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Retrouvailles avec Jim Bauer au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

Nous nous étions rencontrés il y a près de cinq ans et depuis, tu t’es illustré avec brio dans The Voice, pourquoi as-tu tenté l'aventure « si tard » ?

Je pense que si j'avais fait cette aventure à 19 ans, l’âge à peu près où l’on a commencé à me proposer de participer à des émissions comme cela ; j’y serais allé un peu à contre-sens. A l'époque, je ne voulais pas être un chanteur, encore moins de musique populaire, je voulais être dans un groupe de rock, j’étais beaucoup plus focalisé sur la guitare. Si j’avais eu un groupe de Rock alternatif, j’en aurais été le chanteur et ce n’était donc pas le chemin à suivre dans cette émission, j’y serais peut-être allé à reculons ou en étant sur la défensive. Petit à petit, j'ai travaillé beaucoup plus dans la musique populaire, j'ai œuvré pour des artistes reconnus et cela m’a permis d’être un peu plus ouvert. Le plus intéressant pour moi était d'y aller en tant qu’artiste indépendant ; ce qui était mon cas au moment où j’ai participé à The Voice. Je n’avais pas besoin de me faire repérer par quelqu'un, je bossais déjà dans la musique depuis longtemps, j'avais mon studio, mon album, mon label, j'avais surtout envie de rencontrer un public et c'est pour cela que je suis allé à The Voice. C'était un peu de la promotion gratuite (Rires).

Quelles étaient tes attentes en participant à cette émission ?

On pourrait limiter cela au fait de rencontrer son public et à de la promotion gratuite mais en réalité, par rapport à la phase dans laquelle j'ai fait The Voice, il y avait d'autres choses. Nous sortions du premier confinement au moment où l’on m’a recontacté pour faire l'émission. A ce moment-là, je pense que j’avais besoin de vivre autre chose. J'avais déjà cette chance de continuer à bosser en tant qu'ingénieur du son et en tant que qu’auteur-compositeur-producteur ; ça faisait plusieurs années que je vivais beaucoup de ça ; mais j'avais l’impression d’avoir une vie de troglodyte. Mon studio d’enregistrement est aussi l'endroit où je vis,  je ne sortais plus, je n’avais plus d'histoires, je n’avais pas de concerts et The Voice a été une sorte de fenêtre sur l’extérieur qui me permettait de vivre quelque chose de positif et de « rentabiliser » ces moments de confinements sans subir la situation que nous vivions.

Pourquoi as-tu choisi une photo de toi à l'âge de 17 ans pour illustrer la pochette de ton premier album ?

Le fait que je sois tombé soudainement sur cette photo dans mon Iphone est complètement accidentel et à la base, la pochette de cet album aurait dû être différente mais j'avais toujours un petit doute sur la cover qui se contentait d'être une bonne photo de moi. En fait, j'ai été très surpris parce que je ne savais pas d'où venait cette photo de moi à l’âge de 17 ans, j'étais incapable de la retrouver dans l'ordi, je ne l’avais que dans mon téléphone. Au moment où j’ai dévoilé la pochette de mon album sur les réseaux sociaux, mon meilleur ami au lycée m'a appelé pour me demander si j’étais sérieux quant au choix de cette photo car c’est lui qui me l’avait envoyée par SMS six mois plus tôt après l’avoir retrouvée lors d’un déménagement. Pour la petite anecdote, c'était la photo d'identité que je lui avais dédicacée en partant vivre à Paris en lui disant comme ça tu seras le premier à avoir eu un autographe si un jour je deviens connu (rires). L’histoire était quand même assez drôle et cette pochette est symbolique pour moi ; ça m'a fait un effet bizarre de voir cette tête-là qui était celle du mec qui s'est dit qu’il allait faire de la musique ; même si j’avais commencé à en faire un peu plus tôt. Pendant un moment, la musique n'était qu'un hobby,  ce n’est que vers cet âge-là que j'ai commencé à jouer dans la rue pour me faire un petit peu de blé à côté, que j'ai commencé à avoir des vrais groupes et que je me suis dit que j’allais en faire mon métier après le BAC. C'est à ce moment-là que j'ai composé mes vraies premières chansons qui sont encore dans les tuyaux aujourd'hui.

