Rencontre avec Christopher Kah au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Intuitive Music » !
Comment es-tu tombé en amour avec la musique électronique ?
C’est venu tout simplement de la découverte des synthétiseurs et de leurs sonorités. Le simple fait d’appuyer sur une petite touche, ça m’a tout de suite fait vibrer. Et encore, avant cela, j’ai débuté avec un orgue électronique sur lequel on pouvait un peu changer les sons et c’était parfois marrant. Une fois que l’on a trouvé ça drôle, on s’y intéresse un peu plus, on va plus loin et on découvre que l’on peut faire plus de choses avec cet instrument.
Qu’est-ce qui a fait que tu ais sauté le pas et que tu te sois lancé professionnellement au milieu des années 2000 ?
J’ai été informaticien durant quinze ans et durant cette période, l’ère de la MAO a débuté et c’est venu se mélanger à ma passion pour les synthés. J’ai commencé à créer à partir de 2003 et en parallèle à cela, j’étais organisateur de soirées Electro sur la partie Alsace ; nous faisions venir des artistes tels que The Hacker, Stephanovitch, Laurent Hô…C’est comme cela que je suis rentré dans la musique Electro. En 2005, j’ai vraiment commencé à composer, j’ai été signé tout de suite sur Planete Rouge Records ; le label de Terence Fixmer ; et plusieurs EPS sont sortis par la suite. En parallèle à ces sorties, l’association gothique Axess Code qui organisait des soirées à Montpellier m’a proposé de créer un album et c’est ainsi qu’est né « A Wonderful Darkworld » qui m’a permis de lier la musique à l’image sans le savoir. Par la suite, j’ai bifurqué du côté de la Techno et j’y suis resté principalement.
Quel est ton regard aujourd’hui sur le milieu de la Techno ?
Malheureusement, le milieu de la musique Techno est assez sclérosé. Après toutes ces années de carrière, on se rend compte de cela, on est obligé de passer par ce petit bout de chemin pour tenter de percer alors que la musique électronique en soi est normalement quelque chose de très libre. Je me vois comme un ovni là-dedans, j’ai eu des périodes où cela marchait et d’autres moins mais je reste assez content de mon parcours pour en arriver aujourd’hui à ce que je fais. Lier la musique à l’image est vraiment ce qui me plait. Je ne suis pas fait pour le monde de la Techno car il est devenu trop sclérosé ; je veux vraiment insister sur ce mot.
A l’époque avais-tu déjà façonné ta patte ou est-ce que tu as trouvé ton son au fil du temps ?
C’est une très bonne question. Je n’avais aucune barrière sur mon premier album. J’ai composé ce disque avec mes tripes comme j’en avais envie. A ce moment-là, je ne savais pas ce que c’était que de créer de la musique Techno. Ensuite, je me suis orienté là-dedans et je pense que je me suis adapté mais aussi enfermé d’une certaine façon. J’ai essayé de faire de la musique comme ce qui marchait à un instant t au lieu de me laisser la liberté de créer ce que je voulais. Quand j’envoyais des morceaux à des labels, on me disait que ça ne correspondait pas trop à ce qui se faisait à ce moment-là. Finalement l’ouverture de la musique Electro et du monde Techno, pour moi, c’est plus une légende car il n’y a pas d’ouverture ; quand un label te demande de composer une musique, soit tu la fais comme il la veut soit il ne te prend pas, il n’y a pas de prise de risque. Cela ne m’a pas empêché de sortir des morceaux sur des labels plus ouverts ; notamment ceux de Dave Clarke et Dr Motte. Finalement, quand j’ai vraiment arrêté de me mettre des barrières, c’est là que j’étais heureux. J’ai commencé à sortir plus de morceaux, je suis devenu totalement indépendant, j’ai créé ma propre structure, mon propre label. A ce moment-là, tu fais ce que tu veux quand tu veux et personne ne te dit rien. La liberté m’a apporté plus d’opportunités.
Vois-tu ton studio comme un laboratoire d’expérimentations ?
