Rencontre avec Simon de Station 44 au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Bleu » !
Peux-tu présenter Station 44 à nos lecteurs ?
Station 44 est un duo Electro-pop avec de multiples références parmi lesquelles on retrouve la musique Jamaïcaine, la Pop Anglaise, la Dream Pop et la Synthpop. Notre idée au départ était de synthétiser et de faire vivre ensemble toutes ces références. Le projet existe depuis 2019 mais nous travaillons ensemble depuis bien plus longtemps. Avec Anouk, nous sommes tous les deux auteurs et compositeurs de quasiment tous les morceaux ; sauf à de très rares exceptions. Anouk chante et elle joue de la guitare et des claviers. Pour ma part, je chante et je joue de la basse et des claviers. En parallèle à Station 44, nous avons tous les deux d’autres projets musicaux ; Anouk est dans un autre groupe et moi, je continue à suivre des cours de musique électronique au conservatoire d’Agen et je fais également du sound design.
Comment vous êtes-vous rencontrés ? Quel a été le déclic pour créer ce duo ?
Nous nous sommes rencontrés au collège en 6ème à côté d’Angoulême. Nous étions ensemble en cours mais également à l’école de musique. Quand nous étions adolescents, nous avons eu un groupe de Rock pendant cinq-six ans. Ensuite, à 17 ans, nous sommes partis sur nos études supérieures ; Anouk plutôt dans l’informatique/la programmation et moi dans le design graphique. Nous avons continué à travailler ensemble mais à distance, on s’envoyait des prods, on a fait une sorte de ping-pong qui a duré bien deux ans et au bout d’un moment, on s’est dit que ce serait bien d’en faire quelque chose ; c’était un peu notre résolution de l’année en 2019. On a repris les morceaux que l’on voulait vraiment travailler et ça a abouti à nos deux premiers singles. Le fait d’avancer sérieusement sur des morceaux nous a amenés notamment aux questions concernant notre style et ce que nous avions envie de mettre dans ces productions.
A quoi renvoie cette Station 44 ?
Cela fait le lien avec ce travail que nous avons fait à distance entre Poitiers et Lyon pendant un moment. Nous avons fait beaucoup d’allers-retours pour nous voir et pour travailler, il y avait donc beaucoup de mouvement mais aussi de l’envoi de choses ; nous avions cette idée de station de radio avec des ondes mais également de station de métro/de train. Par ailleurs, nous avions dans l’idée que ce mot pouvait se rattacher à beaucoup de choses pour tout le monde et puis, station se comprend dans toutes les langues ; cela nous permettait de communiquer assez largement. Pour aller un peu plus loin, c’est aussi un objectif que nous avons pour le live à l’avenir, avoir une station avec pas mal d’instruments électroniques et analogiques regroupés sur un pôle central sur scène.
Comment mettrais-tu en parallèle « Bleu » et « Orange » d’un point de vue musical ?
Si je devais caractériser les styles de ces deux EPS, je pense qu’ « Orange » est un mélange entre le Rub et le Rub-a-dub alors que « Bleu » est à la frontière de la Synthpop et de la Dream Pop.
Nommez-vous vos EPS avec des couleurs parce que ces disques correspondent à des périodes comme en peinture ?
Non car nous avons travaillé ces deux EPS en même temps ; il n’y a pas eu de séparation dans la création. Même si les styles de ces deux disques sont assez différents, il y a des éléments qui peuvent être communs notamment dans les traitements de la batterie, de tous les instruments analogiques, des voix…nous avons traité tous ces éléments-là en studio sans faire de distinction entre les styles car nous n’étions pas dans l’optique de séparer ces morceaux. Musicalement, nous voulions assumer pleinement les différences de styles et nous avons travaillé la cohérence globale avec Manuel Meslier de Manastudio. Nous avons défini ces deux couleurs quand nous avons travaillé sur l’identité graphique du groupe avec Adèle Onnillon notre directrice artistique. En tirant le fil un peu plus loin, nous avons créé des identités très distinctes et d’un point de vue communication, cela a permis aux gens de nous identifier comme ayant parfois des styles très différents mais complètement assumés. Objectivement, cette distinction de couleurs a vraiment bien fonctionnée mais je ne pense pas que ça corresponde à l’idée de périodes comme en peinture ; nous avions simplement la volonté de bien séparer les choses.
