Rencontre avec Emma Doo au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Mama Don’t Cry » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis auteure, compositrice, interprète et c’est important pour moi aujourd’hui d’avoir la double casquette d’auteure-compositrice car je ne l’ai pas toujours eue. J’ai appris la composition plutôt tardivement dans mon parcours. Je suis également comédienne ; j’ai suivi une formation théâtrale à la base. Je suis Franco-américaine et je m’accompagne au piano et à la guitare mais uniquement pour mettre en forme mes morceaux.

Comment vois-tu ton évolution musicale depuis la parution de « Blacklisted » en 2013 ?

C’est un peu paradoxal mais dans ce premier travail, il me semble qu’il y a quelque chose qui est assez proche de ce que je suis aujourd’hui ou de ce vers quoi je tends. Sur ce premier disque, il y avait quelque chose d’un peu vintage que je suis en train de retrouver petit à petit. Par ailleurs, il y a quelque chose de très Pop d’ancré dans ma musique et c’est ce que je développe aussi.

En 2020, tu as sorti un EP intitulé « Paradox » et quelques mois après un titre baptisé « French Kiss », ce morceau est-il né durant ces mois au ralenti que nous avons tous subi et était-il l’expression de ton envie de légèreté durant cette période anxiogène ?

J’ai écrit ce titre avant la pandémie mais je l’ai retravaillé durant le premier confinement et la volonté de le sortir à ce moment-là était effectivement liée à ce besoin de légèreté. A la base, « French Kiss » était un petit défi que je m’étais lancé ; je voulais composer une chanson sucrée qui sorte un peu de ce que j’avais l’habitude de faire car je suis une artiste avec une empreinte un peu nostalgique. J’avais envie de me prouver à moi-même que je pouvais écrire quelque chose de fun tout simplement. Au sortir du confinement, je me suis dit que c’était le moment de dévoiler cette chanson car tout le monde n’en pouvait plus et personne n’avait envie d’entendre des artistes se plaindre de la situation.

Ton dernier titre en date « Mama Don’t Cry » t’-a-t-il permis d’exprimer des choses que tu n’avais pas dites de vive voix à la tienne ?

Oui, le fait d’avoir sorti ce morceau a permis d’ouvrir le dialogue. Nous commençons à avoir certaines discussions.

De quoi parles-tu plus en détail dans cette chanson ?

Il y a huit ans, j’ai vécu un drame familial, j’ai perdu mon frère ainé dans un accident de voiture. Nous nous sommes retrouvés pendant des années à souffrir en famille de manière très vive et profonde. De ce fait, les personnes sur lesquelles on peut s’appuyer dans un moment de deuil comme celui-ci ne sont plus disponibles car elles sont toutes dans le même état. J’ai souffert autant de ma propre douleur que de celle que je constatais chez les gens que me sont les plus chers. « Mama Don’t Cry » parle du fait de prendre la douleur des autres pour ne pas avoir à en être témoin ; de préférer pleurer pour les gens que l’on aime plutôt que de les voir souffrir.

« Mama Don’t Cry » est-il ton morceau le plus personnel ou abordes-tu toujours des choses intimes dans tes chansons ?

J’aborde toujours des choses intimes dans mes chansons à l’exception de « French Kiss » qui sort de ce côté nostalgique qu’il y a dans mes morceaux. Quoique même dans « French Kiss », je parle de désir et cela peut donc faire référence aux choses que l’on vit avec la personne que l’on aime. Dans mes chansons, je parle notamment de relations amoureuses ou familiales, d’estime de soi, de la lutte que l’on mène en tant qu’artiste…Je ne peux pas écrire sur un sujet si ce n’est quelque chose que je traverse.

Te verrais-tu adapter « Mama Don’t Cry » en français ou justement, l’anglais te permet-il de jeter un voile de pudeur sur tes textes ?

Non, il n’y a pas d’adaptation prévue. J’ai écrit en français la chanson « Croque Mon Âme » que l’on retrouve sur « Blacklisted » et « Paris » qui n’est pas encore sortie mais ce sont des exceptions car à vrai dire, l’anglais est la langue de ma mère et il est dit que les langues maternelles sont celles des émotions et je suis plus à l’aise de parler des miennes en anglais même si sur le papier, je maîtrise mieux le français que l’anglais.

Quel message faudrait-il retenir de ton nouveau titre ?

Je n’ai pas vraiment voulu faire passer un message à proprement parler si ce n’est éventuellement que le temps panse les plaies et c’est la seule chose qui me faisait tenir à ce moment-là, je me disais qu’à un moment, j’allais bien voir le bout du tunnel.

Si tu devais penser à une mise en images de « Mama Don’t Cry », comment la souhaiterais-tu ?

J’ai parlé avec deux réalisateurs d’un éventuel clip de « Mama Don’t Cry » et les avis ont été assez unanimes. Comme ce titre est très parlant et très imagé, sa mise en images serait plutôt cinématographique. Ce qui est dit dans le texte de « Mama Don’t Cry » serait vu dans les images ; je pense notamment au moment où ma mère est silencieuse devant une fenêtre pendant que nous sommes attablés et que le repas est en train de refroidir. Si ce clip devait se réaliser, je pense qu’il serait comme un petit film.

Qui retrouve-t-on dans tes influences musicales ?

Amy Winehouse, Jessie Ware, Julia Michaels…Même si on ne l’entend pas forcément dans ma musique, j’ai été influencée par des divas comme Whitney Houston, Mariah Carey, Aretha Franklin…

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais participer à un live virtuel, ce sera un concert streamé de dix minutes pour le Springboard Midwest dans l’Ohio qui se déroulera du 23 au 25 septembre. Je vais repartir en création, je vais m’enfermer dans mon studio et écrire de nouvelles chansons. Il est possible qu’un ou deux titres partent en production. Il se pourrait que des collaborations voient le jour car j’ai pas mal de potes à Paris et même à l’étranger. Même si le live n’est pas prévu pour tout de suite, je pense faire une résidence avec mes musiciens cet hiver afin de commencer à mettre le spectacle en route. Pour le moment, je n’envisage pas d’album mais des singles afin de délayer plus dans la durée. Dans mes projets, il y a aussi le fait de reprendre peut-être le théâtre…