Naturellement, oui. Je compose ce que je veux quand je veux et de par le fait, c’est un laboratoire. En même temps, je suis très mobile et j’utilise très peu de ressources. Je crée un peu où je veux et finalement, je me rends compte que le studio n’est pas une obligation, c’est juste un petit endroit confiné à soi.
Peux-tu nous dire ce qu’est pour toi la musique intuitive qui donne son nom à ton nouvel album ?
C’est très simple et ça porte bien son nom ; c’est faire la musique que l'on a envie de composer sans se mettre aucune barrière, c’est la totale liberté. Dans ce cas-là, il n’y a pas de syndrome de page blanche, les sons viennent avec une facilité qui peut paraître déconcertante. En trois semaines, j’ai créé vingt-cinq morceaux et ensuite, j’ai fait mon choix parmi eux pour constituer l’album afin qu’il y ait une histoire à raconter. La musique intuitive est un processus qui peut paraître basique et que l’on oublie parfois pour créer un album à cause des avis de trop d’intervenants. Je suis content du résultat car je n’ai pas été influencé par qui que ce soit, j’ai créé mon concept entre la musique de film, la musique électronique, ce n’est pas forcément du dancefloor, c’est ce que j’aime faire, j’ai l’impression que cela crée quelque chose de nouveau.
« Intuitive Music » est très cinématographique, quels genres de films pourrait-il illustrer ?
Ce disque pourrait illustrer plein d’univers, que ce soit dans le drame, le côté sombre, le côté épique. On est vraiment sur plusieurs styles cinématographiques. C’est aussi pour cela que les trois clips qui ont précédé l’album sont très différents les uns des autres. Je voulais montrer que l’on pouvait aller sur du dramatique, du robotique lourd et sur quelque chose de plus léger avec une musique toujours aussi lourde et profonde. Cela reflète vraiment mon univers cinématographique.
Y-a-t-il une progression, un chemin que l’on suit, tout au long de ton album ?
Les morceaux font sens les uns aux autres même si l’on retrouve des styles différents. Il y a ma patte sur chaque track et il y a vraiment un fil conducteur sur tout l’album. Je n’aurai pas pu y intégrer d’autres morceaux. La sélection s’est faite jusqu’au dernier moment.
Comment synthétiserais-tu ton nouvel album avec des adjectifs ?
Libre, grave dans tous les sens du terme, cinématographique, puissant et épique car je ne suis pas capable de lâcher des morceaux légers.
Qu’as-tu voulu transmettre aux auditeurs avec ces nouveaux morceaux ?
Cet album reflète la liberté, le côté intuitif et archaïque de l’artiste. Pour être tout à fait honnête, je ne pensais pas transmettre forcément quelque chose aux auditeurs car quand tu crées ta musique, tu le fais égoïstement même si tu sais qu’elle va être écoutée. Dans un premier temps, j’ai fait ce disque pour moi. Ensuite, ça peut être un exemple pour d’autres artistes afin qu’ils puissent faire ce qu’ils veulent pour eux. C’est aussi ce que je transmets dans les masterclass que je fais ; les gens captent cette sensibilité et je pense que c’est ce qu’ils aiment dans ma façon de faire. C’est un peu un retour aux sources que l’on oublie parfois alors que c’est naturel pour moi de le faire.
Peux-tu nous en dire plus sur les masterclass que tu proposes ?
Parallèlement à la musique, je me suis investie aussi en tant que professeur ; prof est un grand mot ; j’avais à cœur de partager ma passion pour la musique Electro, je voulais montrer comment on peut composer d’une façon intuitive ; c’est ce que j’ai fait en 2021 et je vais le continuer en 2022. J’ai envie de montrer aux personnes qui rentrent dans la musique Electro qu’il n’y a pas que le dancefloor ; on peut faire d’autres choses avec les synthés et c’est cela qui est intéressant.
Christopher Kah - INTUITIVE MUSIC
The "Intuitive Music" album is a showcase of Kah's ability to weave together the worlds of sound and cinema, pure emotion at every twist and turn, playing out animations right before your eyes as ...
Multi-Instrumentalist | Live Act Artist | Producer
Christopher Kah is a self-taught, multi-talented multi-instrumentalist. A truly unique talent, he is also a man for whom the approach is every bit as fundamental as the result. Live Act Artist.