Rencontre avec Lucky Love - un artiste au sens noble du terme qui est à suivre de très près !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je vis entre Paris et Berlin. Je suis auteur, compositeur et interprète de mes titres mais je travaille aussi avec toute une armée de producteurs que j’aime et que j’appelle mes Ferrari (Rires). A la base, je viens de la danse classique, j’ai été l’un des élèves de Carolyn Carlson, j’ai dansé pour l’opéra et ensuite, j’ai joué au théâtre, au cinéma et j’ai été mannequin. J’ai également travaillé chez Madame Arthur en tant que travesti durant cinq ans et c’est dans ce cabaret que j’ai connecté avec la musique. Lucky Love est le médium qui me permet de regrouper tout ce que je sais faire.
As-tu recherché très tôt ce côté pluridisciplinaire dans l’artistique ?
Je ne l’ai pas cherché car ce sont plutôt les disciplines qui sont venues à moi. Je pense que la danse a été la seule discipline que j’ai vraiment choisie. La rencontre avec Carolyn Carlson a changé ma vie d’enfant. Je suis quelqu’un qui s’ennuie facilement ; je suis Lion ascendant Scorpion ; j’aime bien quand ça pique et quand ça brule et quand ce n’est plus le cas, la vie vient vers moi d’elle-même et elle m’offre des opportunités. Grâce à ma rencontre avec Béatrice Dalle, j’ai fait du cinéma et du théâtre. C’est en allant chez Madame Arthur en tant que client que l’on m’a découvert ; le directeur est venu vers moi et je me suis mis à chanter. Je n’ai jamais voulu faire tout ce que j’ai fait mais comme je me suis beaucoup amusé à le faire, j’ai continué.
Comment expliquerais-tu que tu aies attendu 2022 pour te lancer musicalement d’un point de vue discographique ?
Juste avant le premier confinement, j’avais commencé à faire de la musique chez moi ; je tâtonnais, je m’amusais avec mes claviers et mon micro. A cette même période, Jérémy Chatelain m’a envoyé un message après m’avoir vu chanter chez Madame Arthur et il m’a proposé de venir enregistrer un titre ou deux dans son studio juste pour le fun et finalement, nous en avons fait quatre. A ce moment-là, je jouais avec Béatrice Dalle et Joey Starr dans « Elephant Man » mis en scène par David Bobée et au début de la pièce, je chantais a capella un texte que David m’avait demandé d’écrire et qui présentait un peu cette œuvre comme une sorte de Freak Show. A la fin d’une représentation, Sandrine Runser qui est la directrice de Belem ; mon label actuel ; est venue me voir en me disant que si un jour je voulais faire de la musique, je pouvais l’appeler. Pendant le premier confinement, je lui ai envoyé deux ou trois demos et elle a voulu me signer tout de suite.
Pourquoi as-tu choisi Lucky Love comme pseudo ? Est-ce parce que l’amour est un domaine dans lequel tu es chanceux ?
(Rires) C’est une super question ! J’ai choisi Lucky Love car je trouvais ce nom assez joli et cela renvoyait au fait d’être heureux d’avoir connu l’amour, ce qui a été mon cas en effet mais je ne pense pas avoir été chanceux en amour ; y-a-t-il des gens qui le sont ; je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire d’être chanceux en amour…Moi, ma chance est d’avoir connu l’amour quoi qu’il arrive ; de l’avoir connu pluriel, avec des personnes de genres différents et de sexualités différentes. Je suis un amoureux de l’amour et je trouve que la vie est toujours plus sympa quand on est amoureux. Je me sens bruler quand je suis amoureux ; j’ai l’impression d’être toujours sur un fil tendu duquel je pourrais tomber et ça me fait me sentir davantage en vie. J’adore cela dans la situation amoureuse. Je pense qu’il y a rien qui nous fait plus grandir que d’être amoureux. Grâce à mes expériences amoureuses, j’ai appris énormément sur moi-même. Dans une relation amoureuse, on a envie de plaire et de contenter la personne que l’on aime et du coup, on se cherche soi-même, on se demande si l’on est vraiment ce que l’autre renvoie de nous. Même dans les conflits amoureux, il y a beaucoup de richesse. Je dépatouille l’amour et c’est aussi ce que je fais dans ma musique ; l’amour est au centre de mon existence. Ce nom me semblait donc naturel et évident.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Je pense que mon univers vient d’un romantisme post-apocalyptique. J’aime l’idée du début après la fin. Cet univers peut paraître un peu sombre car il y a de la nostalgie assumée mais elle est contemporaine voire futuriste. Mon univers est un océan de bleu dans lequel on plongerait des machines à ultrasons.
