Rencontre avec Yan Calon au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier EP !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteur, compositeur et interprète. Je compose principalement au piano. Dans mes chansons, on retrouve parfois des choses assez visuelles car l’image est également importante dans ma vie.
T’es-tu très tôt dirigé vers la musique ?
Je suis arrivé plutôt sur le tard dans la musique qui était une sorte de fantasme d’adolescent. J’avais une guitare dans un coin de ma chambre à une époque où Internet n’était pas encore assez développé pour se former tout seul. J’ai cassé cette guitare en faisant le zouave et cet univers a disparu durant quelques années. Ce n’est que lorsque j’ai quitté la campagne où j’ai grandi et que je suis venu vivre à Paris dans ma vingtaine que j’ai commencé à faire de la musique un peu plus sérieusement.
Quelle a été l’impulsion pour dévoiler ton premier EP éponyme qui est actuellement défendu par « Dear Lawrence » ?
J’ai d’abord écrit pas mal de morceaux en anglais avant de commencer à écrire en français et finalement, c’est vraiment la rencontre avec Emmanuel EMO qui a fait que ces morceaux que je composais plutôt au piano avec des rythmiques acoustiques ont pris d’un seul coup une autre envergure. J’ai trouvé cela suffisamment fort et convainquant pour faire éclore ce projet. C’est notre appréciation mutuelle avec Emmanuel qui a fait naître et se développer les morceaux de cet EP.
Qui est ce Lawrence a qui tu t’adresses dans ce titre ?
C’est à la fois quelqu’un qui existe et la personnification d’un lieu où j’ai vécu. Est-ce qu’on laisse les gens rêver sur la poétique de la chanson ? C’est toujours la problématique…Lawrence était l’Irlandais fêtard qui partageait ma chambre dans un kibboutz en Israël. A cette époque-là, j’avais 19 ans et ça a été un moment très fondateur dans ma vie. Lawrence qui avait une personnalité très forte et très joyeuse est une figure très importante pour moi.
Que retrouve-ton dans ton écriture ?
C’est certain qu’il y a une dimension autobiographique ; chaque chanson est inspirée d’un moment de ma vie, d’une relation ou d’un lieu et c’est même souvent une relation avec un lieu, un télescopage de ces deux choses. Cette écriture est assez poétique, on y retrouve des images et des figures. Il y a un vrai travail de ciselage sur l’écriture afin qu’une sensation ou une impression assez forte d’un moment d’éblouissement ou d’observation émerge des mots. Je suis un littéraire, j’ai lu beaucoup de littérature et de poésie et pour moi, la chanson ne s’arrête pas à ce que j’ai écouté en termes musicaux.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Onirique et ironique, intimiste, torturé parfois, mélancolique mais pas plombant. Il y a quelque chose de très physique dans cet univers car j’ai l’impression que dans mes chansons, on retrouve souvent des éléments comme l’eau, la lumière, la nature…Quelque chose d’assez sensoriel.
Quels thèmes abordes-tu sur ton EP ?
Quand j’ai commencé à écrire, je m’étais dit surtout pas des chansons d’amour et avec le recul, je me rends compte que la moitié de mes morceaux parlent quand même de relations amoureuses souvent un petit peu compliquées. J’ai essayé de trouver d’autres biais que ceux plus classiques pour en parler. Comme je le disais plus tôt, je suis souvent imprégné par un lieu, un voyage, une ville qui va croiser une histoire intime comme lorsque l’on se balade dans Paris et que l’on passe devant un café qui nous rappelle un baiser ou une engueulade. « Dear Lawrence » parle d’un monde un peu à part où régnait une certaine insouciance. « Violence » est une thématique très forte sur ce que l’on hérite et que l’on véhicule de colère et de violence en soi. Les autres morceaux de l’EP tournent plus autour de la relation amoureuse et de la sensualité.
Comment as-tu voulu ce disque d’un point de vue musical ?
J’aimais bien l’idée qu’il n’y ait pas d’instruments acoustiques même si j’apprécie cela car ce qui me plaît musicalement en ce moment, c’est la musique électronique même instrumentale, la musique minimaliste avec des ambiances et des nappes. Je voulais trouver un juste milieu entre quelque chose qui serait hérité d’une certaine nouvelle scène Française et des sons Electro, des synthés, des rythmiques hérités de tous les courants électroniques. J’ai cherché le télescopage d’une certaine tradition Française dans l’écriture avec une modernité ou un côté contemporain dans les arrangements. J’avais à cœur de surprendre afin de renouveler l’écoute.
Que mettrais-tu en avant chez Emmanuel EMO qui a arrangé et produit ton EP ?
Il y a une connivence humaine entre nous. Nous ne discutons pas que de musique car nous sommes tous les deux très intéressés par la littérature et le cinéma notamment. Emmanuel a plein d’idées, c’est quelqu’un de très positif qui a beaucoup d’énergie. Il a une vraie direction artistique et quand on travaille avec lui, c’est très appréciable car il sait guider même au niveau de l’interprétation. Il ne fait pas que produire. Il propose des choses. En tant que producteur, il a une vraie expérience d’un ensemble de sons et de machines et cela donne une patte très personnelle et très particulière à ses productions. Dès que j’ai entendu ses morceaux à lui, je les ai tout de suite appréciés et j’ai été capté par son univers.
De quels artistes musicaux t’es-tu nourri au fil des années ?
Je suis parcouru de plein de musiques. Je suis une espèce de radio vivante et pour tout dire, quand les gens parlent, j’ai des chansons qui me viennent sur des bouts de phrases. Pour citer quelques artistes Français : Gainsbourg, Bashung, Florent Marchet, Arman Méliès, Flavien Berger…En ce qui concerne la musique Anglo-Saxonne, j’aime bien le songwriting d’un artiste comme Bonnie Prince Billy et l’interprétation de quelqu’un comme Damon Albarn. Dans l’Electro, j’aime bien notamment LCD Soundsystem.
Quels sont tes prochains projets ?
Un second clip sortira à la rentrée. Des morceaux live ont été filmés et ils seront présentés prochainement sur ma chaîne Youtube ; il y aura des titres personnels et des covers afin de montrer d’autres influences. Il y a beaucoup de morceaux en gestation et j’ai en tête un concept album avec toute une histoire…Ca m’intéresserait de le frotter à cette idée-là !
Tu n’envisages pas de donner un concert à proprement parler ?
L’idée du concert scène-public pourquoi pas mais je dois avouer que j’aimerais réfléchir à une forme un peu différente ; quelque chose d’assez intimiste avec de l’image, une proximité avec le public et peut-être une répartition du son dans l’espace. Je pense que ma musique possède un côté assez intimiste et je trouverais ça intéressant que ça se manifeste d’une certaine façon dans la manière de la jouer sur scène.