » est un jeu de mots en rapport avec « Voyage Au Bout De La Nuit » de Louis-Ferdinand Céline. J’ai changé le mot nuit en vagues car pour moi, elles représentent les ondes musicales mais aussi les vagues de la mer. Ayant grandi à Dublin, la mer représentait un espoir de quelque chose d’autre au-delà de cette étendue maritime ; c’est quelque chose de très fort chez les Irlandais. Commencer à un point et terminer à un autre, faire comme une boucle, c’était un concept intéressant à mes yeux et j’ai décidé de le développer sur ce disque. Il y a l’idée de faire le point entre l’imaginaire et le monde réel ; l’inconscient et le conscient ; sur cet album car je suis cette fille qui rêve de voyages durant son adolescence dans sa chambre à Dublin ; de par des influences musicales telles que The Beach Boys, The Beatles ou la musique Bossa Nova du Brésil ; ça bouillonne et ça élève mon imaginaire, ça me pousse à voyager, à découvrir autre chose mais finalement, je retourne à moi-même. Pour simplifier les choses, j’ai même dit à des amis que j’espérais que cet album allait mener des personnes dans un autre espace au moment du coucher.
As-tu d’abord écrit « un scénario » avant de te pencher sur les textes des chansons qui composent « Journey To The End Of The Waves » ?
Non, j’ai regroupé plein de chansons individuelles pour faire le tout.
Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?
Il y a beaucoup de chansons d’amour sur ce disque. Je parle aussi d’attente, de la peur d’être mal comprise, du fait de flatter et de rabaisser comme le font les pervers narcissiques…J’ai l’impression que chaque chanson parle d’un aspect que l’on peut avoir dans différents types de relations.
Pourquoi as-tu pris le parti de mettre tous les titres de cet album en images ? Était-ce pour appuyer le propos ou en proposer des variations ?
C’est une bonne question car habituellement, on fait des clips pour essayer d’attirer un plus grand nombre de personnes vers une chanson en composant un univers autour et cette idée de toutes les mettre en images est née grâce à mon amie Anna Medveczky qui a écouté ce disque avant qu’il ne sorte, elle était dans sa chambre dans les Cévennes durant la période estivale et quand elle est rentrée à Paris, elle m’a dit qu’il fallait que l’on fasse quelque chose ensemble sur une chanson et très vite, on s’est dit que ce serait génial de tourner des clips pour tous les morceaux de l’album. Nous avons écrit l’histoire sur une serviette du bistro Le Saint-Gervais ; je me rappelle très bien de ce jour.
Comment le tournage s’est-il organisé ?
Nous avons trouvé une caméra, des acteurs, nous nous sommes organisés et nous sommes partis deux semaines plus tard dans les Cévennes. Le tournage s’est déroulé sur sept jours ; à l’exception de mini bouts qui ont été filmés à Los Angeles, Paris et Cannes et nous les avons insérés après. Nous nous sommes beaucoup amusés durant ce tournage même si nous nous levions très tôt chaque matin. Anna allait dans le grenier de sa grand-mère et elle nous ramenait des costumes qui provenaient de festivals ou de tournages réalisés notamment dans les années 60. Nous trouvions des thématiques et nous appliquions cela aux chansons. Par exemple, le clip de « No Good Girl » met en scène deux bourgeoises sur un bateau qui sont attaquées par des pirates, nous l’avons tourné au milieu d’une forêt, j’ai été étonnée dans un premier temps mais Anna savait exactement ce qu’elle faisait et du coup, je n’avais plus qu’à cadrer et à donner des indications de tournage. J’ai filmé 90% de ce projet. Le groupe d’acteurs dormait sur place, nous étions tout le temps ensemble, cela nous a permis de tourner rapidement dès que nous avions une idée. C’était un peu comme un atelier de théâtre.
Quel est ton premier souvenir lié à « Voyage Au Bout De La Nuit » de Céline ?
En fait, je n’ai jamais terminé ce livre. Quand je suis arrivée à Paris, j’avais un ami très littéraire qui étudiait à La Sorbonne et il m’a offert « Voyage Au Bout De La Nuit » dont il me lisait des passages en français, il essayait de me faire comprendre les subtilités de cette œuvre. Je me suis rendu compte que j’avais offert la version illustré de ce livre à quelqu’un cinq ans auparavant quand j’étais étudiante. Il y a une sorte de mouvement hyper attirant comme langage dans « Voyage Au Bout De La Nuit » qui a inspiré les artistes de la Beat Generation et moi-même également.
Comment qualifierais-tu l’univers de ton second album ?
Romantique, un peu cynique, féministe, psychédélique et mystique.
Comment imagines-tu le troisième ?
C’est fou comme question car j’avais presque envie que tu me la poses ! Pendant le confinement, j’ai ressenti le besoin de m’exprimer, j’ai écrit une quarantaine de chansons et je me suis aperçue qu’elles avaient toutes en commun le fait d’être très dans l’urgence, chargées émotionnellement et très crues en comparaison à mon second album. Pour le moment, ce disque s’intitule « A Recovering Love Addict » ; c’est peut-être un titre provisoire ; idéalement, il sortirait dans quelques mois…
Qui retrouve-t-on dans tes références musicales ?
Ma grande sœur qui était pianiste classique avait des goûts très éclectiques, j’ai découvert Rachmaninov , Fauré et Debussy grâce à elle mais aussi la musique Brésilienne ; la collection Blues Brazil ; ma sœur était obsédée par Vladimir Cosma, nous avions donc les bandes originales des films des années 60. De mon côté, j’ai toujours adoré écouter du Jazz ; Chet Baker, Julie London ; de la Dreampop ; Grizzly Bear, Beach House, Fleet Foxes ; mais aussi du Rock ; The Kinks, The Beatles, Small Faces.
Quels sont tes prochains projets ?
Je pourrais potentiellement lancer un premier extrait de mon troisième album prochainement mais tout va dépendre de la direction artiste de ce disque ; idéalement, d’ici la fin de l’année. J’ai écrit un long-métrage qui va se tourner d’ici la fin de l’été ; c’est une comédie musicale dont j’ai composé les musiques. Je vais réaliser ce film moi-même, Stella Lelouch aura le premier rôle, elle incarnera une chanteuse qui arrive en France et qui rêve d’être musicienne ; c’est un peu moi quand j’étais plus jeune.