Retrouvailles avec Chico afin d’en apprendre plus sur l’album « Unidos » !

Pouvez-vous nous présenter Hasna avec qui vous et The Gypsies partagez l’affiche sur « Unidos » ?

Hasna est une chanteuse orientale, elle est marocaine, elle a fait toute sa carrière au Moyen-Orient.

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est né ce projet d’album commun ?

J’ai découvert cette chanteuse extraordinaire en 1993 et depuis, nous sommes devenus de grands amis. Nous avons partagé plein de scènes ensemble notamment au Sporting de Monaco, en Europe et au Moyen-Orient. Nous nous retrouvions au fil des demandes que nous avions et c’était toujours un plaisir de partager la scène ensemble. L’année passée, nous nous sommes retrouvés à Marrakech pour fêter un anniversaire chez des amis, nous avons fait une fête extraordinaire durant laquelle nous avons chanté et nous avons voulu la continuer en enregistrant un single en studio pour immortaliser cette nuit-là et finalement, nous sommes ressortis avec quatorze titres dont onze originaux. Ce moment a été magique.

Que mettriez-vous en avant chez Hasna ?

Sa générosité, sa bienveillante et cette voix qui nous envoûte. Pour moi, Hasna est la Princesse du désert. Quand on écoute sa voix qui fait rêver, on est dans une sorte de fantasme qui nous fait voyager dans tous ses horizons qui sont un peu mystérieux. Hasna a le côté magique de l’Orient.

Cette collaboration vous a-t-elle permis encore plus de métissage dans votre musique ?

Oui, complètement. J’ai fait plein de duos dans ma vie et j’adore cela mais là avec Hasna, nous avons été loin. En général, quand on fait un duo, c’est pour un titre ou deux alors que dans le cas présent, c’est un album entier sur lequel il n’y a pratiquement que des créations. Non seulement ce disque est un vrai travail mais c’est aussi un vrai bonheur et un plaisir d’avoir écrit, chanté et partagé cette musique. C’est aussi pour cela que cet album nous tient à cœur. C’est un coup de cœur que nous avons voulu partager avec le public.

La participation d’Hasna à cet album a-t-elle ouvert un certain dialogue dans vos chansons ? Est-ce que des réponses se font entre les interprètes ?

C’est tout à fait cela. Il y a un dialogue dans les chansons, celui d’un homme et d’une femme. Chacun raconte à sa manière le thème de la chanson. Chacun interprète à sa manière son vécu avec son ressenti, sa sensibilité, ses émotions et c’est cela qui est beau. Il y a une différence incroyable dans les sonorités mais en même temps, cela s’imbrique terriblement bien. Quand on écoute l’album, c’est une évidence, cela coule de source.

Quels sont les grands thèmes présents sur « Unidos » ?

L’amour en général, la famille, le vécu de chacun à des moments donnés…Hasna raconte ses joies et ses peines. Sur cet album, nous parlons des thèmes de la vie en général.

L’unité est-elle la valeur que vous voulez mettre à l’honneur avec cet album ? Cela vient-il de la période trouble que nous vivons tous depuis près de deux ans ?

C’est exactement cela, nous voulions mettre à l’honneur l’unité et l’union de deux cultures et de deux musiques. C’est la rencontre de l’Occident et l’Orient. Nous ne l’avons pas fait exprès mais nous sommes encore dans une période très compliquée à cause de ce COVID qui empoisonne la planète entière et nous avons eu envie de retrouver des sensations qui nous fassent un peu rêver, danser et qui emmènent un peu de joie dans la vie. Dans cette époque trouble, certains essaient de diviser alors que nous, nous avons eu à cœur de rassembler. Pendant 25 ans, j’ai été ambassadeur à l’UNESCO, cela renvoie à la tolérance, à la bienveillance, à l’amour, à la fraternité et tous ces thèmes-là sont dans l’album.

Votre musique laisserait entendre des propositions solaires mais finalement, les textes ne seraient-ils pas plus chargés émotionnellement parlant ?

C’est cela ! Dans la musique Gipsy, on peut chanter des rumbas, des chansons très rythmées mais si on écoute les paroles, c’est comme le Blues. Ce que vous entendez a l’air très gai alors que si vous comprenez les paroles, les chansons peuvent parler de tragédies mais comme elles sont interprétées de manière tellement solaire, pleine de vie et pleine d’émotion, la compréhension des mots est presque secondaire par rapport au ressenti que l’on a de l’émotion qui est dans la musique. Quand nous chantons au Japon, nos textes ne sont pas forcément compris mais au vue du ressenti du public, nous comprenons que cela dépasse la compréhension des paroles.

« Unidos » est-il voué à voyager bien plus loin qu’en France ?

C’est un album qui va voyager car nous l’avons toujours fait. A la base, quand nous créons des chansons, c’est pour les faire voyager et nous avons cette chance d’avoir une carrière internationale. Nous avons déjà été au Maroc qui est le pays d’Hasna et le mien aussi et nous y avons eu un accueil fabuleux. Tout le monde attendait Hasna et le fait de revenir avec nous et cette dimension internationale, c’était vraiment très motivant. Dans ce que nous faisons, habituellement, nous n’avons déjà pas de barrières sociales, ni d’âges ni de langages et là encore plus, je pense que nous sommes arrivés à un niveau supérieur avec Hasna.

Qui retrouve-t-on dans vos coups de cœur musicaux ?

Je peux tout aussi bien écouter Charles Aznavour que The Rolling Stones, j’adore également Sting. Je suis très éclectique, j’aime beaucoup les choses originales qui ont une âme. Récemment, j’ai retrouvé un enregistrement de Seiji Ozawa qui joue avec l’Orchestre de Boston et qui mêle musique classique et Blues.

« La relève » est-elle déjà là selon vous ?

Dans le monde Gitan, il y a un vivier de talents incroyables. Nous avons eu la chance d’avoir Kendji qui est un garçon gentil, beau, bon chanteur, qui a une carrière intéressante ; c’est un bel exemple et cela encourage les jeunes générations à montrer cet art, cette facette de la culture gipsy. Mon petit fils Pepino qui n’a que cinq ans vient de sortir son premier titre « Feliz Navidad » et c’est incroyable comment il arrive à toucher le cœur des auditeurs.

Quel projet musical qui vous tient à cœur n’auriez-vous pas encore réalisé ? Jouer avec un orchestre symphonique ; par exemple ?

Je l’ai déjà fait avec la tournée Night of the Proms qui mélangeait le classique et la Pop. Il y avait 80 musiciens et des artistes comme Zucchero, Natasha St-Pier, Chimène Badi…Nous y avons participé pendant plusieurs années et nous y avons vécu des moments extraordinaires. Ce que j’adorerais, ce serait des rencontres…pourquoi pas jouer avec les Rolling Stones ou Tina Turner ! Un jour où je jouais au Festival de Cannes, j’ai rencontré Mick Jagger et il m’a dit qu’il adorait ce que nous faisions. Chanter avec Hasna est déjà un rêve qui s’est réalisé. Pour moi, on ne partage pas une image ni la dimension d’un artiste mais sa sensibilité ; l’humain, c’est ça qui est important. J’ai eu un destin assez particulier et une vie incroyable. Je suis relativement comblé.