Apprenez-en plus sur Les Barbiers Dans La Ville Mauve grâce à Hadrien qui nous avons rencontré au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution du premier EP du groupe !
Peux-tu présenter Les Barbiers Dans La Ville Mauve à nos lecteurs ?
Nous sommes un trio Franco-Canadien puisque deux membres sur trois viennent de Montréal et de Vancouver ; ils vivent en France depuis cinq à huit ans. Pour ma part, je suis Parisien. Au sein de ce groupe, je suis guitariste, chanteur, je compose et j’écris également des textes. Michaël est aux claviers/synthétiseurs mais aussi sur tout type d’appareil où il peut « tourner des boutons ». Michaël écrit et compose également. Quant à Daniel qui est percussionniste à la base, il arrange les parties rythmiques ; il travaille les groupes. Daniel a joué des percus pendant dix ans pour des spectacles aux formats assez imposants et il s’est mis à la batterie pour Les Barbiers. Nous n’avons pas de basse, c’est le clavier qui la fait avec sa main gauche. Dans ce projet, nous sommes assez insistants au niveau des textes et pour se faire, nous collaborons avec un petit collectif d’auteurs qui sont des amis poètes. Nos deux premiers titres ont été écrits par Anna et notre nouveau single intitulé « Le Rebord Du Monde » par Romain.
Comment s’est formé le groupe ? Vous connaissiez-vous d’autres projets ?
Avec Michaël, nous avions travaillé ensemble sur un précédent projet qui s’appelait After The Flood. Nous étions tous les deux arrangeurs et musiciens dans ce groupe de Dream Pop ; nous n’étions pas vraiment frontliners. Comme pour beaucoup de groupes, le projet s’est arrêté un peu vite pour des raisons personnelles et avec Michaël, nous avons souhaité conservé ce lien car nous nous entendions bien. Nous nous sommes mis à sortir de nos sacoches des idées que nous avions depuis quelques années et que nous n’avions jamais mises en musique ; juste nous deux au départ et un an plus tard, Daniel nous a rejoint. Michaël travaillait dans un magasin de musique, Daniel est venu le voir, ils ont sympathisé entre Canadiens et de soirées classiques entre copains, cela a bifurqué sur la musique ; nous nous sommes mis à jouer avec Dan et ça a super bien fonctionné à trois. Trois est un bon nombre en fait.
Peux-tu nous dire en plus sur ce choix de nom de scène ?
C’est un nom qui est assez long mais qui a le mérite de bien ressortir dans les programmations. Ça tranche un petit peu avec l’un des mes précédents projets qui n’avait qu’une seule lettre. Notre nom de scène est la juxtaposition de deux choses. D’un côté, Les Barbiers, c’est nous, les trois musiciens. Ce terme nous évoque des personnages un peu anciens ; on connait les barbiers qui sont très à la mode en ce moment en tant que coiffeurs, perruquiers mais à une époque, ça a même été des médecins, des chirurgiens, une fonction militaire dans la légion étrangère. Cela évoque un peu le personnage qui traverse le temps. Quant à La Ville Mauve, c’est notre terrain de jeu qui donne également son nom à notre EP. Cela évoque plus la modernité au sens large.
Comment nous décrirais-tu votre univers ?
Assez narratif ; nos chansons racontent des histoires ; le texte est beaucoup mis en avant. Notre univers est immersif également ; nous composons la musique pour le texte. En fonction des morceaux, ça peut être atmosphérique, vaporeux, rêveur mais ça peut aussi se densifier et être plus énergique. C’est en fonction des propos.
Êtes-vous plus dans le concret ou dans les images dans vos textes ?
Les auteurs qui travaillent avec nous s’inspirent beaucoup des poètes maudits du symbolisme ; nos textes sont donc très imagés quand même et un peu abstraits. Plutôt que de parler concrètement d’une chose, nous nous mettons sur un notre angle comme par exemple dans la chanson « L’Enfant Bleu ». Mais, ce n’est pas le cas de tous les morceaux car certains sont un peu plus concrets. C’est aussi en fonction de l’auteur mais cela reste néanmoins plus proche de la poésie que de la chanson de type variété classique.
Quelles thématiques abordez-vous sur votre premier EP ?