Comment abordes-tu l’amour dans « Love » ?
J’ai écrit « Love » à la veille de mon divorce. J’étais dans mon appartement avec mon ex-mari, nous venions de nous engueuler et je pense que c’était l’engueulade de trop. Je me suis mis au clavier, ces paroles qui sont des choses que je n’arrivais pas à lui dire sont venues sur ma musique et il les a écoutées à demi-oreilles. Pour moi, cette chanson exprime à la fois la volonté amoureuse et l’incapacité d’amour ; ce moment où l’on réalise que l’amour ne suffit pas. On a beau être fous amoureux l’un de l’autre ; vraiment s’aimer ; parfois ce n’est pas assez mais c’est OK. J’aimais bien l’idée de m’en aller quand c’était encore joli plutôt que d’aller au fond des choses jusqu’à ce que ça devienne laid. L’amour a-t-il besoin d’être dans la longévité pour être sublimé ou légitimé ? Pour la première fois de ma vie, je suis parti pendant que le rideau était toujours ouvert et que finalement, j’étais encore en pleine gloire amoureuse.
Quelles ont été tes envies visuelles pour le clip qui l’illustre ?
Comme cette chanson s’intitule « Love » et que je suis un homme homosexuel, j’avais envie de donner un visuel pour les gamins de 13-14 ans qui vivent dans le fin fond du Tennessee ou dans le Nord Pas-de-Calais pour qu’ils puissent se dire que s’ils tombent amoureux, ils peuvent vivre leur amour à la lumière du jour dans un lieu quotidien et pas forcément dans des backrooms dans le noir. Aujourd’hui, l’homosexualité a le droit de se vivre partout. Avec ce clip, je voulais donner ce message d’espoir. Par ailleurs, l’amour et même le rapport charnel entre deux hommes est toujours représenté de manière assez bestiale et dépeint comme quelque chose d’assez violent et mon intention avec cette chanson et ce clip était de montrer la tendresse qu’il peut y avoir entre deux hommes.
Comment as-tu vécu la censure de cette vidéo sur Youtube ?
J’ai vécu cette censure bien plus mal que je ne le pensais. Ca m’a mis vraiment en colère car ce clip était là pour célébrer le fait qu’aujourd’hui c’est possible et que l’on peut montrer cela et finalement avec cette censure, on m’a appris que non, ce n’est toujours pas possible. Le combat n’est toujours pas terminé. Ces gamins ; le gamin de 14 ans que j’étais moi-même ; qui rêveraient de voir ce clip n’y ont pas accès. Sans promotion, en plein mois des fiertés, de façon très naturelle, ce clip avait été vu plus de 80000 fois en une semaine ; j’étais hyper content, je m’étais dit que ma chanson allait devenir un hymne pour ma communauté et que les gamins visés allaient voir ce clip et finalement, nous avons été stoppés par Youtube. Je n’ai pas envie d’être un artiste en colère et je continuerai de me battre avec mes autres morceaux.
As-tu l’intention de toujours véhiculer des messages forts par le biais de ta musique ?