Retrouvailles avec Jim Bauer au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !

Ce premier long format est sobrement baptisé « Jim », est-ce une façon de dire que ce disque, c’est toi à 100% ?

C'est surtout une façon de dire que c'est moi sans calcul et sans prise de tête.

« Jim » a-t-il été pensé dans sa totalité comme un album ou est-ce un best of en quelque sorte ?

Pour moi, c’est comme si je publiais enfin le premier album que j'avais attendu de sortir depuis plusieurs années. Il faut savoir qu’il y a quand même beaucoup de choses dans l’industrie musicale qui m'ont empêché de sortir des albums auparavant. Cet album est comme l'aboutissement de ce petit gars sur la pochette. C’est un peu le caprice du gamin de 17 ans que j’étais. Ce disque est plus une sorte de mixtape, j'ai surtout fait une sorte mash-up de plein de chansons qui viennent d’époques et d’influences différentes. C'est plus une sorte de carte de visite pour dire coucou, je m'appelle Jim, je fais un peu de tout ça et puis après derrière, on fera des albums plus construits, plus conceptuels.

Dans tes textes, partages-tu les mêmes choses en anglais et en français ?

C’est difficile de répondre à cette question…en fait, les deux langues me permettent la même chose mais pas par les mêmes canaux. Je vois les deux langues comme des instruments. Grosso modo, l’anglais est la guitare électrique et le français est la guitare acoustique. La question n'est pas de se demander si je suis plus ou moins à l'aise avec l’une des deux langues car elles ne sonnent pas de la même façon. L’une ou l’autre est plus adaptée en fonction de ce que je veux faire. Dans le français, j'ai une plus forte connexion au texte, il y a une certaine sobriété dans le chant, il est plus théâtral presque plus parlé par moment alors qu’en anglais j'ai une plus grande connexion à mon corps ; le rapport est moins cérébral et plus animal. Je ne pourrais pas dire que je m’exprime plus profondément en français car j'ai la sensation de ressentir jusqu'au bout des ongles ce que je chante en anglais. En français, j'ai l'impression de projeter quelque chose. Pour moi, ça ne fait pas appel aux mêmes parties du cerveau. J’ai besoin de ces deux langues en fonction de la manière dont j’ai envie de raconter l’histoire. J'ai l'impression que le français, c’est plus l'art de la phrase alors que l'anglais c'est plus l’art du mot. En anglais, avec des mots beaucoup plus simples ; même si des fois j'ai des textes qui peuvent être un peu plus chiadés ; mais aussi avec des phrases plus métaphoriques ou plus nébuleuses, je peux arriver à capter une émotion différente mais tout aussi profonde qu'en français. J’ai l'impression d'être parfois plus littéraire en français mais peut-être pas toujours aussi incarné qu'en anglais.

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

De quoi parles-tu sur cet opus ?

Avec le recul, je me suis rendu compte que beaucoup de chansons de cet album parlent d’une façon ou d’une autre de lâcher-prise ou de libération de soi ; même dans celles qui parlent d’amour. Le message central serait allez vas-y arrête de te prendre la tête ou laisse-toi aller à aimer ou à partir. Il y a des chansons plus complexes comme « Misty Boy » qui est une bonne incarnation des titres plus métaphoriques dont je parlais plus tôt. Pour le coup, cette chanson est assez joyeuse dans sa forme mais c’est la plus triste de l’album puisqu’elle parle d’une année difficile durant laquelle beaucoup de gens sont morts autour de moi. J’avais ressenti, alors, l’urgence de rester debout et positif. Sur ce disque, je parle également de trouver une paix durable en soi mais aussi de relations toxiques.

Penses-tu que ton second album arrivera plus rapidement que le premier ?