Le grand thème global serait les crises de la modernité que nous connaissons tous en ce moment. « Dans La Ville Mauve » traite des excès de l’urbanisme à outrance ; nous parlons de la beauté de l’architecture mais en même temps de ce que cela peut générer en termes de destruction de liens sociaux. Dans « L’Enfant Bleu », nous abordons le thème de l’enfance et du voyage. Ce titre parle d’immigration, des familles qui se séparent et de la souffrance ressentie par les enfants. Comme ce thème est plus dur, nous en parlons de manière plus abstraite. « Le Rebord Du Monde » ; a été écrit durant les moments où nous étions vraiment en mode lockdown, enfermés dans la ville durant le confinement ; est une chanson sur le repli sur soi, sur le fait de vouloir rester dans ses rêves, dans sa tête. « Le Rap De L’Eure » est un titre qui invite à partir à la campagne, à faire le vide, à se détendre, à quitter les choses artificielles. « L’Egarement » est une chanson qui fait parler la planète et celle-ci secoue l’humanité en lui demandant si elle se rend compte de là où l’on en est. C’est un peu notre manière de faire de l’écologie mais sans le dire car nous faisons parler un personnage central que nous n’entendons pas beaucoup finalement par définition.
Justement ; quel message avez-vous voulu faire passer avec le clip qui illustre « L’Égarement » ?
Nous sommes partis du dernier couplet de ce texte qui a été écrit par Hugues Kéraly et qui possède une philosophie en lui-même. Logiquement, nous avons toujours considéré que l’homme était maître de la Terre et des animaux alors que ce texte dit que si tout part à vau-l’eau, cela inverse ce rapport-là car on ne peut plus continuer à l’être. Pour illustrer cela dans le clip, nous avons choisi le premier degré en diffusant des images de déforestation, de pollution, de nuées d’insectes, de volcan en éruption…Comme ce texte monte en puissance, nous avons choisi des images un peu plus relaxes au début ; notamment des champs de blé ; afin montrer la beauté de la Terre et sur la deuxième partie, nous avons mélangé des images de l’impact de l’homme sur la planète et des images plus de type fin du monde comme si la Terre elle-même se fâchait comme dans la Bible.
Ce premier disque a-t-il pris du temps parce que vous vouliez vraiment trouver un son bien à vous ?
Certaines chansons comme « Dans La Ville Mauve » ont été assez immédiates et d’autres comme « L’Égarement » nous ont demandé beaucoup de temps et cela nous a permis de chercher notre son, de nous lâcher un peu au niveau des arrangements ; il y a certaines choses sur ce disque que nous ne faisons pas sur scène mais nous avons trouvé d’autres façons de les interpréter.
Que mettrais-tu en avant chez tes deux acolytes ?
Musicalement, je pense que nous sommes chacun très à notre place et ce n’est pas si facile surtout quand on est trois mais chacun a réussi à prendre son espace. Dans l’aspect humain, c’est un peu la même chose ; nous avons des profils très différents mais nous sommes complémentaires. Il y a un côté buddies dans ce groupe qui est basé sur l’amitié. Nous avons envie de passer du temps ensemble et de partir en tournée. Nous nous amusons pas mal tous les trois.
Votre premier EP vient de sortir mais pensez-vous déjà à la suite ?
Nous venons de sortir un cinq titres, nous en jouons treize durant nos concerts et la suite serait donc de faire un album. Peut-être que tous ces titres ne seront pas dans ce premier long format mais nous avons envie de sortir quelque chose de plus exhaustif qu’un EP. Nous rentrons dans une phase de consolidation ; nous allons beaucoup jouer notre set, rencontrer d’autres artistes, évoluer par rapport à notre musique que nous allons peaufiner, prendre du recul et ensuite, nous retournerons en studio afin d’enregistrer cet album. Nous avons la matière pour.
Dans quel lieu ; autre qu’une salle de concert ; aimerais-tu présenter vos chansons afin qu’elles prennent toute leur ampleur ?
Bonne question ! Quand nous réfléchissions aux concerts et comme « L’Égarement » est une chanson sur la nature et sur les éléments qui se déchaînent, nous nous imaginions la jouer dans un endroit où les éléments seraient en train de se fâcher comme par exemple juste au bord d’énormes falaises en Normandie et filmer cela avec des drones pendant qu’un orage partirait au large. Ce serait incroyable. Nous avons joué récemment à Nogent-le-Rotrou pour la Fête de la Musique et durant tout le concert, il y avait de gros orages au loin, nous avons vu cela en jouant et ça nous a mis dans un état un peu particulier.
Les Barbiers Dans la Ville Mauve - Le rebord du monde (Clip Officiel)
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