Jusqu’à présent, ce projet a vraiment été thérapeutique et ça a été une surprise pour moi. Ce projet est un retour sur mon passé avec suffisamment de recul pour le regarder et le sublimer. Ma vie n’a pas toujours été toute rose mais c’est d’en parler de façon positive qui m’intéresse. Tout ce que j’ai traversé à fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui et j’en suis hyper fier. Si on me donnait deux bras ou l’hétérosexualité, je n’en voudrais pas. Toutes les différences qui me constituent m’ont permis d’observer le monde de loin afin d’essayer de le comprendre plutôt que d’y vivre simplement. Dans mes chansons, je défends des thèmes forts pour la société mais mon but n’est pas de choquer ou de fétichiser mes différences afin d’en faire quelque chose de cool. Je le vois dans le mannequinat, des personnes trans sont érigées comme des gens cools alors que leur quotidien est terrible. Ce qui m’intéresse et même si je déteste ce mot, c’est d’être normalisé ; banalisé car je trouve ça incroyable qu’en 2022, on soit encore mis en dehors d’une certaine société. Moi, avec ma musique, je veux pouvoir dire que je suis multiple mais que je suis comme toi ; en fait.
De qui te sens-tu proche dans l’art au sens large du terme ?
J’ai grandi avec la littérature ; les bouquins ont été mes premiers amis car je n’avais pas de copains dans la cour de récré. Roland Barthes est l’auteur dont je me sens le plus proche. En amoureux que je suis, quand j’ai découvert « Fragments d’un Discours Amoureux », ça a totalement changé ma vie et je ne me suis plus jamais senti seul dans mon amour. Je pense que le livre est une bible ; je le conseille à tous les amoureux de la Terre. Patti Smith a été très importante pour moi à l’adolescence, le couple qu’elle formait avec Robert Mapplethorpe m’a fait rêver. Si je devais être fan d’une personne, je pense que ce serait de lui car ce photographe est une icône pour moi car il a réussi à normaliser des choses qui ne l’étaient pas à l’époque. Avant ses expositions au MOMA, il n’y avait jamais eu de photos explicites sexuelles qui avaient été érigées en tant que photos d’art. Je trouve son travail magnifique. En ce qui concerne la peinture, j’aime beaucoup Marc Chagall et la renaissance Italienne qui s’intéressait à l’anthropocentrisme ; l’homme au milieu de tout. J’aime bien l’idée de rendre à l’homme son divin plutôt que de devoir toujours chercher le divin et c’est ce dont parlait « Paradise » ma première chanson. Je suis proche également d’artistes avec lesquels j’ai travaillé comme Marie-Agnès Gillot dans la danse ; je l’aime énormément et elle me rappelle Pina Bausch qui est pour moi la plus grande chorégraphe que cette Terre ait porté. Je pense également à Kader Attia avec qui j’ai beaucoup travaillé et que j’aime énormément ; j’apprécie sa démarche autour de la reconstruction et de la sublimation. Tout tourne toujours autour de cela en ce qui me concerne.
Au-delà de « Love », as-tu d’autres actualités ? Quels sont tes prochains projets ?
Mon troisième titre « Masculinity » est sorti il y a quelques jours et son clip est également disponible. Cette chanson qui parle de masculinité toxique est extrêmement importante pour moi ; c’est le titre le plus personnel de ce projet. En ce qui concerne la suite, je suis en pleine réflexion car j’ai envie de donner de nouvelles formes à la musique. Le format EP ne me correspond pas vraiment et l’album me dérange un peu par rapport à tout ce que j’ai à présenter. Je n’ai envie de tout dévoiler d’un coup comme un gros bloc sur un premier album. Ce disque s’est écrit de façon narrative et je pense qu’il y a deux phases car je suis toujours entre la fête et la tristesse après la fête…cela pourrait donner lieu à une face A d’ici la fin de l’année et une face B en 2023 ; une histoire puis une autre qui s’imbriquent l’une avec l’autre. Je sortirai mon prochain titre à la rentrée et il y aura une surprise…Il y a également des projets au cinéma…
LUCKY LOVE - PARADISE (Official Music Video)
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