Quelles thématiques abordez-vous sur « Bleu » ?
Cet EP aborde beaucoup les relations qu’elles soient sociales, humaines ou entre les choses mais il n’y a pas de chanson d’amour. On parle de ce qui peut nous relier à des personnes, des amis, au monde. Nous avons écrit certains morceaux de « Bleu » ensemble avec la volonté d’être plus détendus alors que notre regard était plus contemplatif et dur sur des titres qui ont été composés pendant le confinement ; je pense notamment à « Infinity Ones » car à ce moment-là, je me posais beaucoup de question quant à ma place dans le monde et où est-ce que nous allions collectivement.
Quelles ont été vos envies visuelles pour le clip de « Radio Silence » ?
Pour le clip de « Radio Silence », nous avons travaillé avec Guido Robart avec qui nous avions déjà collaboré sur « Overwhelming Love ». Collectivement, nous voulions un clip beaucoup plus sombre que le précédent qui était très lumineux. Nous voulions trancher avec notre premier clip et partir sur quelque chose de quasiment exclusivement nocturne. Nous avions à cœur de travailler une majorité de lumières artificielles pour définir les ambiances comme nous le souhaitions sans être dépendants de la lumière du jour notamment. Par ailleurs, dans notre premier clip, nous étions tous les deux énormément à l’image dans une formule duo qui allait bien avec le propos du morceau alors que « Radio Silence » parle d’une incompréhension entre deux personnes qui n’arrivent pas à communiquer et du coup, nous sommes partis sur une présence unique à l’écran. Anouk et moi faisons les mêmes choses dans ce clip mais pas au même moment. Nous étions rarement rassemblés dans cette vidéo et cela permettait de créer une ambiance de complémentarité entre nous car nous étions sur les mêmes plans avec les mêmes lumières et les mêmes cadrages mais aussi une distance car nous ne nous retrouvions jamais à deux dans le plan ou de manière très mise en scène. Nous voulions nous imposer un petit défi technique à savoir tourner un long plan séquence sur tout le début du morceau car « Radio Silence » est comme une intro à l’EP et le morceau met du temps à démarrer.
Comment qualifierais-tu l’univers de ce second disque ?
Je pense qu’une certaine nostalgie peut se dégager de ce disque mais ce n’était pas l’objectif. Comme la nostalgie et la mélancolie peuvent parfois être très poreuses en musique, je dirais plutôt qu’il y a un aspect mélancolique dans ce disque car la manière de composer et les gammes avec lesquelles nous avons jouées vont dans cette optique-là. Ce second EP est quand même très énergique et très mélodique ; encore plus que le premier. Il y a de la joie aussi dans ce disque !
Vos deux premiers EPS montrent deux facettes très différentes mais complémentaires de votre projet, allons-nous en découvrir d’autres à l’avenir ?
Bien sûr ! A la manière de ces deux premiers EPS, nous avons envie de nous laisser surprendre parce que nous allons faire. Je pense que beaucoup d’éléments présents dans ces deux disques reviendront, ça sera un fil conducteur pour la suite. Malgré tout, nous avons pris du recul par rapport à des morceaux que nous avons fait il y a plus de deux ans, il y a des choses que nous ne voulons plus faire et d’autres que nous avons envie de faire plus. Parce que nous avons avancé, il y a des directions qui nous paraissent plus cohérentes.
Que mettrais-tu en avant chez ta partenaire ?
Anouk a des millions de qualités humaines ; ça va être très très long ! (rires) C’est quelqu’un d’extrêmement à l’écoute, qui est capable de se remettre en question, qui a énormément de force dans sa personnalité et dans son travail, elle dit ce qu’elle pense et elle est cohérente avec ce qu’elle dit, elle est généreuse aussi ! Musicalement, elle est très ouverte, elle n’a aucun jugement sur les références musicales et je pense que nous sommes assez raccord là-dessus. C’est une super chanteuse et autrice.
Quels sont vos prochains projets ?
Une live session enregistrée au Triton sortira prochainement. Un nouveau single inédit devrait paraître début 2023. En parallèle, nous sommes en plein dans l’écriture de nouveaux morceaux. Nous jouerons le 14 janvier à La MAC 3 à Bordeaux. En attendant, nous travaillons sur le live avec Mathurin Robart à la batterie et Justin Roche aux claviers.