Rencontre avec Vanessa Philippe au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Suivre Le Soleil » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis auteure-compositrice, interprète, danseuse et vidéaste. Auteure avant tout, je me suis mise à composer à un moment où je n’avais plus de compositeur. J’ai pris ma guitare, j’ai improvisé des accords et des mélodies, pour essayer. Ce que j’ai fait m’a plu parce que ça me correspondait. C’est à ce moment là que je me suis mise à faire des chansons aussi en anglais. C'est à la même période que je me suis mise à la vidéo pour me réapproprier mes chansons. Pour mon troisième album, après l’enregistrement en studio, j’avais l'impression que mes chansons m’avaient échappé et l’image est devenue une nécessité pour moi. Comme je suis aussi danseuse et chorégraphe de formation, le mouvement est une prolongation naturelle de mes chansons, comme une seconde lecture par le langage du corps. En commençant auteure, j’ai donc appris à faire beaucoup de choses par moi-même au fur et à mesure et franchement j’adore ça !
As-tu très tôt imaginé ton avenir dans la musique ?
Vraiment pas du tout. J’ai toujours voulu être danseuse et écrivaine au départ. Il n’y avait pas d’école d’écrivain en soi, alors j’écrivais pour moi. J’ai fait des études de communication et des écoles professionnelles de danse. C’est la rencontre avec le compositeur de mes deux premiers albums qui m’a amené à la chanson. Il cherchait des textes, et je lui ai proposé ceux que j’avais dans mes tiroirs. Il les a trouvés si personnels qu’il m’a dit « C’est toi qui va les chanter ». Au début j’ai refusé, je ne m’imaginais pas du tout chanteuse ; je n’y connaissais rien, et je ne jouais pas de musique même si depuis mon enfance j’aurais adoré apprendre le piano. Il m’a très vite convaincue et il avait raison, c’était une évidence...
Comment vois-tu ton évolution musicale depuis « La Dérive » ?
Ma personnalité se reflétait dans mes textes et j’ai eu la chance d’avoir ce compositeur qui voulait que mes chansons me correspondent dès le départ. On a pris le temps de trouver ce qui m’allait le mieux. Aujourd’hui je continue ma recherche et j’essaye toujours de me rapprocher de ce que je suis. Il me semble, j'espère, que mes chansons me ressemblent de plus en plus. Au fil du temps, je me découvre. Professionnellement parlant, j’ai tellement appris et j’apprends encore. Au début chanter mes propres textes devant des gens me terrifiait mais en même temps j’ai tout de suite adoré. Faire beaucoup de choses soi-même, comme la musique, les clips, s’approprier ses propres chansons, les défendre sur scène ensuite, tout cela m’a permis de prendre confiance et de m’affirmer de plus en plus. Je dirais donc qu’entre le premier album sur lequel il y a eu du tâtonnement et maintenant, ma musique est devenue plus « volontaire ».
Quelles ont tes envies musicales pour « Suivre Le Soleil » ?
Pour la mise en musique de « Suivre Le Soleil », je voulais quelque chose de très positif. J’ai vécu un terrible drame en août 2019 ; j’ai perdu ma grande sœur ; et j’étais déjà en train d’écrire les chansons de ce nouvel album à paraître. Les textes ont alors pris une autre tournure. Au départ, j’ai écrit des choses assez mélancoliques en essayant d’éviter le premier degré, ce qui est assez difficile après un tel choc. Quand Pascal Parisot qui avait réalisé mon précédent album, m’a proposé de lui envoyer mes démos, je lui ai précisé que je ne voulais pas que les arrangements de ces nouvelles chansons soient tristes. Je voulais développer un peu ce qu’il avait fait sur ma reprise de Françoise Hardy « Frag Den Abendwind » sortie en novembre 2019. J’avais déjà essayé de contraster la mélancolie des textes dans mes démos avec des rythmes différents, des contretemps, je voulais des chansons dynamiques malgré tout. Pour « Suivre Le Soleil », le contraste s’imposait ; parler de choses graves sans que ce soit plomblant. Je voulais que cette chanson soit joyeuse et colorée autant musicalement que visuellement, qu’elle donne envie de se lever, de danser.
