Retrouvailles avec Fabien Incardona au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son EP baptisé « Je Me Demande » !

La dernière fois que nous nous étions vus, c’était pour Siddhartha L’Opéra Rock, peux-tu nous faire un petit bilan de cette aventure ?

Ce très beau spectacle parlait de la vie de Buddha, de la philosophie de vie du Bouddhisme, de toutes les valeurs Indiennes de foi et de croyance mais ce n’était pas un spectacle religieux. Cela a été très intéressant pour moi d’incarner un personnage comme Buddha qui a transcendé son époque il y a 2500 ans mais ça a été très compliqué de maintenir ce spectacle à l’affiche au Palais des Sports de Paris car il a été joué durant le mouvement des Gilets Jaunes mais aussi pendant la grève des transports. Le producteur a décidé de ne pas annuler les représentations et nous avons pu faire le contrat jusqu’au bout. Au-delà de cela, ça a été fou pour moi d’avoir cette fois-ci un rôle principal car ça n’avait pas été le cas jusqu’alors dans les comédies musicales auxquelles j’avais participé. Siddhartha L’Opéra Rock a été l’apogée de ma carrière de comédies musicales ; si je puis dire.

Quelques mois après la fin des représentations au Palais des Sports de Paris, nous étions confinés…Tes nouvelles chansons sont-elles nées durant cette période ?

Quand le COVID est arrivé, cela a été très difficile pour tout le monde, ça a été une période de remise en question forcée et de cette introspection sont nées de nouvelles chansons. Tout le monde a été confiné entre quatre murs et forcément, après avoir regardé bon nombre d’épisodes de séries sur Netflix, on s’est retrouvé un peu face à soi-même. Je me suis questionné sur la suite de ma carrière car je me suis régalé dans des comédies musicales mais à présent, j’ai envie d’évoluer en solo, de m’exprimer moi en tant que personne à part entière dans mes propres chansons. Avant « Je Me Demande », j’ai sorti plusieurs disques mais je ne suis pas allé plus loin alors que cette fois-ci, je suis prêt, j’ai à cœur de m’émanciper complètement dans cette carrière solo et c’est ce que je fais depuis un an et demi.

La pandémie qui est toujours d’actualité a-t-elle impacté directement les thématiques de ton nouvel EP ?

Oui, sur le morceau qui donne son nom à ce disque, je me questionne sur ce que sera le monde de demain et sur ce que nous sommes en train de traverser par rapport à cette pandémie.

De quoi parles-tu sur ce nouveau disque ?

Dans mes chansons, je parle toujours de sujets qui me tiennent à cœur ; ils sont représentatifs de mes valeurs humaines. Pour moi, cet EP est celui de la résilience et de la résignation. Dans ces nouvelles chansons, je parle de rupture amoureuse, d’écologie, de mes années parisiennes, de fun et je me questionne sur la société.

Musicalement, ce disque est-il dans la continuité de « Je Me Sens Vivant » paru en 2018 ?

Non, « Je Me Demande » n’est absolument pas dans la continuité de « Je Me Sens Vivant ». Pendant les confinements, il y a eu une remise en question totale, j’ai eu besoin de me « décomédiemusicaliser » ; ce mot n’existe pas, je l’ai inventé (rires) ; il a fallu passer par une transition, tout enlever ; couper les cheveux, ne plus chanter, presque faire du parlé-chanté, enlever la performance, le jeu d’acteur…enlever tous les effets liés à un personnage de comédie musicale. J’ai fait ce travail-là et ensuite, j’ai pu trouver mon essence véritable ; qui je suis moi en tant qu’artiste. Je ne peux donc pas dire que c’est une continuité car ça n’a rien à voir avec l’EP précédent. C’est un reset.

Tu chantes « Je Suis Un Chat », peux-tu nous en dire plus sur le sens de ce titre ? Qu’est-ce qui te rapprocherait de cet animal ?

