Rencontre avec Almée au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteure, compositrice et interprète. Je joue du piano depuis l’âge de 4 ans. Si j’ai toujours écrit des textes, il m’a fallu fort longtemps pour me dire que je pourrais faire des chansons. J’écrivais des poèmes que j’affichais dans Paris ; c’était hyper chouette car grâce à cela, j’ai rencontré beaucoup de poètes et d’écrivains qui flânaient dans les rues de la capitale. De fil en aiguille, ces poèmes sont devenus des chansons puis des singles puis un premier EP de six titres qui vient de sortir et sur lequel j’ai travaillé avec ALB/Clément Daquin. En plus de la musique, je fais un Podcast depuis quelques années, j’interviewe des gens sur les thèmes de mes chansons, les questions sont assez ouvertes, chacun a la liberté de me raconter ce qu’il veut et ensuite, je fais un montage que j’habille avec la musique du titre. Je fais un épisode en miroir de chaque titre de l’album et cela s’appelle « Etats Sonores ».
Comment vois-tu l’évolution de ta musique depuis la parution de « Préliminaires » en 2020 ?
Avec Clément, nous avons enrichi la base piano-voix de mes chansons avec des synthés, de la batterie et des boîtes à rythmes qui sont en lien avec la manière dont je joue en live puisque je suis au piano et je suis accompagnée d’une batteuse.
Tu as partagé un titre en duo avec Léonard Lasry, cette rencontre artistique a-t-elle eu une influence sur la composition de ton premier EP ?
Léonard est un artiste merveilleux que j’admire beaucoup pour son travail, j’ai adoré collaborer avec lui et j’ai très envie que l’on continue à le faire. Quand je l’ai rencontré, j’avais déjà terminé le premier EP et nous n’avons donc pas eu l’occasion de travailler ensemble dessus. En revanche, je lui ai envoyé des titres quand nous étions dans la phase de mixage, il me faisait parfois des retours dessus et c’était chouette ; ce n’était donc pas au niveau de la compo mais plus des directions sur les dernières touches à mettre à l’œuvre. J’aimerais beaucoup faire quelques titres avec Léonard sur l’album que je prépare actuellement.
Que représente ce premier EP pour toi ?
Je pense que ce premier EP est comme un book qui pose les bases de ce que j’ai envie de faire. J’ai eu l’opportunité d’explorer des choses différentes grâce à ces six titres notamment le parlé-chanté mais aussi des choses plus vocales, faire un morceau plus Electro et un autre plus acoustique et j’ai envie de conserver cette richesse-là dans l’album. Je pense que nous avons approfondir cette direction.
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
Il y a un côté littéraire ou poétique car j’aime beaucoup le texte, les mots et leurs sonorités. Dans ce que je fais ; dans ce que je cherche ; il y a quelque chose en lien avec le mysticisme/la spiritualité. Il y également un côté authentique, sensible et découverte de soi.
De quoi parles-tu sur ton premier disque ?
Ce disque parle de désir à la fois amoureux et dans l’affirmation de soi ; de trouver ses désirs et de s’autoriser à les suivre. Cet EP aborde également la reliance entre les êtres humains ; le titre « La Source Vive » traite de ces inconscients qui se parlent. On retrouve aussi le thème de la famille et ce qui se transmet de génération en génération. Par exemple, j’ai écrit « Odessa » en allant dans cette ville qui était celle de la famille de grand-père ; il y avait cette idée de revenir sur les traces du passé.
Que retrouve-t-on dans ton écriture ? Y-a-t-il souvent une part autobiographique ?
J’écris beaucoup sur ce qui m’arrive et je trouve que la musique est un espace de réflexion sur cela. Ce n’est pas forcément que des événements biographiques factuels mais plutôt des états d’âme. Pour l’instant, je n’ai pas inventé des histoires mais c’est peut-être quelque chose que je ferais à l’avenir. Dans l’écriture de l’album à suivre, je vais peut-être développer des figures de femmes qui m’intéressent.
