Retrouvailles avec Pascal Rod au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de son nouveau titre intitulé « Eldorado » !
Quels ont été les principaux retours sur ton EP « Je Te Laisse La Laisse » paru il y a un an ?
Plutôt très bons et cela m’a permis de faire de belles scènes. J’ai notamment participé au très beau Festival Au Fil Du Son ; dans ma région ; en première partie de Louis Bertignac et de Cali. C’était vraiment une grande scène et cela m’a rappelé de très bons souvenirs de tournées. J’ai été playlisté sur France Bleu Poitou, j’ai eu pas mal de streams sur les plateformes avec cet EP et ça m’a encouragé à continuer. Comme je dis toujours, je suis un artisan et ça se construit doucement mais sûrement.
Qu’est-ce qui a fait que tu aies eu envie de développer rapidement du neuf ?
Peut-être que c’est rapide pour toi mais ça ne l’est pas pour moi ; j’adore écrire des chansons, je le fais tous les jours et on a toujours envie de les produire et de les faire écouter, c’est donc toujours trop lent d’autant que c’est un processus qui prend du temps.
Pourquoi as-tu choisi d’aller dans une autre direction musicale sur « Eldorado » ?
Même si je suis guitariste et que je me suis formé à travers le Rock Anglais et Américain, j’écoute quand même beaucoup de choses différentes et j’ai à cœur d’offrir d’autres univers aux gens qui m’apprécient. Par ailleurs, j’ai laissé beaucoup plus la bride sur le cou à Pierre Jaconelli qui a réalisé l’enregistrement de ce titre et des prochains. Pour le coup, nous étions restés très proches de ce que j’avais déjà arrangé pour l’EP alors que pour « Eldorado », Pierre a pu me proposer plus de choses. Comme c’est une composition qui incline à aller facilement sur des rythmes latins ou exotiques, j’étais d’accord pour faire ce style de rythmique plutôt chaloupée qui est assez éloignée du premier EP.
Quel a été le déclic pour écrire un morceau plus engagé et moins personnel ?
C’est la conjonction de beaucoup de choses. Tout d’abord, les images de Lampedusa ou de Calais que tout le monde voit au JT. A l’époque où j’ai écrit cette chanson, il y a deux ou trois ans, je faisais pas mal d’allers-retours entre mon petit village du Poitou et Paris et je dois dire que c’est toujours un choc de voir tous ces gens qui dorment dehors dans la capitale. Par ailleurs, il y avait l’hystérie que provoque ce sujet à chaque élection présidentielle ; la montée de l’extrême droite, plus cette fois-ci Zemmour.
De quelle manière as-tu voulu aborder le quotidien des migrants ?
Dans cette chanson, je m’interroge sur le fait que notre pays puisse encore rester un eldorado ; dans le sens de fantasme ; pour quelqu’un qui fuit son pays et qui veut se réinventer une vie. Comme on dit, c’est assez ethnocentré car c’est la réflexion d’un Français en France ; de quelqu’un qui a un toit et qui remplit son frigidaire ; quelqu’un de « riche » par rapport à ces gens. Est-ce que ces personnes savent où elles mettent les pieds si tant est qu’elles y arrivent…Avec cette chanson, je m’adresse un peu aussi un peu aux gens qui sont vent debout devant l’immigration car le conflit ukraino-russe nous l’a montré, ça pourrait peut-être nous arriver. Je pense que s’ils vivaient ne serait-ce qu’une nuit dehors, ils auraient un jugement un peu plus empathique sur ces gens.
Peux-tu nous parler de la mise en images animée d’ « Eldorado » ?
J’ai en tête depuis longtemps de faire un clip en animation 2D en noir et blanc avec un trait très fin car c’est une technique que j’aime beaucoup. Sur Instagram, j’ai découvert le travail de Paul Lejeune. J’ai vu le clip qu’il avait réalisé pour la chanson « Wall of Doubt » de Matthew Solberg et j’ai bien aimé son trait minimaliste. J’ai toujours des clips très précis en tête et je donne toujours des directions aux réalisateurs. Je ne sais pas dessiner mais je sais expliquer les images que j’ai en tête mais comme cela est l’objet d’une collaboration, je laisse toujours de la place pour que le réalisateur s’exprime. Paul a mis sa patte personnelle et je suis très content du résultat.
Y-aurait-il d’autres sujets politico-sociaux qui pourraient t’inspirer des textes ?
Oui mais je freine un peu la machine car je me rends compte que l’on peut vite être exposé et catalogué. Je pense qu’il faut le faire d’une façon subtile. Nous sommes quand même dans un pays avec des soubresauts sociaux importants…Je suis un urbain qui vit à la campagne et je suis témoin de la problématique rurale. Je vois les deux facettes. Il y a vraiment des niveaux parallèles en France avec des gens qui pensent et vivent différemment et ça manque de dialogue comme toujours.
Qu’annonce « Eldorado » ?
Plusieurs nouveaux titres ainsi qu’un disque plus long sur lequel on retrouvera également les trois singles extraits de l’EP.
Musicalement la suite va-t-elle être dans la lignée de ce titre ?
Deux titres à paraître resteront dans la veine du premier EP et un autre sera sur un autre aspect de ce que j’aime.
Vas-tu aller encore plus loin avec ce titre en t’associant avec des organisations afin de sensibiliser le public à ce sujet ?
Si une association veut que je vienne chanter gratuitement pour remplir une petite caisse pour les migrants, je suis prêt ; même avec d’autres qui seraient concernés par le propos et j’en connais. Étonnamment, il y a un centre de migrants dans ma campagne, j’ai des amis qui y sont bénévoles et je connais donc un peu la problématique.
Jusqu’à présent, ton « eldorado » se situe dans la Vienne, pourrais-tu le quitter pour Paris à cause de la musique ?
Je suis un môme de banlieue, j’ai vécu plus de cinquante ans à Paris, c’est donc le chemin inverse qui a été fait pour des raisons personnelles. Je suis attaché à mon village, à la campagne mais nous pouvons bouger du jour au lendemain avec ma femme mais pas pour Paris, nous irons où le vent nous mènera…