J’aime les animaux et notamment les chats. J’ai co-écrit ce titre avec mon meilleur ami Mike Dean et il faut savoir que nous avons toujours eu une complicité au travers des chats. Nous avons eu nos gros délires, nous avons refait des expressions félines et même créer tout un petit langage. Nous sommes allés loin mais nous nous sommes bien éclatés et nous avons encore des fous rires aujourd’hui. Nous nous étions toujours dit qu’il faudrait faire une chanson sur les chats sans tomber dans la comptine pour enfants. C’est compliqué d’écrire sur ce sujet sans faire quelque chose de « cheap » ou de ringard. Ca a été un challenge et j’étais conscient que cette chanson allait être l’alien de ce disque mais qu’importe, je l’assume et je suis très content qu’elle soit sur l’EP. Pour moi, le chat évoque la liberté, le côté sauvage, l’esprit voyageur et aventurier, l’instant présent. Nous sommes souvent dans un flot de pensées qui nous pollue et nous parasite alors que le chat s’en fout de tout cela, il est juste là. Quelque part, c’est un exemple à suivre, c’est un peu un guide. Le chat représente tout ce que j’ai envie de faire évoluer complètement dans ma vie.

Vocalement, on pourrait presque croire que tu interprètes cette chanson en duo…mais avec toi-même. Ce titre a-t-il été une sorte d’expérimentation pour toi ?

Si l’on remonte plus loin dans mon parcours, quand j’ai participé à The Voice, j’ai chanté « Wuthering Heights » de Kate Bush, j’étais derrière un rideau, on ne voyait donc pas mon physique et les jurés se sont demandé si j’étais un homme ou une femme. J’ai la capacité vocale de chanter très grave mais aussi très aigu. Le challenge pour cette chanson était de taille ; je ne voulais pas chanter dans la performance mais je voulais utiliser cette voix-là. Même si l’on entend deux voix différentes qui pourraient s’apparenter à celles d'un homme et d'une femme, je l’assume sur cette chanson. Je trouve ça cool et fun. Par ailleurs, j’ai cette double sensibilité en moi ; celle d’un homme et celle d’une femme ; et c’est quelque chose que je suis en train de faire fusionner aujourd’hui d’une certaine façon. Ça fait partie de moi alors pourquoi devrais-je le mettre de côté.

Peux-tu nous parler de la mise en images de « Je Me Demande » notamment du fait que tu apparaisses dupliqué dans ce clip ?

C’est à la fois simple et complexe (rires). Tout d’abord, le clip de « Je Me Demande » a été réalisé par Thierry Vergnes qui est un ami qui a œuvré notamment pour La Légende du Roi Arthur et Céline Dion. Dans cette vidéo, il y a le côté technique et original de la chose car cette duplication été très peu faite. L’idée de Thierry était de remonter à l’époque du duo entre George Michael et Mary J.Blige sur le titre « As ». Quand Thierry nous a présenté cette idée, j’ai trouvé ça génial d’autant qu’au-delà de l’aspect technique, cela permet de mettre en avant les différentes facettes de ma personnalité qui sont représentées par les individus dans la société. Dans ce clip, à la fois, je me représente moi-même et tout le monde.

Afin de rester dans la lignée du titre de ton nouvel EP ; peux-tu nous dire quelles sont tes principales interrogations à l’heure actuelle ?

Mes principales interrogations se portent sur la Terre, notre planète, là où l’on vit. En tant qu’humain, mondialement parlant, je me dis que nous sommes un peu au pied du mur par rapport à cette transition écologique dont on entend assez parler et à ces changements qu’il faudrait vraiment que l’on fasse. « Antarctique » vient traduire cette interrogation. Ensuite, d’un point de vue personnel, je me pose des questions sur l’amour. Nous sommes tous en quête du grand amour, pour l’instant, je l’ai en amitié, en famille et en moi aussi mais je ne l’ai pas encore rencontré en amour et c’est quelque chose qui me tient à cœur. Ce sentiment-là est évoqué dans « Plus Les Mots ».

Pourquoi as-tu fait le choix de proposer deux versions différentes pour « Antarctique » ?

« Antarctique » et « Antarctique II » sont deux chansons différentes même si le texte est plus ou moins identique. Les atmosphères musicales sont complètement différentes tout comme l’interprétation. Dans ces deux versions, j’aborde ce thème-là avec un angle émotionnel complètement différent et c’est cela qui est intéressant. Ce n’était pas possible pour moi de n’en faire qu’une seule chanson.

Quels sont tes prochains projets ?

« Antarctique » va être mis en images et j’espère qu’il y aura très vite des concerts car on ne peut pas faire de la musique sans ; on ne peut pas sortir des disques et jamais les partager en vrai avec le public. Si je fais de la musique, c’est avant tout pour transmettre ce que je ressens ; mes vérités ; au public. C’est essentiel pour moi !