Peux-tu nous en dire plus sur le texte parlé développé tout au long de « C’Est Vrai » ?
La voix qui est samplée dans « C’Est Vrai » est celle de mon grand-père qui était un résistant juif qui a été arrêté et déporté à Auschwitz où il est resté deux ans ; ce qui était considérable pour cette époque ; et il en est revenu. Quand j’ai voulu aborder ce sujet, j’ai repris quelques paroles qui venaient vraiment de lui et ensuite, j’ai écrit un texte qui était à la fois vraiment en lien avec lui, la perte de l’oubli de la personne aimée mais aussi celle de l’histoire dans son tragique qui fait qu’elle peut se répéter. Le texte parlé vient d’une interview de mon grand-père qui avait été faite par la USC Shoah Foundation qui a été fondée par Steven Spielberg ; cette fondation a beaucoup œuvré pour la transmission de la Shoah. J’ai écrit ce titre à la suite d’un voyage à Auschwitz en 2021 et ensuite, je me suis plongée dans des recherches, des lectures, des visionnages et je suis allée au Mémorial de la Shoah qui est un fond vraiment important de témoignages, j’y retrouvé celui de mon grand-père ; j’avais vu cette interview quand j’étais adolescente ; et j’en ai pris des extraits.
Qu’as-tu voulu montrer à l’image dans le clip de cette chanson ?
Pour ce clip, j’ai œuvré avec le réalisateur Carol Teillard d'Eyry dont j’avais beaucoup aimé le regard lors d’un tournage auquel je participais. Dans une revue, je suis tombée sur un article qui parlait de la Cardistry qui est l'art de la manipulation de cartes ; ça se rapproche de la prestidigitation mais ces mouvements d’agilité avec les cartes n’ont pas vocation à faire disparaître quoi que ce soit. C’est vraiment le geste pour le geste. C’est ce qui m’a happée au départ et donné envie de faire ce clip. Il y avait ce geste répétitif comme cette répétition de l’histoire ; comme si cette personne qui tient les cartes était une allégorie du destin qui tire les cartes. Quand on est face à des événements aussi tragiques que la Shoah notamment, on est complètement démuni et on se demande ce qui se passe et les cartes me sont apparues comme une manière de mettre cela en images avec un certain décalage. Après est venue l’idée d’avoir des danseurs et d’incarner cela avec le lien entre ces cartes qui viendraient contraindre les corps ; les mouvements des corps sont conditionnés par les cartes jusqu’à ce que les personnages arrivent à se libérer de cette emprise.
Comment est née ta collaboration avec Tamar Su et Alice Rémy sur « Léviathan » ?
« Léviathan » est une reprise de Flavien Berger. Ce titre a été une claque monumentale, je l’ai écouté en boucle, et j’ai voulu en faire une version acoustique avec de l’hébreu. Marie-Caroline Dony avec qui je bossais à l’époque m’a mise en contact avec Tamar en me disant qu’elle connaissait une chanteuse Israélienne hyper douée qui pourrait m’aider à écrire car je ne parle pas hébreu. Ensuite, nous nous sommes dit que ça serait super de faire cette chanson à trois voix. J’ai proposé à Alice Rémy que je connais depuis des années et qui a une voix absolument sublime de nous rejoindre et elle a accepté.
Quels sont tes prochains projets ?
Je joue le 17 mai à La Dame de Canton, c’est un co-plateau avec Olybird, Thibault Eskalt et Victor Marichal. Une release party aura lieu début juin à Paris. Au mois d’août, je serai présente au festival DécOUVRIR à Concèze en Corrèze. D’autres dates sont en préparation. Une session live de « Préliminaires » sortira cet été. Je vais également continuer mon Podcast. Un titre inédit devrait voir le jour à l’automne. Je continue à travailler sur l’album que j’imagine sortir idéalement fin 2024/début 2025. Quelques titres arriveront avant car je n’ai pas envie de rester trop en silence.
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