Oui mais je ne fais aucune annonce pour l'instant car ce second album n'existe pas encore. Je n'ai clairement pas la même expérience du métier qu'auparavant,  je suis capable de beaucoup plus tenir les rênes. Sans mentir, c'est l'industrie musicale qui empêche beaucoup les artistes de sortir des choses rapidement. Comme beaucoup d'artistes, je me suis retrouvé à attendre pendant des mois que des morceaux finis depuis longtemps puissent sortir. Je me suis entendu dire aussi que c'était trop de vouloir sortir douze titres et qu’il valait mieux il n’en sortir que trois… Aujourd’hui, j'ai mon studio et mon label ; même si je vais bosser aussi avec d'autres maisons de disques ; je prévois tout à l'avance maintenant et je sais tenir ma barque. Dans les années qui viennent, je vais faire en sorte qu'il y ait quand même régulièrement des albums. Je suis quelqu'un d'assez productif, j'ai en stock plusieurs centaines de morceaux qu'on ne m'a pas laissé sortir, je n'ai donc aucune raison de mettre du temps à sortir de la musique. Si on me voit mettre du temps à sortir des choses, c'est que des contrats m’en empêcheront mais ce ne sera pas ma volonté. Pour l'instant, j'essaie de me protéger de cela.

T’es-tu trouvé plus vite dans l’écriture ou vocalement ?

Je pense que je me suis trouvé quand même plus vite vocalement car j'ai quand même passé une grosse partie de mes débuts en tant que chanteur vers 15-16 ans à chanter en anglais et qu’il a fallu que j'apprenne à parler la langue. Mes textes écrits à cet âge-là ne sont pas jouables aujourd'hui car ce n’était pas du bon anglais et ce n’était pas super intéressant. En revanche, à 16-17 ans, ma voix avait déjà quand même pas mal évolué et elle commençait déjà à me servir pour me différencier des autres. Ma voix s'est développée avant l’écriture mais par contre, j'ai commencé à écrire très tôt en français notamment des poèmes. Je pense que j’avais déjà une patte et j'ai développé cette écriture en français au fur et à mesure. Je crois que j’ai été assez constant mais j’ai mis du temps à l’appliquer en musique.

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

(c)Elisa Parron @Le Serpent à Plume

Tu as déjà écrit pour pas mal d’artistes mais t’arrive-t-il de créer en famille ?

Non et en fait de ce point de vue là, c'est quelque chose qui est un peu difficile à capter pour la plupart des gens. Je suis né dans une situation où beaucoup de personnes nous regardent à travers le prisme de nos parents toute notre vie ; et cela même encore beaucoup aujourd’hui. Nous avons besoin de montrer qui nous sommes afin que les gens nous connaissent enfin pour nous et non pour tout un panel de choses qu’ils savent déjà de nos parents. Pour ma part, j'ai refusé de faire de la musique pendant longtemps ; jusqu'à mes 13 ans ; car il était hors de question que je sois sur le même terrain que mes parents mais après les gènes ont parlé. En revanche, j’ai très tôt affirmé la volonté que mes parents restent des parents. Je ne pouvais pas les inclure dans ma passion car j’avais besoin d’avoir ma propre incarnation. Collaborer ensemble, ce serait trop tôt ; je m’y refuse tant que je n’ai pas exprimé ce que j’ai à exprimer et pris ma place sinon je tendrais le bâton pour me faire battre.

Que dirais-tu aujourd'hui au Jim de 17 ans ?

Je lui dirais de faire plus simple, plus vite et sans se prendre la tête afin d’avancer. Pendant longtemps, j’ai été un peu trop perfectionniste et j’ai eu une vision un peu trop ambitieuse tout de suite. Du coup, cela a rendu tout beaucoup plus compliqué à faire ; ce n'était jamais assez bien ; et cela a embué tout le monde a plein de moments parce que trop d'infos, trop créatif, trop ambitieux…Je voulais tout de suite faire le quatrième album de Coldplay avant d'avoir fait le premier. Très tôt, on m’a vu comme un mec qui allait faire un album Folk en guitare-voix mais j’ai toujours combattu cela car je voulais faire des morceaux grandioses avec des orchestrations et des nouvelles programmations mais en France, c’était trop complexe et ça m’a fait perdre beaucoup de temps. Peut-être que si j'avais fait ce foutu disque guitare-voix à 20 ans, j'aurais peut-être sorti cet album à 26-27 ans et non à 30.

Retrouvailles avec Jim Bauer au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
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