De quoi parle ton nouveau titre ?
« Suivre Le Soleil » parle des lendemains, comment se relever de certaines choses. Ce titre évoque le deuil, l’absence, d’un point de vue positif. Quand un être cher disparaît, la vie n’est plus la même mais elle continue pourtant…C’est horrible, inimaginable et même carrément invivable quand on est sous le choc. Puis chaque jour on se lève, on regarde le soleil, les souvenirs, on retrouve le sourire… et c’est le message de cette chanson. Finalement ceux qui ont disparu sont toujours là… Quand je chante « je ne serai plus seule, je brillerai sous le ciel, je brillerai dans les étoiles », est-ce que c’est moi qui parle ou ma sœur…Il y a un « je » qui se confond…
« Suivre Le Soleil » est-il représentatif de ton prochain disque ?
A la fois oui et non car si cet album reflète ce dont je viens de parler au niveau des textes ; il y a beaucoup de chansons sur ce disque dont on ne sait pas si l’utilisation du « je » est pour ma sœur ou pour moi comme si j’avais voulu parler aussi un peu pour elle ; d’un point de vue musical, je pense qu’il y a quelques surprises sur cet album par rapport à ceux que j’ai fait précédemment.
Peux-tu nous parler de la mise en images de ton nouveau titre ?
J’aime bien le second degré, l’humour décalé et les clowns tristes. Je crée toujours mes clips dans l’improvisation, avec une idée de départ mais où tout est encore possible. Dans ces images, il y a un poisson rouge qui symbolise la joie de vivre, mais rien n’a été prémédité. Souvent j’utilise ce que je trouve sur place. Là j’avais envie d’un poisson rouge en plastique pour les photos de l’album avec Elisa Paci, il est revenu dans les clips. J’ai réutilisé aussi le magnifique fauteuil que l’on retrouve sur les photos de la pochette du single. Je voulais absolument faire des images sur ce fauteuil, jaune comme le soleil. Et puis j’avais trouvé quelques temps auparavant une fausse télévision qui représente le souvenir, sans imaginer encore son rôle. Le mouvement c’est l’expression de l’absence, la disparition… Mais je ne réfléchis pas trop, je tourne et c’est au montage que l’histoire se crée, que tout devient évident.
Que mettrais-tu en avant dans ton univers ?
Je suis partie d’un univers très mélancolique, métaphorique. Je le dirai aujourd’hui plutôt surréaliste.
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
J’ai beaucoup écouté Gainsbourg, Keren Ann surtout à ses débuts, Prince, Madonna dont j’ai été fan pendant très longtemps, The Velvet Underground, Bob Dylan, Joan Baez, Niagara, Les Rita Mitsouko, The Beatles, Lenny Kravitz, The Cranberries, Erykah Badu, Neneh Cherry, Morcheeba, Billie Eilish…Je suis très éclectique dans mes goûts musicaux.
Pour reprendre le titre de ton nouveau single, jusqu’où suivrais-tu le soleil ?
Jusqu’à l’infini !
Que symbolise le soleil pour toi ?
La lumière, la chaleur, des bras qui enlacent, une sorte de bulle. Quand rien ne va et que le soleil est là, ça me rassure. Il peut y avoir du vent, de la pluie, de la tempête, le soleil revient toujours. Il me renvoie également aux souvenirs, à mon enfance en Afrique avec ma sœur, notre adolescence à Marseille.
Quels sont tes prochains projets ?
Concernant les clips, j’ai réalisé une trilogie avec le poisson rouge pour annoncer la sortie de l’album prévue d’ici la fin de l’année. J’aimerais bien présenter des sessions acoustiques mais pour l’instant, je me concentre surtout sur les clips. J’espère pouvoir défendre cet album sur scène en 2022.
Suivre le soleil - Vanessa Philippe (Clip Officiel)
Nouveau single "Suivre le soleil", premier extrait d'un prochain album.Paroles et musique : Vanessa PhilippeArrangements, réalisation : Pascal ParisotMixage ...