Retrouvailles avec REB au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Ton premier EP s’intitule « L’Homme », ce terme est-il à prendre de manière intime ou de façon plus universelle ?
Ce terme, tout comme la chanson qui donne son nom à l’EP mais également tous mes titres, vient de quelque chose d’intime. J’évoque des choses que j’ai vécues, des choses que je ressens, et j’espère que la portée va au-delà de ma propre expérience. J’ai à cœur que mon propos puisse parler à d’autres personnes, que cela résonne en elles, que ça puisse les libérer ou leur faire ressentir des choses fortes.
« L’Homme » est également le titre de l’une de tes chansons, est-elle autobiographique ou est-elle née d’un constat après avoir échangé avec des amies ?
Ce titre est vraiment celui qui est le plus important pour moi. Toutes les histoires de mes chansons sont intimes mais dans celle-ci, il y a comme un cri de révolte. « L’Homme » est ma chanson la plus engagée. J’ai conscience des inégalités femmes-hommes depuis très jeune ; c’est quelque chose que j’ai observé même très petite dans la cour de récréation où les garçons prenaient toute la place et où les filles étaient coincées contre le mur. Quand j’étais petite, je voulais être un garçon. Je me suis coupé les cheveux très courts et j’étais la seule fille de l’équipe de foot de l’école. On me disait que j’étais un “garçon manqué” et ça me faisait plaisir. A posteriori, je pense que je n’avais pas le désir d’être un homme mais que j’avais intériorisé le fait que ça avait plus de valeur d’être un garçon. J’avais compris que les garçons avaient plus de pouvoir et qu’ils pouvaient prendre plus de place. Dans ma vie d’adulte et professionnelle, j’ai été confrontée ou ai été témoin de remarques et comportements sexistes. Toutes les femmes que je connais ont vécu cela, dans leur vie personnelle et professionnelle, à différents niveaux. Évidemment, nous avons fait beaucoup de progrès ces cinquante dernières années, mais on est encore loin d’une situation d’égalité.
Suit-on un cheminement tout au long de ton EP ?
Ce cheminement est celui que j’ai fait moi-même ces dernières années. Dans cet EP, on retrouve ce que j’ai pu ressentir et comment j’ai extériorisé cela en paroles et en musique. “Cheminement”est vraiment le terme adéquat puisque j’ai sorti plusieurs morceaux et à chaque fois, chacun de ces titres racontait où j’en étais dans ma vie. Sur ce disque, on suit le cheminement des émotions que j’ai pu traverser ces dernières années.
Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque court ?
Cet EP est une exploration d’émotions. Je raconte des histoires que j’ai vécues et cela passe par un prisme assez précis de situations et de détails. Certaines chansons parlent d’amour, de relations, de mélancolie… C’est drôle, certaines personnes ont perçu « L’Homme » comme une chanson qui parle de relation amoureuse, alors que je ne l’ai pas du tout pensée comme cela ; j’adore le fait qu’il puisse y avoir plusieurs lectures, que chaque personne puisse se projeter dans les chansons en fonction de son histoire.
Toi qui chantes « Saint-Pancras », peux-tu nous dire quelle est ton histoire avec Londres ?
J’ai vécu à Londres pendant un an durant mes études et j’y suis retournée à plusieurs reprises. C’est une ville que je trouve hyper intéressante, elle est à la fois froide, industrielle, dure, même au niveau architectural, tout va super vite et en même temps, il y a une excentricité assez exceptionnelle que je n’ai jamais retrouvée ailleurs. On peut être qui on veut à Londres, il n’y a pas de limite. C’est très agréable pour moi, ce sentiment de liberté stylistique et cette créativité qu’on croise un peu partout.
Trois singles sont sortis en amont de ton EP, était-ce une évidence pour toi que chaque chanson serait mise en avant ?
Je voulais mettre ces trois chansons en avant afin qu’elles puissent vivre indépendamment. J’avais envie que chacune ait son univers visuel. Je suis très contente que « L’Homme » et « Drôle De Peine De Cœur » sortent en même temps car ces deux chansons sont très fortes, très personnelles et très différentes. Ces deux chansons sont aux antipodes l’une de l’autre. « L’Homme » est assez révoltée, dansante, disco, c’est celle qui est la plus électro alors que « Drôle De Peine De Cœur » est la plus lente, épurée, elle est recentrée sur le piano qui est mon instrument à la base ; je suis revenue au plus simple et au plus profond sur ce titre.
Par quel mot ou adjectif résumerais-tu ton premier EP ?
“Souffle”. Pour moi, c’est une reconversion, un nouveau souffle : pendant longtemps, j’avais mis la musique de côté. Sortir un EP, faire de la musique en général, prend beaucoup de temps et d’énergie et en même temps, ça donne un souffle immense.
Pour en revenir au titre de ton disque, qu’est-ce qui est primordial pour toi chez un homme ?
La faculté à ne pas se prendre au sérieux ; c’est quelque chose que je valorise pas mal chez les êtres humains en général mais peut-être plus particulièrement chez les hommes ; avoir une certaine légèreté, avoir travaillé sur son égo et l’avoir bien remis à sa place, la capacité d’introspection et de se comprendre sont des choses importantes pour moi. La vulnérabilité d’un homme, son envie et sa capacité à comprendre ses émotions dans le but de les partager comptent également pour moi.
D’un point de vue plus généraliste, qu’est-ce qui, selon toi, fait défaut à l’homme avec un grand H à l’heure actuelle ?
Je pense que ça ne nous ferait pas de mal de revenir à un peu plus d’altruisme, d’empathie, de nous décentrer afin de regarder l’autre. A l’heure actuelle, on regarde les autres avant tout en se comparant. Je pense que la vraie considération de l’autre avec le désir de se porter mutuellement fait peut-être défaut de nos jours alors que ça pourrait tou.te.s nous épanouir.
Es-tu encore en train de construire le live pour défendre ce disque ou as-tu déjà trouvé tes marques ?
Le live a beaucoup évolué depuis le début. J’ai commencé en étant seule en scène avec mon clavier et une boîte à rythme et de fil en aiguille, j’ai testé différents formats. Lors de mon récent concert au Pop Up du Label, j’étais accompagnée de deux musiciennes ; une claviériste et une batteuse ; et pour la release party de mon EP, un bassiste a rejoint le groupe. Cela me permet de m’extraire du clavier sur certaines chansons, me recentrer sur le chant, l’interprétation, mais aussi bouger et interagir avec le public. J’aime beaucoup cette configuration avec des musiciens mais je suis aussi super contente d’avoir commencé seule sur scène car c’est une formule que je peux avoir si nécessaire ; ça me permet d’être flexible.
La suite de cet EP est-elle déjà en cours d’écriture ?
Oui, j’ai commencé à composer d’autres chansons. Pour l’instant, je compose et j’écris sans m’autocensurer, sans penser à des formats. Je me laisse du temps et de l’espace pour être créative. Maintenant que j’ai sorti mon premier EP, je vais pouvoir me plonger dans la composition et cela me ravit !
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